La prostitution en France au XIXe siècle impressionne d'abord par ses quantités, mais surtout par son caractère multiforme : le terme de « fille de joie » recouvre bien des réalités et il est difficile de donner une définition précise du rôle de celle-ci. Si la fille enfermée dans la maison close paraît rentrer sans aucun doute dans cette catégorie, la femme entretenue, la maîtresse d'un riche bourgeois ne s'y laissent pas enfermer aussi facilement.
Ce qui ressort des nombreuses sources disponibles, apanage des hommes bien souvent et non des principales intéressées, c'est que les prostituées forment « un peuple à part » d'après Parent-Dûchatelet, un peuple qui effraie, qui fascine, qui nourrit fantasmes et imaginaires. Émile Zola dit de son personnage Nana : « Vous serez content de la façon paternelle et bourgeoise dont je vais peindre les bonnes « filles de joie». En fait de joie, l'actrice, Nana, dévore les hommes, croque les héritages et plonge les familles dans le désespoir. »
Pour nombre d'idéologues au XIXe siècle la prostitution est un mal nécessaire : les filles de joie, bien que marginalisées ont un rôle à jouer.
[...] Comme le craignait Parent-Duchâtelet les filles [ ] rentrent dans le monde ( ) elles nous entourent. Elles pénètrent nos maisons, nos intérieurs Qui sont ces créatures qui nécessitent une telle surveillance? II/ La fille de joie : entre réalité et représentation Les statistiques, difficiles à établir montrent une augmentation du nombre de prostituées: à Paris selon Maxime Du Camp en 1872 ou encore en 1889 d'après le docteur Reuss, alors que ce chiffre était estimé à en 1830. Qui est la fille de joie? [...]
[...] Vers le début du XXe siècle néanmoins s'opèrent de profonds changements : en 1904 on décide de créer un dispensaire vénéréologique gratuit à Saint-Lazare, qui est fréquenté de plus en plus par les filles. Les règles d'hygiène se sont transmises aux filles et permettent une baisse de la diffusion de la maladie. Cette humanisation du traitement médical s'apparente à une série de mesures prises par les néo-règlementaristes dont Yves Guyot qui écrit La Prostitution en 1882. Il s'agit en fait de légaliser la répression comme le souligne Alain Corbin, dans l'espoir d'empêcher l'arbitraire policier et règlementaire. [...]
[...] Les chambres à thème comme la chambre japonaise ou la chambre à la grotte »sont un appel à l'exotisme. Enfin les maîtresses proposent de nombreux outils de torture ou encore déguisent certaines de leurs pensionnaires en petites filles ou écolières. Cabarets, avenues et maisons de Rendez-vous Les maisons plus modestes se reconvertissent en maison de rendez-vous ou encore en maison de tolérance à personnel externe comme on les qualifie à Roubaix. Ces maisons sont ouvertes l'après-midi, les filles y sont habillées décemment : elles sont destinées à la petite et moyenne bourgeoisie, classes parmi lesquelles elles recrutent parfois également. [...]
[...] La Grande Guerre marquera un renouveau de la prostitution, néanmoins celle-ci est ensuite de moins en moins acceptée comme un mal nécessaire Le néo-règlementarisme triomphe, accédant au passage aux requêtes des abolitionnistes en 1946 avec la loi Marthe- Richard, du nom d'une ancienne prostituée qui abolit la prostitution réglementée en France. [...]
[...] A cela s'ajoutent les frais prélevés sur les bénéfices des filles, pour le logement, la nourriture ou encore les examens médicaux. De la maison de haute tolérance à 20 francs la passe, décorée luxueusement et contenant de nombreux salons, à l'estaminet ouvert sur la rue où les filles se donnent pour 3 francs ou moins, la prostitution s'adapte aux clients. Surveiller la prostitution : Le système tolère également les filles à carte, qui peuvent exercer indépendamment : elles doivent être enregistrées auprès de la préfecture de leur propre initiative ou bien de force après plusieurs arrestations par la police en général). [...]
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