L'image du catholicisme et du protestantisme du dix-neuvième et du vingtième siècle est
souvent une image féminine, la religion devenant l'affaire des mères, des filles, des soeurs. A
contrario, l'homme est considéré comme anticlérical, acquis aux idées des Lumières, détaché de la
religion. A ces deux images s'ajoute celle de la femme opprimée par la religion, manipulée par un
clergé fourbe et avide de pouvoir. Or il apparaît que dans le grand mouvement d'émancipation de
la femme, la religion a joué un très grand rôle en permettant à la femme, grâce aux congrégations
et aux organisations religieuses de se faire valoir en elle-même, dans une société civile qui ne
reconnaît pas l'indépendance féminine avant 1938. Nous montrerons ce que la religion a apporté
aux filles et aux femmes au niveau de l'enseignement et de l'élaboration d'un « féminisme
chrétien », nous mettrons en valeur l'apport pour la société de l'élan de ferveur féminine de cette
époque. Il sera difficile de ne pas réduire la vie religieuse à la vie catholique et de na pas minimiser
le rôle des protestantes, étant donné la grande supériorité numérique des catholiques en France et
le manque d'informations concernant les communautés juives et orthodoxes de France. Il sera aussi difficile même au sein des catholiques de ne pas assimiler le rôle des simples fidèles à celui
des fondatrices de congrégations et d'oeuvres religieuses. Nous analyserons en premier lieu
comment naît le grand élan de ferveur religieuse qui se traduit par une formidable floraison de
congrégations, puis comment à partir de 1880 sous la pression de la Troisième République laïque,
ce mouvement se laïcise et s'amplifie donnant aux femmes un début de présence politique ; et
enfin comment ce mouvement tend à s'essouffler à la fin des années 1930, la Révolution nationale étant une perversion des acquis féminins, et la Résistance féminine étant un des prolongements de cet élan vieux de plus d'un siècle.
[...] A ces deux images s'ajoute celle de la femme opprimée par la religion, manipulée par un clergé fourbe et avide de pouvoir. Or il apparaît que dans le grand mouvement d'émancipation de la femme, la religion a joué un très grand rôle en permettant à la femme, grâce aux congrégations et aux organisations religieuses de se faire valoir en elle-même, dans une société civile qui ne reconnaît pas l'indépendance féminine avant 1938. Nous montrerons ce que la religion a apporté aux filles et aux femmes au niveau de l'enseignement et de l'élaboration d'un féminisme chrétien nous mettrons en valeur l'apport pour la société de l'élan de ferveur féminine de cette époque. [...]
[...] Les pascalisants sont de moins en moins nombreux. Ceci touche surtout les hommes qui désertent de plus en plus les églises si bien qu'en 1789, à Thionville, un prêtre dans son rapport à l'évêché s'exclamait : il n'y avait que les femmes qui allaient à confesse et encore pas toutes Tout au long du dix-neuvième siècle, cette tendance va perdurer : en 1866, le vicaire général de Chauliac dans l'Hérault déclare qu'alors que toutes les femmes ou presque font leurs Pâques, la moitié des hommes seulement sont pascalisants. [...]
[...] En 1905, Léonie Chaptal ouvre une école d'infirmières à domicile en réponse aux mesures qui frappent les sœurs hospitalières. En 1911, Andrée Butillard crée l'école normale sociale qui forme au métier d'assistante sociale. Les marginaux les petits migrants (auvergnats et savoyards) sont pris en charge par des nouvelles associations de laïques. Les patronages de jeunes filles, sur le modèle de celui que Sœur Rosalie avait ouvert en 1851, vont prendre une très grande importance dans les milieux ouvriers ; ils proposent du sport, de la musique, du théâtre . [...]
[...] Marie est aussi présente au quotidien : vers 1880, dans les filatures de la vallée du Rhône, il est courant que le rosaire soit récité chaque jour par les ouvrières. Les apparitions de la Vierge (à Catherine Labouré en 1830, aux deux bergers de La Salette, en 1846 et surtout à Bernadette Soubirous à Lourdes, en 1858) donnent lieu à des pèlerinages qui réapparaissent à cette époque en grand nombre. Les médailles miraculeuses se diffusent rapidement en raison des épidémies de choléra et les cantiques à la Vierge sont chantés aux offices (surtout l'Ave Maria de Lourdes, 1872). En 1873, les Assomptionnistes créent le pèlerinage national à Lourdes. [...]
[...] Ces religieuses ne disparaissent pas mais leur nombre stagne et elles perdent leur influence auprès du haut clergé. Cette transformation du clergé féminin naît de la conjugaison de deux influences. D'une part les sœurs sont héritières des Filles de la Charité fondées par saint Vincent de Paul en 1633 qui existent toujours au dix-neuvième siècle et qui connaissent un formidable regain d'activité ; d'autre part, dispersées à la Révolution, les religieuses ont cherché à survivre et, à la première accalmie, elles ont voulu reprendre la vie commune en privilégiant alors le service aux malades et l'enseignement, où les besoins étaient immenses. [...]
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