« Une citoyenne sans les droits à la citoyenneté », voilà comment la poétesse britannique Elizabeth Sheridan définit la femme du XIXe siècle. Elle montre ainsi le paradoxe de cette époque : les femmes, qui ont participé aux évènements révolutionnaires, n'ont pas obtenu les droits politiques qu'elles avaient pourtant légitimement mérités pour de telles actions.
La femme reste donc au XIXe siècle soumise à la supériorité consacrée de l'homme et exclue de l'espace public avec, comme signe symbolique très fort, l'exclusion totale du droit de vote. La femme est donc qualifiée par la brochure Femmes électeurs et éligibles de « nouveau prolétariat » suite à l'annonce par le gouvernement provisoire de l'universalité du droit de vote le 2 mars 1848 et de l'affirmation « il n'y a plus de prolétariat ».
Dans quelle mesure, donc, la femme est-elle « une citoyenne sans la citoyenneté » dans la seconde moitié du XIXe siècle ?
[...] Dans quelle mesure, donc, la femme est-elle une citoyenne sans la citoyenneté dans le second XIXe siècle ? Nous verrons tout d'abord que la femme est exclue de l'espace public en 1850, que celui-ci lui est rendu accessible par les transformations sociales du XIXe siècle et qu'il deviendra le lieu de la lutte pour l'obtention des droits politiques. L'origine des discriminations a pour origine des représentations symboliques et culturelles particulières. Ainsi, le monde ouvrier était perçu comme une classe sociale dangereuse ce qui justifiait sa marginalisation dans la société, les esclaves comme inférieurs ce qui assurait leur servitude. [...]
[...] La conséquence directe de l'urbanisation est une concentration industrielle très forte pour des raisons de commodités. En effet, il est plus aisé d'être logé à proximité de son lieu de travail. Ainsi, se développent des villes ouvrières, minières comme Liévin dont la population est multipliée par 20 ans 50 ans, textiles avec l'agglomération Roubaix- Tourcoing, industrielles comme le Creusot ou encore portuaires comme Liverpool. Ces mutations sociales affectent durablement les femmes. En effet, ce changement brutal bouleverse totalement les structures mentales des femmes et modifie leurs comportements. [...]
[...] Les femmes sont, dans le second XIXe siècle, citoyennes dans leurs actions mais non dans leur état. C'était également le cas dans le premier XIXe siècle mais cela ne se manifestait qu'à travers quelques événements sporadiques. Les droits politiques des femmes n'ont donc pas beaucoup augmenté, mais leur statut lui, a beaucoup changé. La Grande Guerre permettra d'une part de confirmer ce mouvement et d'autre part, d'amplifier ses effets en donnant à la femme une réelle importance dans la société préfigurant ainsi l'obtention du droit de vote entre la fin de la guerre et le milieu du XXe siècle. [...]
[...] Une partie du monde libéral y est aussi opposé. Malgré la progressive émergence des femmes dans la sphère publique, la représentation traditionnelle reste toujours très forte dans l'opinion. L'émancipation concerne seulement une élite ultra minoritaire. Alors que les pionnières pensaient que la culture pouvait l'emporter sur la nature, celle-ci semble finalement l'avoir emporté comme le montrent les poèmes du Britannique Ruskin qui loue les qualités féminines de douceur, d'affections, de gentillesse, atouts incompatibles avec les métiers politiques et publics. En revanche, les évolutions dans l'émancipation des femmes dépendent de la culture spécifique de chaque pays. [...]
[...] L'intervention du député Chaumette à l'Assemblée, le 27 Brumaire an II devant un groupe de femmes coiffées du bonnet rouge en est une bonne illustration Femmes impudentes qui voulez devenir des hommes, au nom de cette même nature, restez ce que vous êtes et loin de nous envier les périls d'une vie orageuse, contentez-vous de nous les faire oublier au sein de nos familles La raison profonde de ce brusque retournement est peut-être la peur suscitée par l'action des femmes pendant tous les actes révolutionnaires du premier XIXe siècle. La femme est donc exclue de la sphère publique après 1848. De plus, l'émergence des femmes dans les actions politiques était due aux mouvements insurrectionnels et nationaux. Ainsi, l'intervention de l'Europe du Congrès de Vienne, qui réprime violemment toutes les formes de rébellion et réinstaure l'ordre traditionnel, met un coup d'arrêt au processus d'émancipation des femmes. Les mouvements féministes profitent largement des effets de la seconde Révolution industrielle et des transformations sociales qui ouvrent progressivement l'espace public aux femmes. [...]
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