Relativement à la conception des rapports entre les deux sexes, la société pré-révolutionnaire est caractérisée par la persistance de mythes en son sein, puisés dans la tradition religieuse, qui tendent à justifier la différenciation entre hommes et femmes. L'image de la femme reste influencée par la représentation qu'en fait la Genèse : elle a été créée à partir de l'homme. Elle lui doit respect et soumission. Elle incarne également la tentation du péché. C'est la femme fatale, vicieuse, mais aussi fragile et faible, car trop sentimentale. Littérature, philosophie et médecine se croisent et s'accordent sur une approche naturaliste de la conception des rapports et des statuts humains. On s'applique à prouver l'infériorité tant physique que morale de la femme, « sexe faible », par rapport à l'homme. Au niveau social, celle-ci est cantonnée à l'activité domestique – c'est elle qui est en charge du foyer – tandis que l'homme peut s'adonner à une activité politique. Les paroles de Madame Roland illustrent bien la condition féminine de l'époque : «En vérité, je suis bien ennuyée d'être une femme(...) Mon esprit et mon cœur trouvent de toute part les entraves de l'opinion, les fers des préjugés, et toute ma force s'épuise à secouer vainement mes chaînes » (Mémoires de Madame Roland ). La Révolution française, événement-clé de l'histoire du pays qui marque une rupture en supprimant l'Ancien Régime et en donnant voix aux luttes contre l'injustice, donne lieu à l'élaboration de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Elle se présente donc comme une opportunité de sortir de l'ombre pour les femmes, qui ne sont pas reconnues comme des individus à part entière. La redéfinition des rapports entre les deux sexes est également en jeu. La condition des femmes, mais aussi leur insertion dans l'exercice de la souveraineté, leur accession aux mêmes droits que les hommes, mais aussi l'égalité sont autant de défis intrinsèques à la Révolution française. Au cours de cette période, les femmes mènent leur combat sur cette pluralité de fronts et il importe de savoir par quels moyens elles s'y adonnent. Un paradoxe apparaît cependant à l'issu de la Révolution du fait que la proclamation d'un droit naturel qui se veut universaliste exclue la moitié de l'humanité de son bienfait. L'avancée des femmes dans leur apprentissage de la citoyenneté est en effet contrecarrée par un déni de leur insertion dans la cité, qui s'affirme à partir de 1793. C'est pourquoi nombreux historiens, et notamment les historiennes de la Gender History, ont une vision négative de la Révolution. C'est pourquoi Joan B. Landes écrit : « La République a été construite contre les femmes et pas seulement sans elles. »
Ce double aspect de l'action des femmes pendant la Révolution française amène à s'interroger sur les façons multiples dont elles luttèrent pour leurs droits, sur la place qu'elles occupèrent dans les événements majeurs de cette période, et sur l'impact qu'elles eurent sur la société toute entière, malgré la négation de leur action et l'échec qu'on prête à leur combat : « Il faut donc, une bonne fois, prendre la mesure de leur présence, de leur activité (…) il faut chercher quels rapports elles entretiennent avec le politique dans ces moments privilégiés », comme le préconise Yvonne Knibiehler, professeur à l'Université de Provence.
[...] L'action des femmes pendant la Révolution française n'est donc pas complètement vaine, les bouleversements d'ordre social qu'elles ont réussi à concrétiser étant considérables. Ainsi, les femmes de la Révolution française ont pris part à la lutte collective contre l'injustice tout en revendiquant leur appartenance au peuple souverain, en vue d'une reconnaissance de leur citoyenneté. Par la pluralité de leurs modes d'action et par leur participation aux soulèvements contestataires de cette période, des tribunes aux files d'attente, de la rue aux armées, de la presse aux salons, elles ont inscrit leur combat dans l'histoire du pays ainsi que dans la leur. [...]
[...] Les femmes prennent la parole la barre de l'Assemblée. Bien que les femmes n'ont pas accès à la délibération qui s'exerce dans les grands clubs comme ceux des Jacobins ou des Cordeliers, certaines révolutionnaires contournent l'interdit en prenant place dans leurs tribunes afin de rapporter ce qui se dit dans leur propre section. En province, les femmes sont aussi actives. Dans l'idée de propager l'esprit révolutionnaire, les Amies de la Constitution de Dijon prennent l'initiative de s'adresser aux dames patriotes des 83 départements pour les inviter à adhérer à ces sentiments Les tribunes des assemblées constituent un lieu d'expression de leur apprentissage de la citoyenneté. [...]
[...] Un paradoxe apparaît cependant à l'issu de la Révolution du fait que la proclamation d'un droit naturel qui se veut universaliste exclue la moitié de l'humanité de son bienfait. L'avancée des femmes dans leur apprentissage de la citoyenneté est en effet contrecarrée par un déni de leur insertion dans la cité, qui s'affirme à partir de 1793. C'est pourquoi nombreux historiens, et notamment les historiennes de la Gender History, ont une vision négative de la Révolution. C'est pourquoi Joan B. [...]
[...] Des voix d'hommes s'élèvent contre elles. Et, plus que cela, elles sont considérées comme une menace. Dès le 19 avril, c'est Carnot qui les accuse : Un fléau terrible détruit nos armées; c'est le troupeau de femmes et de filles qui sont à leur suite ( . ) Les Girondins, ennemis des Montagnards, sont particulièrement virulents. Le vocabulaire employé par Gorsas dans son Courrier des quatrevingt trois départements en témoigne. Il y évoque : l'organe des furies brandissant étendard de la licence Ce sont des monstres femelles qui ont toute la cruauté de la faiblesse et tous les vices de leur sexe renchérit Buzot. [...]
[...] Elle incarne également la tentation du péché. C'est la femme fatale, vicieuse, mais aussi fragile et faible, car trop sentimentale. Littérature, philosophie et médecine se croisent et s'accordent sur une approche naturaliste de la conception des rapports et des statuts humains. On s'applique à prouver l'infériorité tant physique que morale de la femme, sexe faible par rapport à l'homme. Au niveau social, celle-ci est cantonnée à l'activité domestique c'est elle qui est en charge du foyer tandis que l'homme peut s'adonner à une activité politique. [...]
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