En 1945, la France vient de combler son retard par rapport à d'autres pays européens sur la question des droits politiques des femmes. Les luttes pour l'obtention de droits politiques débutent dès la fin du XIXe siècle, notamment avec le mouvement suffragiste, et durent jusqu'en 1944, lorsque les femmes obtiennent le droit de vote et d'éligibilité. Le terme de féministe apparaît dans la deuxième moitié du XIXe siècle, sous la plume d'Alexandre Dumas fils, et possède alors une connotation péjorative puisqu'il sert à désigner des hommes qui ont perdu toute virilité. Cependant, ce terme est par la suite repris par Hubertine Auclert et devient l'emblème du droit des femmes. De manière générale, on peut qualifier de féministe tout courant sensible aux droits des femmes. C'est une définition assez large mais qui nous permet de ne pas nous cantonner aux simples organisations féministes qui se revendiquent en tant que telles. D'autre part, l'utilisation du pluriel dans l'intitulé du sujet permet de suggérer la diversité et la pluralité des engagements individuels et collectifs depuis 1945.
Le gouvernement de Vichy a laissé de profondes traces sur la place des femmes dans la société française. En effet, il met en place des lois qui insistent le « métier de mère » de la femme puisqu'il réprime encore plus fortement l'avortement et restreint le droit au divorce. D'autre part, il proclame dès 1941 la « journée des mères » comme journée de célébration nationale, et on remarque que la famille prend alors le pas sur l'autonomie féminine qui n'est pas jugée indispensable. Cette politique menée par Vichy laisse des traces dans les mentalités. On peut également souligner que les organisations féministes d'avant-guerre sont absentes de la Résistance, même si de nombreuses femmes en faisaient partie.
En 1945, les mouvements féministes du début du XXe siècle viennent de voir aboutir leur principale revendication, ce qui ne signifie pas pour autant la fin d'une lutte, mais bien le point de départ de nouvelles revendications.
Nous allons alors nous demander dans quelle mesure les féminismes ont-ils parlé d'une seule voix en France, depuis 1945.
[...] Les communistes, quant à eux, adoptent une politique familialiste et nataliste mais prêchent l'égalité des sexes. Le mot d'ordre est alors pour venger nos morts, donnons la vie Après la Libération, la mouvance féministe ne compte que quelques milliers d'adhérentes et le non-renouvellement des effectifs entraîne son vieillissement. Par exemple, en 1949, la Ligue française pour le droit des femmes a une moyenne d'âge de 69 ans. Ainsi, dans les années qui suivent la Libération, les mouvements féministes se situent, selon Sylvie Chaperon, au creux de la vague mais on observe qu'une forme de féminisme persiste, celle de l'expression individuelle, dont le meilleur exemple est celui du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir Le scandale du Deuxième sexe En 1949, Simone de Beauvoir publie une œuvre en deux tomes intitulée Le deuxième sexe. [...]
[...] Cependant, même si les droits politiques ont été obtenus il y a plus de soixante ans, on remarque que la France reste à l'avant-dernière place en Europe en ce qui concerne la place des femmes dans la représentation politique. On peut alors s'interroger sur la persistance des préjugés dans les mentalités. [...]
[...] On peut noter que cet événement n'est pas suivi par le MLF qui est devenu une marque déposée par Antoinette Fouque à la fin des années 1970. Les relations entre les groupes féministes et le ministère Roudy apparaissent difficiles et ils ne semblent jamais rentrer dans un véritable dialogue. Les mouvements féministes semblent alors en perte de vitesse et ne trouvent plus d'échos de leurs revendications au sein de la société Renouveau des mouvements féministes On voit, au début des années 1990, apparaître une nouvelle génération d'associations féministes parmi lesquelles on trouve les Marie Pas Claire créée en 1991, ou encore Mix-cité créée en 1996. [...]
[...] Parmi les organisations qui s'inscrivent dans ce cadre, on peut citer le mouvement des Chiennes de garde qui dénonce, depuis 1999, les insultes proférées à des femmes exposées dans la sphère publique. Cette association a été présidée notamment par Florence Montreynaud, historienne du féminisme, puis par Isabelle Alonso. On trouve également l'association Ni putes ni soumises créée en 2003, qui lutte contre la situation des filles dans les cités et qui possède une dimension internationale puisqu'elle est dotée d'un statut consultatif auprès de l'O.N.U depuis 2007. On peut remarquer que le militantisme a changé d'armes pour arriver à ses nouvelles fins. [...]
[...] Nous allons alors nous demander dans quelle mesure les féminismes ont parlé d'une seule voix en France, depuis 1945. Afin de répondre à cette question, nous traiterons dans une première partie de la façon dont les mouvements féministes se sont réadaptés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et comment ils ont évolué. Ensuite, nous nous intéresserons à l'émergence de ce que l'on peut appeler la deuxième génération des féminismes. Et dans un dernier temps, nous nous demanderons s'il existe encore, à la fin de notre période, des féminismes radicaux. [...]
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