Remarqué pour ses écrits, Guizot accède à la chaire d'histoire moderne à la Sorbonne en 1812. Il se lie d'amitié avec Royer-Collard et les leaders du parti libéral, dont le duc de Broglie. Il est choisi, sur la recommandation de Royer-Collard, pour servir le gouvernement de Louis XVIII, en tant que secrétaire général au ministère de l'Intérieur. Au retour de Napoléon de l'île d'Elbe, il démissionne immédiatement, le 25 mars 1815, et retourne à ses études littéraires. À la fin des Cent-Jours, au nom du parti libéral, c'est lui, jeune professeur sans expérience politique, qui est choisi pour porter un message à Louis XVIII à Gand. Il lui indique que seule l'adoption d'une politique libérale pourrait assurer la pérennité de la Restauration, mais il n'est pas entendu.
Pendant la Seconde Restauration, Guizot est secrétaire général au ministère de la Justice, mais il démissionne en 1816. De nouveau, en 1819, il est directeur général des communes et départements au ministère de l'Intérieur, mais perd son emploi avec la chute de Decazes en 1820.
Guizot devient alors un membre influent, avec Royer-Collard, des « doctrinaires », un petit parti fermement attaché à la Charte et à la couronne, et plaidant pour une politique du juste milieu entre l'absolutisme et l'héritage de la période révolutionnaire.
[...] Une œuvre littéraire remarquable Guizot est avant tout un grand historien. En 1822, il publie ses cours sous le titre Histoire des origines du gouvernement représentatif, 1821-1822, ainsi que plusieurs pamphlets politiques importants. De 1822 à 1830, il publie deux importantes collections de sources historiques, les Mémoires de l'histoire d'Angleterre en 26 volumes, et les Mémoires sur l'histoire de France en 31 volumes. Son œuvre qui est peut- être la plus fameuse est l'Histoire de la révolution d'Angleterre de Charles I à Charles II en deux volumes (1826-1827), salué pour sa grande objectivité. [...]
[...] En 1836, Guizot cherche à faire adopter un projet de loi très libéral établissant la liberté de l'enseignement secondaire (il vise à satisfaire les intérêts catholiques puisqu'il permettrait aux congrégations religieuses d'enseigner à nouveau). Celui‐ci échoue néanmoins . Il rétablit l'Académie des Sciences morales et politiques en 1832. Il crée la Société de l'histoire de France et l'Inspection générale des monuments historiques . Un virage conservateur L'attentat de Fieschi le 28 juillet 1835, qui fait 18 morts, l'incite à faire adopter par le roi des restrictions aux libertés publiques pour combattre les ennemis du régime. [...]
[...] Guizot ne voit donc pas venir la crise. Pourtant, le soutien à la monarchie de Juillet va se révéler fragile. L'apparition de difficultés économiques, doublée à cette opposition, vont entraîner la chute du régime. Depuis 1846, le peuple souffre de la disette dans les campagnes, de la hausse du prix du pain et de la misère ouvrière. Même les classes moyennes, sur qui repose l'assisse du pouvoir, s'inquiètent de l'avenir du régime. La Chambre, dévalorisée par les scandales, apparaît de plus en plus pour ce qu'elle est, c'est-à-dire une façade qui ne représente pas le peuple. [...]
[...] Il se rallie tardivement à l'empire libéral. Personnage atypique de la scène politique française, homme de synthèse, Guizot aura traversé plusieurs régimes successifs et meurt à l'aube de la IIIème République en 1874. De libéral convaincu sous la Restauration et du statut d'opposant à Charles il devient l'homme du roi qui façonne la politique dans un sens très conservateur, bravant toutes les oppositions. Tellement convaincu de la justesse de son système, il périt avec ses idées en même temps que la Monarchie de Juillet. [...]
[...] Né d'un père protestant exécuté sous la Terreur en 1794, Guizot ne rejette pas pour autant la Révolution. Au contraire, il se réclame enfant de la Révolution de 1789. C'est elle qui ouvre à ce jeune bourgeois provincial et protestant des perspectives inaccessibles à la génération précédente. La liberté de culte et d'ascension sociale dont il bénéficie vont l'attacher au libéralisme. Pourtant, il sera pendant les huit dernières années du sommet de sa carrière politique, l'incarnation du conservatisme de la Monarchie de Juillet. Dès lors, faut-il voir Guizot comme un libéral ou un conservateur ? [...]
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