La notion d'extrême droite, de 1900 à 1940, recouvre de nombreux mouvements, auxquels il est nécessaire de donner des facteurs communs pour pouvoir les comprendre comme faisant parti d'un même ensemble. Ces facteurs communs sont principalement une ambition de dépasser le clivage gauche-droite inhérent à la vie politique républicaine, l'antiparlementarisme, la volonté de regrouper le peuple français dans une même dynamique, et d'en exclure des éléments parasites.
Cependant, sous une apparence de front commun, l'extrême droite connaît des divisions profondes, et parfois va jusqu'à être contradictoire dans ses théories, et ses objectifs. Ce qui nous amène non pas à parler d'une extrême droite, mais de plusieurs.
Nous verrons donc, comment sous une unité apparente de leurs postulats fondamentaux, se cachent en réalité de profondes divisions.
[...] Ainsi Barrès qualifie l'intellectuel un individu qui se persuade que la société doit se fonder sur la logique, et qui méconnaît qu'elle repose en fait sur des nécessités antérieures et peut-être étrangères à la raison individuelle Ceci conduit l'extrême droite à prôner l'instinct et l'inconscient, tout en ne tombant pas dans une sorte de néo-romantisme à la façon allemande ; Maurras écrira : l'Etat-tyran de Hitler exprime en effet, comme dans le jacobinisme, une volonté nationale abstraite, fort dénué du réalisme rigoureux qui est le propre du nationalisme français. Par ailleurs le nationalisme, autrefois dénoncé par les catholiques intégristes parce que l'amour de la patrie est une religion fait l'unanimité de l'extrême droite à partir de 1900. [...]
[...] La différence avec l'Italie et l'Allemagne est évidente, où à l'inverse, la division de la gauche a largement contribué aux victoires de Mussolini et de Hitler. Bibliographie - M.WINOCK Histoire de l'extrême droite en France, éd. du Seuil - A.CHEBEL D'APPOLONIA, L'extrême droite en France. De Maurras à Le Pen, éd Complexe - P.MILZA, Les fascismes, éd du Seuil - P.BURRIN, La dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery. 1933-1945, éd du Seuil - P.MILZA, Fascisme français. Passé et Présent, Flammarion, 1987. [...]
[...] Ce qui nous amène non pas à parler d'une extrême droite, mais de plusieurs. Nous verrons donc, comment sous une unité apparente de leurs postulats fondamentaux, se cachent en réalité de profondes divisions. Ainsi nous analyserons, en premier lieu, par une approche thématique, les analogies doctrinales qui constituent l'essentiel des revendications de ces extrêmes droites. L'ordre et la sécurité, tout d'abord, apparaissent comme les valeurs fondamentales, et donnent lieu à trois conceptions : Celle des courants catholiques, qui voient dans l'ordre social la traduction d'un ordre divin, perturbé par la transgression des principes religieux, et la négation des inégalités d'une hiérarchie nécessaire. [...]
[...] En outre, le caractère internationaliste du communisme donne matière à l'extrême droite pour accuser la SFIO, puis la SFIC à partir de 1920, d'être l'organe d'ingérence soviétique dans les affaires françaises. De la Roque affirmera que les dirigeants marxistes prennent leurs instructions et leurs ressources dans l'institut de révolution mondiale siégeant à Moscou, sous la protection du gouvernement soviétique. C'est donc par ces deux principaux thèmes, la décadence et le complot, que s'organise l'action politique de l'extrême droite. Mais cet ensemble commun de revendications ne doit pas faire abstraction des divisions intestines que connaît l'extrême droite. [...]
[...] Après les divisions entre orléanistes et légitimistes, ce courant retrouve sa jeunesse lors de l'Affaire Dreyfus avec la création de l'Action française dirigée par Maurras. Celui-ci prône la restauration monarchique par nécessité : On démontre la nécessité de la monarchie comme un théorème. La volonté de conserver notre patrie française une fois posée comme postulat, tout s'enchaîne, tout se déduit d'un mouvement inéluctable. Et cette restauration doit se faire par un coup de force, auquel l'Action française doit préparer l'opinion par une critique systématique du régime républicain. [...]
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