Extraits, cartulaire, chapitre, saint, Etienne, Limoges
Le document soumis à notre étude est une série de 4 extraits provenant du Cartulaire du chapitre Saint-Etienne de Limoges. Ce Cartulaire est un recueil de « chartes » au sens large et de récits compilés par les chanoines de Limoges au sujet de leur évêché. Les chanoines étant des clercs menant une vie de prière en communauté au sein d'une cathédrale, auprès d'un évêque. Cette source essentielle sur le diocèse de Limoges nous est parvenue par Jacques de Font-Réaux, archiviste du Vaucluse et de la Drôme dans la première moitié du XXème siècle. Le Cartulaire est édité par ce dernier en 1919 dans le Bulletin de la société archéologique du Limousin. Fondée en 1845, cette Société a pour objet l'étude et la conservation du patrimoine archéologique et historique du Limousin. Composée de nombreux membres, elle publie ses travaux par l'intermédiaire d'un bulletin annuel diffusé auprès des sociétaires et des grandes institutions culturelles de France et de l'étranger. Les extraits du Cartulaire sont donc des sources de l'époque. / Le premier extrait est le récit d'un accord passé entre le comte de Poitou, duc d'Aquitaine : Guillaume Aigret, l'évêque de Limoges Jourdain et le chapitre cathédral de Limoges. Cet accord vise à définir les modalités d'élections du futur évêque. Il serait passé entre 1045 et 1050. Le second extrait est une lettre, adressée par les chanoines de Limoges à Guillaume Aigret. Elle contient une requête : leur accorder un bon évêque à la suite de la mort de Jourdain. Cette lettre n'est pas datée mais on peut sans prendre de risque situer la date de sa rédaction entre 1050 et 1051. Le troisième document est la notification par les chanoines des étapes menant à l'élection du nouvel évêque, daté du 4 Janvier 1052. Enfin, le dernier extrait est le récit du serment de vassalité passé vers 1060 entre l'évêque Itier et un membre de la noblesse, Ameil, prévôt de Saint-Junien. Nous sommes donc confrontés à des documents du milieu du XIème siècle relatant différents événements au sein de l'évêché de Limoges. / A cette date, la région du Limousin est sous la domination des comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine. Le pouvoir royale n'intervenant que très peu, (dernier acte politique remonte au milieu du Xème siècle avec Louis IV d'Outremer qui désigne un abbé à St Martial) c'est la famille ducale des Guillaume qui a la main mise sur le Limousin et sur le diocèse de Limoges. En Francie Occidentale, le règne d'Henri Ier est marqué par une longue suite de luttes féodales, visant à maintenir la paix dans le royaume. C'est aussi durant cette période que se développe les relations féodo-vassalique, causée par l'affaiblissement de l'autorité publique à la suite de la chute de l'empire Carolingien. L'Eglise quand à elle est dirigée par les grands seigneurs, on peut donc affirmer pour la fin du Xème siècle et le début du XIème qu'elle est aux mains de l'aristocratie qui s'en sert afin d'acquérir plus de pouvoir.
[...] De ce fait, le clergé sans défense militaire a pu être la proie de seigneurs avide de pouvoir. Le second problème rencontré par les chanoines est lié au choix du nouvel évêque. La lettre envoyée au comte de Poitou rend compte des angoisses du chapitre au sujet de la future élection. Les chanoines craignent non seulement pour leur biens, on peut le voir à la ligne 7 (je cite) : « nous avons besoin d'un défenseur et non d'un pillard » mais aussi pour leur mense capitulaire composée de biens fonciers. [...]
[...] Cela nous est indiqué aux lignes 5 et 6 du troisième extrait (je cite) : « Clercs et grands seigneurs, nous sommes allés nombreux vers le comte Guillaume pour nous plaindre de l'état désolant de notre église et lui demander de pourvoir l'église affligée de Limoges d'un évêque digne de Dieu ». En effet, la seule solution pour le chapitre et de s'en remettre à l'arbitrage du comte-duc. Ce dernier semble lui aussi avoir rencontré quelques problèmes comme nous l'indique les lignes 7-8 du procès-verbal (je cite) : « il hésitait sur le choix d'un prélat ; portant son attention çà et là, il prit conseil des grands de toute l'Aquitaine, des clercs de notre église et des feudataires. [...]
[...] Les clercs définissent l'accord passé entre les deux hommes dans ces termes (je cite) « Celui-ci est devenu son homme par la foi et le serment, s'engageant à respecter la vie et le corps de l'évêque ». En effet, comme tout serment de vassalité la notion qui préfigure est celle de protéger son seigneur et de ne pas lui nuire. L'idée est développer un peu plus loin dans l'extrait à la ligne 4 (je cite) : « Ameil lui portera aide loyalement, sans complicité avec l'adversaire ». [...]
[...] Jourdain espère ainsi éradiquer de l'élection des pratiques jugées frauduleuses. Ainsi, le premier principe qu'accepte le comte et de ne pas élire un évêque par intérêt ou préférence personnelle. On retrouve cette idée dans le premier extrait aux lignes 6-7 (je cite) : « Cette élection ne sera pas faite pour un profit terrestre, ni par amitié pour quelqu'un, amis pour le bien de l'église Saint-Etienne de Limoges ». De ce fait, le comte doit obligatoirement choisir un évêque qui assure le salut du siège de Saint-Etienne. [...]
[...] II] Les volontés de Jourdain au sujet de la future élection De nouvelles modalités d'élection On sent chez l'évêque Jourdain une volonté de rendre la direction de l'Eglise à ses clercs. Les termes des pourparlers avec le comte Guillaume appuient cette idée. Avant cet accord, l'élection de l'évêque revenait au comte. En effet, la majeure partie des décisions concernant le diocèse de Limoges étaient prises à la cour de Poitiers. C'est le cas par exemple pour l'élection de l'évêque Jourdain, placé sur le siège de Limoges par le père de Guillaume Aigret. [...]
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