En 1791, la France abolit le statut particulier des juifs et leur confère l'égalité des droits. Cette date fondamentale constitue la première émancipation du peuple juif.
Pour autant, à la fin du 19ème siècle, leur situation ne s'est pas améliorée. En même temps que s'opère un processus de différenciation de la situation des juifs dans les différents pays d'accueil et que se mettent en place des organisations internationales, telle que l'Alliance Israélite Internationale, se développe un antisémitisme moderne qui remplace voire complète peu à peu l'antijudaïsme chrétien remontant au Moyen-âge.
Le terme antisémitisme est une traduction de l'allemand Antisemitismus, mot inventé en 1879 par le journaliste Wilhelm Marr dans un pamphlet antijuif, Victoire du judaïsme sur la germanité considérée d'un point de vue non confessionnel. Bien que ce terme soit impropre pour exprimer l'hostilité envers la minorité juive, puisque l'adjectif « sémite » ne s'applique qu'à des langues et non pas à des peuples, il s'imposa dans l'usage. D'ailleurs, Hannah Arendt proposa de réserver ce mot pour désigner l'hostilité contre les juifs qui naît dans le contexte particulier de leur émancipation et qu'apparaissent de manière concomitante des difficultés économiques, politiques ou sociales.
Dans ce contexte de la fin du 19ème siècle, comment alors expliquer le passage d'un antijudaïsme fondé sur la distinction religieuse à l'antisémitisme, basé sur la race? Quelle forme va prendre ce dernier et sur quoi va-t-il déboucher à terme?
L'antisémitisme s'exprime d'abord sur fond de profond malaise économique et social, en raison de la révolution industrielle, et de choc parfois violent des nationalismes peu avant la Première Guerre mondiale. Cet antisémitisme peut correspondre à des comportements très divers allant de la simple marginalisation sociale à l'extermination pure et simple. Enfin, ces différentes manifestations d'antisémitisme vont déboucher sur une violente propagande hostile aux juifs et sur la formation et la promotion en réaction du mouvement sioniste.
[...] Le développement de cet antisémitisme est étroitement lié au développement du capitalisme financier. A la misère ouvrière, il fut aisé d'opposer la richesse d'une minorité de juifs en omettant que nombre d'entre eux subsistaient dans un sous-prolétariat. Certes, certaines familles juives ont profité de régimes favorables à leur égard, telle que la monarchie de juillet, pour opérer une ascension sociale spectaculaire. Celle des Rothschild a d'ailleurs acquis une dimension quasi-mythologique. De même, les Bischoffsheim et les frères Pereire connaissent des réussites analogues. [...]
[...] Ghettoïsation et persécutions à l'est A l'est, l'antisémitisme se fait nettement plus violent. C'est d'ailleurs à juste titre que Léon Poliakov parle de véritable animosité à l'égard des juifs Ils sont victimes de lynchages et de bastonnades à mort, en particulier en Pologne où la haine et la guerre contre la minorité juive est au cœur du nationalisme polonais. Ils sont cantonnés dans des ghettos. Sur les sept millions de juifs d'Europe Centrale en 1900, quatre millions vivaient en Russie dans la zone de résidence définie par Catherine II. [...]
[...] Pour protester contre cette égalité, des étudiants de droit de Berlin vont organiser des manifestations et faire des autodafés. Cependant, l'interdiction d'exercer des professions au service de l'Etat est maintenue. En 1881, une pétition recueille d'ailleurs 250000 signatures en Allemagne en faveur des mesures discriminatoires. L'idée c'est, qu'avec l'émancipation, il est devenu impossible de repérer les juifs qui sont ainsi une menace pour la race allemande. Mais ce sont dans les Etats Pontificaux que la situation des juifs est la plus critique. [...]
[...] Des rumeurs font alors état que ce don proviendrait de la baronne Hirsch, soit une juive. C'est aussitôt un tollé. Dans un article intitulé Trop, trop de juifs Paul de Cassagnac affirme avec vigueur que les juifs ne sont pas plus généreux que les chrétiens, simplement plus riches. Bien que ce don s'avèrera être d'origine catholique, cette polémique est exemplaire du contexte tendu de l'époque. Ceci est dû aussi à la croissance de la population étrangère et des flux d'immigrés en Europe, en particulier des immigrés juifs qui fuient la répression à l'est ou sont même expulsés. [...]
[...] Des preuves sont ensuite découvertes incriminant le commandant Esterhazy mais celui-ci étant protégé par l'Etat-major, il est disculpé. Pendant cette période, la France se scinde en deux comme l'exprime le fameux dessin un dîner en famille de l'antidreyfusard Caran d'Ache. D'un côté un mouvement dit dreyfusard, soutenu par les républicains, qui croit en l'innocence de Dreyfus. Il prône un nouveau jugement quitte à désavouer l'armée. Les soutiens en faveur de Dreyfus affluent. Le 13 janvier 1898, Zola publie en première page de l'Aurore un article intitulé j'accuse adressé au président de la république Félix Faure. [...]
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