L'Exposition coloniale se déploie de mai à novembre 1931, au bois de Vincennes sur 110 hectares, autour du lac Daumesnil. Elle fut inaugurée le 6 mai par le président de la République Gaston Doumergue, le ministre des colonies Paul Reynaud et le maréchal Lyautey, commissaire général de l'exposition. Cette manifestation grandiose nécessita le budget colossal de 320 millions d'anciens francs (dont 95 millions de subventions directes de l'Etat et de la ville de Paris), et rapporta au final la somme de 33 millions de francs, elle est donc un triomphe sur le plan comptable.
Elle séduira un large public, puisqu'il y eut 33 millions de billets vendus, soit près de 8 millions de visiteurs, certains revenant plusieurs fois. C'est la plus grande affluence qu'ait connue une manifestation parisienne depuis l'Exposition universelle de 1900. Cet événement marque l'apothéose de la IIIe République et de l'œuvre dont elle a été la plus fière : la colonisation ou la mise sous protectorat d'une bonne partie de l'Afrique noire et de Madagascar, de l'Afrique du Nord, de l'Indochine ainsi que de la Syrie et du Liban. Elle serait l'apogée d'une véritable « culture coloniale ».
[...] Au final, nous ne savons pas réellement comment a été vécue l'expérience de l'Exposition coloniale pour les figurants indigènes. Entre la vision d'entente cordiale d'un Empire uni qu'a voulu donné à l'époque l'Exposition coloniale et les dénonciations a posteriori de zoos humains, quel est au final le ressenti de tous ces peuples? La rareté des témoignages et le peu d'intérêt qu'a suscité la question ne nous permettent malheureusement pas de répondre à cette question. Finalement, demandons-nous si cette exhibition n'aurait pas dépassé par certains aspects la curiosité stérile d'un exotisme convenu et n'aurait pas, par la fascination qu'elle a exercée sur les visiteurs ouverts à une forme de découverte de l'autre, à un intérêt réel pour les cultures d'ailleurs, à une ouverture sur le monde. [...]
[...] Le tract rappelle le massacre des noirs africains dans les tranchées de la guerre de 1914, la France du Moulin Rouge n'en est plus à un carnaval de squelettes près l'exploitation des indigènes et le travail forcé. Le tract débute sur l'affaire Tao : un étudiant indochinois qui a été arrêté par la police française avant d'être renvoyé en Indochine, car il été membre du parti communiste. Le journal l'Humanité soutient lui aussi le jeune Tao. A travers cette affaire, c'est le mouvement nationaliste indochinois qu‘on évoque. [...]
[...] Les constructions architecturales monumentales ne sont qu'un des aspects de cette gigantesque mise en scène de la plus grande France Ce qui constitue une grande partie du spectacle, ce sont aussi les centaines de figurants indigènes recrutés pour cette manifestation, présents ponctuellement pour un spectacle ou à un poste fixe chaque jour avec interdiction de quitter l'exposition : des piroguiers du Dahomey, des danseuses de Bali et du Cambodge, des musiciens des Antilles, des comédiens malgaches, des artisans des souks, des chameliers du Niger et des troupes indigènes. Autant de membres des peuples coloniaux exposés à la curiosité des visiteurs. Ils subissent parfois moqueries et humiliations notamment de la presse. Certains indigènes, se faisant cependant rares, sont également présents en tant que visiteurs, ce sont les membres des élites traditionnelles ou nouvelles de l'Empire. Cependant, beaucoup de ces visites étaient elles aussi mises en scènes comme une illustration de la plus grande France. [...]
[...] Entre un et deux milliers d'indigènes ont participé à divers titres à l'exposition coloniale dont 780 de militaires. Tous subirent un examen médical avant le voyage et le contrat signé avec le gouvernement général leur assurait la gratuité du voyage, l'entretien, une allocation mensuelle de 150 francs et une rémunération de 50% sur le prix de vente des objets qu'ils fabriquèrent avec les matières premières mises à leurs dispositions Une autre mise en scène des indigènes consistait à les montrer sur les bancs de l' école française pour indigène mettant ainsi en avant l'aspect éducatif de la colonisation. [...]
[...] Cependant, la presse dans son ensemble parle très peu de ces événements et souvent ne les mentionne même pas. Indignation également contre le travail forcé, véritable résurgence de l'esclavage, indigne des méthodes coloniales françaises tant vantées à Vincennes. Le principal exemple est celui de la construction meurtrière du chemin de fer Congo-Océan pour laquelle 8000 Africains sont engagés. Au bout du compte, seulement 1700 auront survécu. En 1931, le chantier n'est toujours pas achevé et face aux accusations de la presse communiste, les organisateurs de l'exposition n'apportent aucun démenti. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture