Dernière forme de la révolte anarchiste, l'illégalisme se veut un témoignage mais aussi une affirmation. Un de ses théoriciens, André Lorulot, l'a défini comme la réaction permanente et raisonnée de l'individu sur tout ce qui l'entoure ; c'est l'affirmation par chacun de l'existence de son moi et du désir de son développement intégral.
[...] Le 4 novembre 1890 s'ouvrit le procès d'un autre cambrioleur anarchiste, Pini, qui fut condamné à vingt ans de travaux forcés. Lui aussi s'était défendu d'être un truand ordinaire : "Je ne suis pas un voleur ; je reprends dans un but social les richesses volées par les bourgeois." Le mouvement anarchiste, dès Duval et Pini se montre divisé sur le caractère révolutionnaire du vol. Si Sébastien Faure, comme nom l'avons vu, et Elisée Reclus l'approuvent, il n'en est pas de même de Jean Grave qui justifie les actes de Duval et Pini mais ne leur accorde aucune valeur révolutionnaire. [...]
[...] L'illégalisme est inscrit dans l'anarchie depuis sa naissance. "La propriété, c'est le vol" de Proudhon ne pouvait qu'amener la notion de "reprise individuelle" comme une légitime défense, le vol étant une récupération opérée par les volés sur les voleurs de la bourgeoisie. Et la violence est la seule réponse à la violence de la société. Historiquement, la violence anarchiste -ce que la société appelle son banditisme- est née dans les années 1880 lorsque les anarchistes se posèrent le problème de leur action en termes soudain différents ; la "propagande par le fait" succédait à la propagation des idées par la seule parole. [...]
[...] Et l'antisociété du voyou repose sur un système de valeurs qui n'a rien à envier à celui de la société dont il se dit l'ennemi : ordre de l'argent et des valeurs établies, belles voitures et goût de la parure, ce qu'on connaît de l'envie de se ranger fortune faite comme le bon petit employé avec son livret de caisse d'épargne et son pavillon de banlieue. La respectabilité, surtout. Et l'honneur. Le faux honneur. Toute la société reproduite et caricaturée dans cette antisociété et ces actuels. Idéologie réactionnaire avec, en prime, souvent le racisme . Le mythe qui n'en est peut-être pas un du voyou complice du policier qui l'arrête . [...]
[...] Le terrorisme est un moyen beaucoup plus radical d'abattre les dirigeants d'une société que l'on considère corrompue ; c'est donc bien la véritable propagande par le fait recommandée par le Congrès de l'Internationale tenu à Londres en 1881. Les journaux anarchistes divulguent alors de multiples recettes permettant de fabriquer des explosifs. En juillet 1883, un grand journal lyonnais, La lutte, écrit ainsi : "Sous ce titre "produits anti-bourgeois", nous mettrons sous les yeux de nos amis les matières inflammables et explosives les plus connues, les plus faciles à manipuler et à préparer, en un mot les plus utiles [ Il faut que pour la lutte prochaine chacun soit un peu chimiste". [...]
[...] F. de .Pressensé, Les lois scélérates de 1893-1894, Paris, éditions de la Revue blanche E. Pouget, ibid. [...]
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