La France est, à l'heure de la première Révolution française de 1789, la première puissance industrielle mondiale. Cependant, la production industrielle est encore peu développée, même en Angleterre. La mécanisation touche déjà le secteur de la production cotonnière, mais aucun take-off (décollage) au sens de Rostow n'a véritablement eu lieu en France.
La Révolution industrielle désigne le changement du mode de fonctionnement de l'économie et se traduit en France par une lente contagion. L'industrialisation française a lieu véritablement dès les années 1830-1840 : elle a transformé une économie préindustrielle livrée au hasard des récoltes agricoles en une économie étroitement liée à la conjoncture industrielle.
L'industrialisation suit en France une voie tout empruntée à l'Angleterre notamment du point de vue technologique et ne correspond pas au modèle continental, tardif, développé par Alexander Gerschenkron (qui prend pour exemple le décollage des économies allemande et russe à la fin du XIXe siècle).
Il ne faut pas non plus tomber dans l'autre extrême qui consiste, comme l'a fait R.Roehl à croire en une simultanéité des développements industriels anglais et français, même si les statistiques sont plutôt favorables à la France : O'Brien et Keyder ont en effet mesuré, entre 1835 et 1855, une supériorité de 35% de la productivité horaire en France.
[...] Diversité des structures productives La production au début du XIX ème siècle n'est encore que peu avancée et la plupart des organisations productives ne sont que l'héritage du XVIII ème siècle. Nous en verrons ici 4 formes (nous suivrons le plan donné par Patrick Verley, voir bibliographie) : des phases de mécanisation et de modernisation notamment dans la filature des fibres textiles (d'abord le coton puis plus tardivement le lin, la soie et la laine) le dualisme entre un artisanat rural majoritaire et un artisanat urbain en plein développement l'existence d'entreprises de type ancien qui ne sont plus imbriquées dans le milieu rural, mais y sont encore largement rattachée par leur besoin en produits artisanaux. [...]
[...] B.Gille propose pour autant l'explication inverse, à savoir que la crise agricole serait la conséquence de la montée des investissements agricoles, qui auraient largement affaibli les investissements agricoles. Les chiffres mesurés par Levy-Leboyer viennent toutefois conforter la thèse labroussienne. Hormis la grande crise de 1848, les crises ne sont que sectorielles et régionales. Ainsi à la fin du XIX ème siècle les mauvaises récoltes n'ont plus d'effet sur le secteur industriel. La crise de 1882, analysée par Bouvier et Néré, montre que les dérèglements financiers et économiques ont anticipé la crise industrielle. [...]
[...] Il y a ainsi une phase de coexistence des structures de production nouvelles et anciennes, ce qui fait toute l'originalité du développement industriel français. B. Les raisons de la résistance des structures anciennes Les entreprises utilisent les facteurs de production qui leur sont le moins couteux : or en France la main-d'œuvre est encore disponible et bon marché. L'incitation à la mécanisation en est ainsi amoindrie. De même, le travail rural est moins cher, car on assiste à une surpopulation croissante des campagnes. Le mode de production rural fait reposer tous les aléas de l'économie sur le travailleur lui-même. [...]
[...] Ce choc dans les déterminants de la croissance s'explique par un changement de méthode statistique peu avant les années 1890. Mais la croissance de la productivité résulte en majeure partie de la réduction du chômage généralisé comme c'en était le cas auparavant : le sous-emploi structurel de type ancien laisse progressivement la place à un mode de vie (social et économique) où l'inactivité est l'exception. Le ralentissement démographique français est, de plus, largement compensé par les politiques favorables à l'immigration. [...]
[...] La structure des marchés et des produits et favorable à la consommation courante pour le marché intérieur. De plus, la France se spécialise dans la production de luxe ou semi-luxe (articles de Paris) en grande partie exportés et nécessitant avant tout un savoir-faire rural. C. Vers des structures industrielles plus homogènes A partir des années 1880, le modèle de la grande industrie se généralise, et les grandes régions industrielles apparaissent. La décélération des années 1870-1880 a en effet orienté les luttes sur le terrain de la productivité. [...]
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