Qu'est-ce qu'une nation ? La question se pose avec une importance particulière en Allemagne au XIXème siècle. Et si Madame de Staël définit, en France, la Nation comme étant « un ensemble de personnes parlant une même langue, et qui souhaitent vivre à l'abri de frontières bien définies », ce droit du sol apparaît bien insuffisant par rapport à son corollaire, le droit du sang allemand (le fameux Blut und Boden).
Pour bien cerner le problème de la conception de nation allemande, un bilan politique du St Empire Romain Germanique semble nécessaire. En effet, pourquoi ce germe national, alors que le St Empire, dont la Confédération germanique est l'héritière, fonctionne bien depuis près de 1000 ans, avec un pôle septentrional commercial (Hanse), un pôle méridional rural, et une représentation des Etats intérieurs, la Diète ? C'est que le concept de nation qui naît alors en Allemagne n'est pas seulement politique. La nation est davantage une construction idéologique qu'une réalité concrète, ce qui explique la difficulté de lui donner une définition pleinement satisfaisante. Son étymologie est liée à la notion de naissance (nascere). Ainsi, à l'époque médiévale, l'idée de nation renvoie à un groupe d'hommes à qui l'on attribue une origine commune. Mais la conception moderne de la nation dépasse largement le cadre ethnique ou tribal. Elle trouve plutôt sa source dans un ensemble complexe de liens qui fondent le sentiment d'une appartenance commune. Elle est ainsi à la fois extérieure aux individus, en même temps qu'elle est intériorisée et transmise d'une génération à l'autre. Pour s'imposer, elle suppose également l'existence d'une volonté durable de vivre au sein d'un même ensemble. Certaines données objectives permettent de définir une nation : le territoire, l'ethnie, la langue, la religion, la culture, l'État. Mais l'idée de nation ne leur est pas réductible. Il existe ainsi des nations plurilingues ou connaissant plusieurs religions (ex : l'Allemagne). Il y a également des nations sans territoire propre ou d'autres encore qui sont partagées entre plusieurs États. Aussi la nation apparaît-elle d'abord comme une construction dont la fonction est de garantir la cohésion sociale et de faire respecter l'autorité de l'État.
Le XIXème siècle ne manque pas d'années charnières, mais 1848 semble être, pour l'Allemagne comme pour la plupart des pays européens, le moment décisif. Toutefois, il nous appartient de nous interroger plus précisément sur la question : Sans exagérer ce basculement dans l'histoire, existe-t-il réellement, autour de 1848, une nation allemande ?
C'est que, si un désir d'unité en germe attend la volonté et la réalisation d'unité politique, le concept de nation est-il réellement approprié pour désigner cette forme d'idée nationale à l'état seulement d'ébauche ? Nous verrons ainsi que, bien que l'on assiste à un éveil progressif des consciences nationales au sein de la Confédération germanique autour de 1848, il est bien trop prématuré de parler d'une nation allemande, dont l'idée cheminera bien plutôt progressivement, et se concrétisera petit à petit, à partir de 1830 et 1848, pour aboutir en 1870.
[...] Existe-t-il une nation allemande autour de 1848 ? Qu'est-ce qu'une nation ? La question se pose avec une importance particulière en Allemagne au XIX siècle. Et si Madame de Staël définit, en France, la Nation comme étant un ensemble de personnes parlant une même langue, et qui souhaitent vivre à l'abri de frontières bien définies ce droit du sol apparaît bien insuffisant par rapport à son corollaire, le droit du sang allemand (le fameux Blut und Boden). Pour bien cerner le problème de la conception de nation allemande, un bilan politique du St Empire Romain Germanique semble nécessaire. [...]
[...] Et c'est par une opposition que se développe le nationalisme allemand qui rallie les adversaires des Lumières, réhabilite l'histoire et les traditions germaniques et rejoint tout le mouvement romantique autour de Novalis. Ce romantisme politique allemand, fondé sur la glorification du passé, se forge autour du noble travail du sol Fichte développe dans ses Discours à la nation allemande la vision nouvelle de la société fondée sur l'amour du sol allemand et de la civilisation rurale ; sur une émotion fondée sur l'histoire de la nation allemande ; sur la glorification du sentiment national, sur l'exaltation de la discipline, de l'autorité, du militarisme et sur la méfiance de l'étranger. [...]
[...] Ainsi, à l'époque médiévale, l'idée de nation renvoie à un groupe d'hommes à qui l'on attribue une origine commune. Mais la conception moderne de la nation dépasse largement le cadre ethnique ou tribal. Elle trouve plutôt sa source dans un ensemble complexe de liens qui fondent le sentiment d'une appartenance commune. Elle est ainsi à la fois extérieure aux individus, en même temps qu'elle est intériorisée et transmise d'une génération à l'autre. Pour s'imposer, elle suppose également l'existence d'une volonté durable de vivre au sein d'un même ensemble. [...]
[...] Une réalisation insuffisante Toutefois, cette union douanière suffit-elle à mener l'Allemagne vers son unité politique ? Ce serait supposer résolus les problèmes politiques internes liés au libéralisme, à la démocratie, ou externes liés aux réactions des autres puissances, et particulièrement de l'Autriche. La réalisation de l'union douanière est insuffisante pour satisfaire les partisans du mouvement en Allemagne, même si elle est une condition indispensable. Il faut en fait compléter cette réforme économique par des réformes politiques satisfaisant les revendications libérales ou démocratiques des forces sociales entraînées dans le grand bond en avant, bourgeoisie et prolétariat urbain. [...]
[...] A la grande Allemagne des Habsbourg, le chancelier de Prusse oppose la petite Allemagne sans l'Autriche. Il l'obtient en deux temps : - L'organisation d'une Confédération de l'Allemagne du Nord dont Vienne est exclue : saisissant le prétexte des duchés de Schleswig et d'Holstein, Bismarck déclare la guerre à l'Autriche qui est vaincue à Sadowa en 1866. L'Autriche humiliée se tourne vers les Balkans et adopte un compromis historique avec les Hongrois. La double monarchie (1867) ignore cependant le problème de ses autres minorités (Slovaques, Slaves du Sud magyarisés - L'inclusion des Etats d'Allemagne du Sud : elle passe par une guerre contre la France qui soude l'unité allemande. [...]
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