Ecole républicaine, nation, unification, particularismes régionaux, Jules Michelet
Jules Michelet, référence de l'idéologie républicaine, constate en 1793 aux funérailles de Lepelletier qu'« on croyait que la loi suffirait pour faire l'unité. L'éducation commune peut seule préparer l'unité ». La IIIe République a vu l'application de cette remarque, et l'instauration de l'école républicaine fût un véritable pilier pour ce régime, qui s'est différencié des autres formes de gouvernement du XIXe siècle par sa longévité. Les lois Guizot et Falloux instauraient respectivement en 1833 et 1850 la liberté de l'enseignement primaire puis secondaire, mais laissaient l'enseignement aux soins de l'Église, et après les bases posées par les réformes progressives de Victor Duruy sous le IInd Empire, c'est réellement au début des années 1880 que l'éducation devient un instrument étatique avec les lois de 1881 et 1882 établies par Ferry. Celles-ci imposent la gratuité et la laïcité de l'enseignement, ainsi que l'obligation de suivre l'enseignement primaire de 6 à 13 ans. L'instruction nationale porte alors plus que jamais des enjeux de cohésion nationale et de transmission du sentiment patriote. Ce caractère universel est problématique pour les petites patries en France, qui se traduisent par des particularismes régionaux, (illustré par les cas du Languedoc et de la Bretagne) supposant une diversité des moeurs au sein du pays.
De fait, en écho à Michelet, Eugen Weber considère que l'école a tenu le premier rôle dans « le processus d'acculturation final qui a transformé les Français en Français ». Mais on peut légitimement s'interroger sur les moyens de cette « acculturation », le terme de « génocide culturel » ayant été plusieurs fois employé par les détracteurs de l'école républicaine. Ainsi le processus de l'éducation nationale porté par les républicains s'est-il fait sur l'autel de la diversité nationale ?
[...] Cependant, cette unification peut parfois être contrainte et menacer les « petites patries ». En effet, cette volonté d'unité se fait aux dépens des particularismes régionaux,, en particulier desdialectes. Le français étant la seule langue reconnue, toute autre langue, idiome, patois ou dialecte était proscrit. Dans la pratique, les instituteurs réprimaient ces « sous-langues » avec, par exemple, le « signal ». Il s'agit de dénoncer les élèves quine parlent pas que français à l'école. De plus, certaines pratiques consistent àfaire circuler un objet tout au long du jour (un sabot par exemple) à chaque élève qui prononce quelques mots en patois, le dernier écopant de la punition. [...]
[...] Séance 8 Évolutions régionales et locales en France L'école républicaine va t-elle contre les petites patries ? Jules Michelet, référence de l'idéologie républicaine, constate en 1793 aux funérailles de Lepelletier que« on croyait que la loi suffirait pour faire l'unité. L'éducation commune peut seule préparer l'unité ». La IIIe République a vu l'application de cette remarque, et l'instaurationde l'école républicaine fût un véritable pilier pour ce régime, qui s'est différencié des autres formes de gouvernement du XIXe siècle par sa longévité. [...]
[...] D'autre part, les régionalismes ont la belle part dans les domaines de l'art et de l'écriture, ce qui explique la persistance des cultures régionales et des folklores. En 1867, à l'exposition universelle de Paris, des artistes persuadés que les costumes typiques sont amenés à disparaître présentent « les derniers vestiges des mœurs anciennes ». On expose donc des costumes bretons, auvergnats, normands, alsaciens, mais également des costumes traditionnels d'autres pays, comme la Suède. De plus, de nombreux écrivains valorisent la campagne dans leurs écrits. [...]
[...] On analysera le cas ambigu des dialectes, avant de s'intéresser à la présence des cultures et folklores locaux, en particulier dans l'expression artistique. L'imposition du français seul en usage dans les écoles permet de dessiner la situation complexe du dédoublement. Suggéré par Carré notamment, le comportement de dédoublement s'instaure progressivement dans les campagnes : les élèves mènent en quelque sorte deuxvies parallèles qui associent d'une part petite patrie et race, d'autre part nation et droits civiques. Cette « nécessité d'un dédoublement » était découverte par les enseignants dès leur formation dans les écoles normales. [...]
[...] Ces œuvres qui font scandale ont en commun leur fort impact sur la société française au 19èmesiècle. En outre, on assiste en 1854 à la fondation par un groupe d'écrivains du Félibrige,une Ecole littéraire. Créé par Frédéric Mistral entre autres, le Félibrige défend les cultures régionales, et plus particulièrement la langue d'oc. Les régionalismes restent donc actifs, loin de la désuétude même si les revendications d'indépendance faiblissent considérablement. Ainsi, l'école républicaine, guidée par son souci d'uniformisation de la nation, parvient certes à alphabétiser la majorité des Français puisqu'à la veille de la Première guerre mondiale, seulement 10% de la population ne saitpas lire et écrire, mais on peut fortement remettre en cause la notion de « génocide culturel ». [...]
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