Évolution du rôle de la femme, société de l'entre-deux-guerres, exemple canadien, société canadienne 20e siècle, Première Guerre mondiale, effort de guerre, approvisionnement du front, femmes au front, infirmières de guerre, armée canadienne, impacts de la guerre, émancipation des femmes
"Il a fallu la Grande Guerre pour que l'humanité prît conscience de sa moitié", écrit "La vie féminine" dans son édition spéciale du premier janvier 1919. En effet, si le discours dominant autour de la Grande Guerre au Canada retient surtout les batailles d'Ypres, de la Somme et de Vimy et le courage des troupes d'élite canadiennes, les femmes ont joué un rôle important dans cette guerre meurtrière qui a emporté 66 000 soldats canadiens et blessés 172 000 autres. La guerre a ouvert une nouvelle ère des possibles pour les femmes, lié au départ des hommes et au besoin économique du travail des femmes.
Pendant la guerre les rôles s'inversent : les femmes jusqu'alors cantonnées au travail domestique, passant le plus clair de leur temps à la maison, accèdent à l'espace public et à des responsabilités nouvelles alors que les hommes, jusqu'ici maîtres des sphères politiques et économiques, se retrouvent enfermés dans l'horreur des tranchées. Ainsi, quel fut l'impact de la guerre sur la société canadienne d'après-guerre ? L'implication et la mobilisation des femmes entraînèrent-elles de profonds changements sociaux, politiques et économiques ? Dans un premier temps, nous étudierons les nouvelles fonctions occupées par les femmes sur le front et à l'arrière. Dans un second temps, nous nous intéresserons aux nouveaux droits acquis par les femmes durant l'entre-deux-guerres et à leurs limites.
[...] Conclusion Ainsi les femmes ont, pendant la Première Guerre mondiale, investi l'espace public et le monde du travail. Elles ont pris la place des hommes dans les champs et à l'usine, ont participé à leurs soins sur le champ de bataille et ont contribué à leur moral en entretenant une correspondance suivie. Cependant, cette émancipation est demeurée limitée : elles n'occupaient pas les postes les plus importants, leurs nouvelles responsabilités étaient vues comme provisoires et leur mobilisation était toujours liée à des qualités féminines comme l'écoute ou la douceur. [...]
[...] Aidée par ses beaux-parents, Marie reprend la ferme familiale et prend soin de leur nouveau-né. Entre août 1914 et juillet 1919, elle écrit chaque jour à son mari et envoie dès qu'elle peut des colis de nourriture et de vêtements chauds. Sidney et Isabelle Brooke de Craigmyle, quant à eux, échangent près de 200 missives entre juin 1916 et avril 1918, conservés au Glenbow Museum à Calgary. Même si les femmes eurent l'occasion pendant la guerre de faire de nouvelles expériences et d'occuper de nouvelles fonctions, elles n'étaient toujours pas libres. [...]
[...] Qu'en est-il une fois la guerre finie ? II. L'impact de l'implication nouvelle des femmes dans la société d'après- guerre Quel fut l'impact de cette implication nouvelle des femmes dans l'économie et dans la société en général quand la guerre prit fin et que les soldats rentrèrent chez eux ? Les femmes obtinrent-elles de nouveaux droits économiques, sociaux et politiques ? La représentation des femmes évolua-t- elle ? Quel fut l'impact de la guerre sur les familles et les relations entre femmes et hommes ? [...]
[...] Les femmes obtinrent aussi des droits économiques tels que le salaire minimum, fixé en Alberta dès 1917. En 1921, elles représentaient 15,4% de la main-d'œuvre ouvrière rémunérée.[10] La même année, la Colombie-Britannique accorda aux femmes un congé maternité de six semaines. Il fallut cependant attendre 1964 pour qu'une deuxième province, le Nouveau-Brunswick, autorise le congé maternité. Certaines femmes accédèrent à des emplois jusque-là strictement masculins : Emily Murphy, militante pour le droit de vote, devint la première femme juge du Canada en 1916. [...]
[...] Au début de la guerre, la Société des Femmes d'Ottawa crée un Comité pour le Soldiers' and Sailors' Comfort Committee, chargé d'envoyer des objets de première nécessité aux soldats et aux marins. Dans leur rapport de 1917,[7] elles affirment avoir envoyé sur le front « 286 tenues, contenant chacune une veste, un oholere band, des attache-poignets et des chaussettes. » Certaines femmes deviennent « marraines de guerre » et sont chargées d'échanger et de soutenir des soldats partis au front. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture