Évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale, Charles de Gaulle, résistancialisme, collaboration, Jean Moulin, régime de Vichy, déportation juive, maréchal Pétain, mémoire de la Shoah, Auschwitz, révisionnisme, génocide
"Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple [...] avec l'appui [...] de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France". C'est ce qu'a prononcé Charles de Gaulle le 15 août 1944 place de l'hôtel de ville à Paris. Celui-ci rend alors hommage à la résistance gaulliste, mais occulte toute autre résistance, occulte la collaboration, et occulte le silence et l'accommodement d'une grande partie de la population. On a ici la représentation d'une mémoire, minoritaire parmi tant d'autres.
[...] Ainsi, le président Georges Pompidou gracie Paul Touvier, le chef de la milice de Lyon. Mais l'état français a tout de même pris en charge l'organisation du procès de Klaus Barbie, à Lyon, en 1987, et s'est porté membre de partie civile, bien que celui-ci soit allemand. Il est finalement condamné à perpétuité et meurt en prison en septembre 1991. III. Le temps de l'apaisement depuis les années 90 Pour finir, depuis les années 1990, la question du temps de l'apaisement se pose. [...]
[...] Effectivement, chacun tend à reconnaitre ses torts et son implication dans les évènements tragiques de la Seconde Guerre mondiale, bien que certaines mémoires soient encore polémiques. Tout d'abord, la France reconnait ses responsabilités dans la déportation des juifs. Ainsi, à l'aide de la loi contre l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité de 1964, l'association « Fils et filles des déportés de France » permet l'inculpation de trois fonctionnaires de Vichy pour complicité de crimes contre l'humanité suite au classement des quarante- deux mille personnes parties à Auschwitz depuis la France. [...]
[...] Effectivement, en 1945, la France est meurtrie par la défaite de la Seconde Guerre mondiale, et la société est divisée entre résistants et collaborateurs, à l'origine de multiples mémoires. En premier lieu, les mémoires héroïques de la résistance sont mises en avant, c'est le mythe résistancialiste. Ce mythe s'illustre par deux mémoires survalorisées : la mémoire communiste, et la mémoire gaulliste. Les communistes, qui n'ont commencé à résister qu'en 1941 suite à l'invasion de l'Union des Républiques Socialistes et Soviétiques (URSS), tentent de se faire passer pour des héros et martyrs. [...]
[...] On cherche par ailleurs à occulter la responsabilité de Vichy dans la déportation. Ainsi, des soldats français sont censurés dans un film en 1954 afin de masquer leur implication. II. Une période de remise en question (années 70-80) Ensuite, pendant les années 1970 et 1980, le pays fait face à une période de remise en cause des mémoires établies jusqu'alors en France. Certaines mémoires, jusqu'à présent cachées, font surface, tandis que d‘autres s'effondrent. Dans un premier temps, le mythe résistancialiste s'effondre, tandis que la collaboration émerge dans les mémoires. [...]
[...] Les historiens jouent également un rôle dans ces remises en cause. En effet, « la France de Vichy », publié en 1972 par Robert Paxton, rompt avec les travaux des historiens français en démontrant que l'état a volontairement collaboré en développant un programme antisémite et xénophobe. Dans un second temps, la mémoire de la Shoah s'éveille également. L'historienne Aneth Wieviorka appelle cette période « l'ère du témoin », car les survivants et leurs descendants commencent à sortir du silence et apportent leur témoignage. [...]
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