En novembre 1990, la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe adopte, lors du sommet de Paris, la « Charte pour une Europe nouvelle ». Cette initiative constitue la conclusion formelle de soixante-dix ans de reconstruction, d'adaptation de l'Europe, et de reconquête de la place dominante qu'elle occupait avant l'avènement du premier conflit mondial. Au cours du dix-neuvième siècle en effet, le continent européen se structure – et structure les relations internationales – par l'instauration puis le questionnement du « Concert européen ». Initié par la chute de Napoléon et le Congrès de Vienne en 1815, ce vecteur d'harmonisation et de consolidation de l'entité européenne se fonde sur les principes de légitimité traditionnelle et la prévention « par le haut » des menaces révolutionnaires propres à ce siècle. L'Europe du dix-neuvième siècle étant aussi celle des Empires et d'une certaine cogestion dynastique, elle développe une puissance internationale prépondérante par l'apparente perpétuation des principes d'Ancien Régime. Toutefois, en éludant les aspirations et ambitions des populations et des acteurs extra-européens, l'Europe évolue progressivement vers la destruction du système de Vienne, par les progrès des aspirations populaires au libéralisme et aux principes de nationalité. Déstabilisé par les vagues révolutionnaires de 1830 et 1848, ce système chute formellement sous le règne de Napoléon III. Mais les tensions nationalistes accompagnant ces résolutions conduisent à l'avènement de la Première guerre mondiale en 1914. Lorsque ce conflit s'achève, quatre ans plus tard, c'est le président américain Woodrow Wilson qui impose aux dirigeants européens une « paix fondée sur le principe des nationalités ». Celle-ci n'est toutefois pas suffisante, dans ses normes et ses implications, pour permettre l'instauration effective d'une paix durable en Europe. Ce continent demeure en effet, tout au long du vingtième siècle, un théâtre majeur d'affrontements internes et externes.
Ainsi, en quoi l'Europe demeure-t-elle au cœur de la définition du système international au vingtième siècle ? Si les dispositions adoptées à l'issue de la Première guerre mondiale conduisent à l'émergence de puissances extra-européennes, qui supplantent progressivement l'Europe dans la définition du système international (1918-1943) ; le raidissement de ces puissances – qui s'engagent dans une Guerre froide – les amène à envisager l'Europe comme un enjeu de puissance et un théâtre d'affrontement (1944-1962) ; avant que la détente entre ces deux Grands ne conduise l'Europe à s'émanciper en tentant de retrouver sa place dans le système international (1963-1990).
[...] Celle-ci apparaît plus conforme au droit des nationalités, les frontières étant largement redessinées en ce sens. Etablis sur la base axiologique du wilsonisme, ces traités (celui de Versailles, notamment) consacrent le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la diplomatie ouverte, la Société des Nations comme forum mondial et la généralisation de la démocratie libérale. Mais rapidement, ces innovations se heurtent à une certaine rémanence des pratiques traditionnelles : la structuration de l'espace européen des années 20 est donc à étudier dans la perspective contrastée de la modernité wilsonienne, et de la persistance d'une forme de Concert européen. [...]
[...] L'Europe du dix-neuvième siècle étant aussi celle des Empires et d'une certaine cogestion dynastique, elle développe une puissance internationale prépondérante par l'apparente perpétuation des principes d'Ancien Régime. Toutefois, en éludant les aspirations et ambitions des populations et des acteurs extra-européens, l'Europe évolue progressivement vers la destruction du système de Vienne, par les progrès des aspirations populaires au libéralisme et aux principes de nationalité. Déstabilisé par les vagues révolutionnaires de 1830 et 1848, ce système chute formellement sous le règne de Napoléon III. Mais les tensions nationalistes accompagnant ces résolutions conduisent à l'avènement de la Première guerre mondiale en 1914. [...]
[...] Cette démarche est d'abord le fait de la politique des mains libres du général de Gaulle, qui dénonce la bipolarisation du système international double hégémonie et rêve d'une Europe des patries, émancipée et universaliste. Ainsi, le président français décide de retirer la France de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), et fait évacuer les bases américaines et canadiennes établies en France. D'autre part, il critique les visées impérialistes des Etats-Unis, et tente de proposer un système européen et international original. [...]
[...] L'Europe, ruinée et profondément déstabilisée, ne peut refuser les résolutions dictées par Wilson : elle n'est plus le centre de gravité du système international. Divisée sur les stratégies diplomatiques, elle l'est aussi idéologiquement. La Russie bolchévique tente en effet d'étendre son Empire, tandis que les puissances de l'Entente soutiennent les forces contre- révolutionnaires, attisant les tensions internes et externes. Enfin, le Sénat américain, dans un sursaut isolationniste ambigu, refuse la ratification de l'acte constitutif de la SDN, pourtant initié par Wilson. [...]
[...] Les victoires rapides signées par le Führer (Blitzkrieg) conduisent les Etats-Unis à décider d'une intervention militaire sur le vieux continent : il est clair dès le début des années 40 qu'une alliance de démocrates européens ne pourra suffire à endiguer l'expansion germanique ; et le programme d' Ordre nouveau défini dans Mein Kampf pour le continent européen est le sujet de très vives angoisses dans le camp occidental. Le premier assaut allié est ainsi mené en juillet 1943 en Sicile. Cette implication américaine est décisive : une défaite allemande, inconcevable quelques mois avant, devient envisageable. Les débarquements et libérations alliées se succèdent ainsi jusqu'au 8 mai 1945, date de la capitulation sans condition des responsables allemands. La conférence de Potsdam qui la suit de quelques mois est fondamentale pour la définition du nouveau système international. [...]
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