La seconde moitié du XIXème siècle voit en Europe une évolution vers le partage du pouvoir des souverains avec des institutions représentatives. La vague révolutionnaire de 1848 a contrait les monarques à composer avec la souveraineté des nations, bien que dans la plupart des pays le régime parlementaire ne soit qu'esquissé. Après la Révolution de février, la France est la première en Europe après la Grèce à instaurer le suffrage universel masculin, sous le regard sceptique de l'Angleterre convaincue que l'heure n'est pas encore venue de donner le droit au vote aux masses non instruites : le libéralisme politique se traduit par le gouvernement des élites qui se méfiant du peuple. Mais à partir des années 1880, se développent les courants du radicalisme et du socialisme qui réclament le suffrage universel et son corollaire, l'éducation. Ainsi le suffrage universel est établi en 1818 en Hongrie, en 1869 en Espagne, en 1871 en Prusse, en 1896 au Pays-Bas. Les autres pays européens l'établiront dans le premier quart du XXème siècle. Cependant, outre le fait que ce suffrage est uniquement masculin, le mot « universel » est utilisé dans un sens très réduit ; il s'oppose à censitaire.
On entend par là l'absence de prise en compte de la richesse (universalité de moyens) avec exclusion des femmes, et de tous les dominés (domestiques, militaires) ; il s'accompagne de restrictions multiples, de fraudes et de dispositions visant à favoriser les classes aisés, telles que le double vote.
Comment se pratique le suffrage universel dans les pays l'ayant mis en place au tournant du XXème siècle ? Si l'instauration du suffrage universel a satisfait une des grandes revendications des populations, son application laisse largement à désirer et laisse une forte prééminence aux classes aisées.
[...] L'ouverture du droit de vote se fait par étapes successives et non en bloc, en Grande-Bretagne et en Autriche-Hongrie. Le gradualisme est le véritable principe directeur de la démarche suivie en Grande-Bretagne. Après la réforme de 1876, la réforme de 1885 impose, dans le cadre du scrutin majoritaire uninominal à un tour, un redécoupage des circonscriptions en fonction des effectifs de population. Les domestiques et les itinérants restent exclus, ce qui n'est pas négligeable et ne sera réparé qu'en 1918, en même temps que sera décrété le vote des femmes de plus de 30 ans. [...]
[...] Si l'instauration du suffrage universel a satisfait une des grandes revendications des populations, son application laisse largement à désirer et laisse une forte prééminence aux classes aisées. I. Le suffrage universel, l'accomplissement d'un idéal démocratique . A. Une intégration des masses 1. La satisfaction d'une revendication majeure des classes populaires Après la vague révolutionnaire de 1848, les masses réclament le suffrage universel, auparavant réclamé par des minorités intellectuelles ou bourgeoises. Ce sont les révolutions de 1848 qui passent pour la première expérience, en Europe, depuis 1789, où l'audience du débat politique va s'élargir aux masses. [...]
[...] En France, l'acclimatation d'une pratique du parlementarisme ne s'est vraiment achevée qu'après 1875. C'est donc la IIIe République, seule, qui donne aux députés les moyens d'exercer un véritable contrôle, donc qui fonde une véritable responsabilité ministérielle. On parle donc, côté anglais, de gouvernement de cabinet côté français, de régime d'assemblée L'éparpillement et le flou des forces politiques n'impliquent cependant pas que la France de la IIIe République soit restée rétive ou indifférente à la nécessité d'organiser des partis La législation garantit désormais les principales libertés publiques nécessaires à l'exercice du pluralisme dans une démocratie (loi sur la presse en 1881, liberté de réunion en 1882, liberté syndicale en 1884, loi sur les associations en 1901). [...]
[...] A droite, il en va de même, une grande partie des organisations nationalistes se recrute dans les classes moyennes voire inférieures : artisans, ouvriers des vieux métiers petits propriétaires cherchent à compenser leurs difficultés matérielles ans la passion chauvine et un projet impérialiste et autoritaire qu'ils partagent avec une fraction de la bourgeoisie. II . Mais dont la pratique est marquée par de profondes inégalités selon les pays A. Les inégalités dans l'exercice du suffrage 1. Les restrictions et les fraudes Le vote secret a longtemps été perçu comme dangereux : il faudra attendre longtemps pour inventer l'isoloir (Australie 1857, France 1913). [...]
[...] Aussi la dissout-il à deux reprises, en 1906 et 1907, dès que les désaccords deviennent manifestes. Pour la troisième Douma, élue fin 1907 (et la quatrième, en 1912), Stolypine fait modifier le poids des collèges, doublant le nombre de Grands Électeurs de la noblesse, baissant celui de la paysannerie et des petites villes. Ces épisodes pèseront lourd pour ôter sa crédibilité à la voie bourgeoise de la révolution, dans la Russie de 1917. Ainsi si, dans de nombreux pays, à la fin du I9eme siècle, des textes garantissent un certain parlementarisme, qui, combiné au suffrage universel, rend possible la participation du peuple à la vie politique, de fait, l'absence de majorité solide provoque souvent une incapacité parlementaire et donc une dictature» de l'exécutif. [...]
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