« Cette haute et maigre pyramide d'échelles de fer, squelette disgracieux et géant, dont la base semble faite pour porter un formidable monument de Cyclopes, et qui avorte en un ridicule et mince profil de cheminée d'usine ».
C'est ainsi que l'artiste français Guy de Maupassant décrivit ce qui est aujourd'hui un des monuments les plus visités au monde peu avant sa construction : la Tour Eiffel. Construire pour l'Exposition Universelle de Paris en 1889, cette tour est un chef-d'œuvre de modernisme et d'avant-gardisme.
La modernité est toujours quelque chose de très délicat à accepter et à considérer et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il est assez difficile de la définir. Si l'on s'en tient à une définition relativement stricte du terme, tout ce qui est inscrit dans son temps, tout ce qui est contemporain est moderne. Mais si l'on essaie de voir un peu plus loin, on se rend compte de la complexité de ce terme. La modernité recouvre des notions assez vastes. Elle peut être politique, économique, sociale, intellectuelle, culturelle ou même encore scientifique. Il convient ici de considérer la modernité comme quelque chose qui va dans le sens du progrès. Bien sûr, cela induit immédiatement une touche d'objectivité. Ensuite, la question est de savoir de quel point de vue doit-on se placer. Quelque chose est-il moderne par rapport à son temps ou par rapport à notre temps. Le problème pourrait être discuté longtemps. Toutefois, ici, nous considérerons la modernité comme un ensemble relativement disparate de changements économiques, politiques, sociaux et intellectuels qui attestent d'un pas vers le progrès et la démocratisation. Est-ce le chemin pris par le Vieux Continent tout au long du XIXe siècle ?
La modernité en Europe est une vaste question et nous nous efforcerons ici de répondre à la suivante. De nombreux débats animent les historiens. Certains, à l'instar de messieurs Gaillard et Rowley considèrent le mouvement de la modernité et celui de la démocratisation comme inexorable, à la manière du français Alexis de Tocqueville qui pensait la démocratisation comme un phénomène inévitable. D'autres, comme l'américain Arno Mayer, voient dans l'Europe de 1900 un quasi-statu quo et une permanence des structures traditionnelles d'Ancien Régime. Quelle hypothèse semble la plus véridique ?
[...] Quoi qu'il en soit, l'Europe est un espace qui se modernise, plus ou moins rapidement, bien que deux ensembles commencent à se distinguer : l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est. Ne sont-ce pas déjà les prémices d'un problème qui dure encore aujourd'hui et de la longue séparation entre deux blocs qui existât pendant la Guerre froide ? [...]
[...] Aussi disparate qu'elle l'est, l'Europe s'est modernisée au cours du XIXe siècle. Que ce soit sur le plan économique, avec une première mondialisation, ou sur le plan politique avec l'érection de la question sociale, on ne peut nier le progrès réalisé. Il faut cependant nuancer en remarquant que les pays d'Europe du Sud et de l'Est se démarquent par un certain retard ; retard qui n'a cessé de se creuser. Toutefois, il faut se méfier des raccourcis et se garder de ne voir que les côtés positifs de la modernité. [...]
[...] L'aristocratie est demeurée souveraine. Le système est tellement intégré que ce sont les anciens nobles qui dirigent encore. Ceux-ci ont réussi à dominer le système nouveau, tant sur le plan politique qu'économique, afin de conserver leur pouvoir et les prérogatives. S'ils ont perdu certaines de leurs prérogatives politiques, ils ont été intégrés l'appareil étatique. C'est le cas en France par exemple. Les grands propriétaires terriens sont encore ceux qui dominent et n'ont pas changé ( junkers en Allemagne, Landlords au Royaume-Uni, anciens nobles en France Les Chambres hautes aristocratiques existent toujours. [...]
[...] L'Europe est-elle moderne en 1900 ? Cette haute et maigre pyramide d'échelles de fer, squelette disgracieux et géant, dont la base semble faite pour porter un formidable monument de Cyclopes, et qui avorte en un ridicule et mince profil de cheminée d'usine. C'est ainsi que l'artiste français Guy de Maupassant décrivit ce qui est aujourd'hui un des monuments les plus visités au monde peu avant sa construction : la Tour Eiffel. Construire pour l'Exposition universelle de Paris en 1889, cette tour est un chef-d'œuvre de modernisme et d'avant- gardisme. [...]
[...] Le français n'est-il pas la langue officielle de la cour russe ? La modernité en Europe est une vaste question et nous nous efforcerons ici de répondre à la suivante. De nombreux débats animent les historiens. Certains, à l'instar de messieurs Gaillard et Rowley considèrent le mouvement de la modernité et celui de la démocratisation comme inexorable, à la manière du français Alexis de Tocqueville qui pensait la démocratisation comme un phénomène inévitable. D'autres, comme l'américain Arno Mayer, voient dans l'Europe de 1900 un quasi-statu quo et une permanence des structures traditionnelles d'Ancien Régime. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture