En 1945, l'Europe est profondément affaiblie par la saignée démographique et les ravages matériels de six années d'une guerre totale. Avant-guerre, l'Europe pouvait encore jouer un rôle important par l'intermédiaire de quatre puissances économiques diplomatiques et militaires, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie. Au lendemain de la guerre, l'Europe est partiellement détruite, ruinée et endettée, de créancière elle est déclassée au rang de débiteur. L'année 1947 marque la rupture des relations entre les Alliés vainqueurs de la barbarie nazie et l'entrée dans la guerre froide. Les États-Unis, l'Union soviétique et leurs alliés respectifs s'opposent désormais et le continent européen devient un enjeu de la rivalité Est/Ouest et l'un des théâtres majeurs de ces affrontements idéologiques et politiques.
Dans quelle mesure la rivalité Est/Ouest détermine-t-elle le destin de l'Europe de 1945 à 1991 ?
La Seconde Guerre mondiale se solde par 50 à 60 millions de morts. L'Europe est l'espace le plus touché avec plus de 35 millions de morts. En chiffres absolus c'est l'Union soviétique qui est la plus touchée avec 27 millions de victimes, l'Allemagne avec 7 millions, la Pologne avec 6 millions, le Japon 3 millions... La France est beaucoup moins touchée qu'en 14-18, mais compte 600 000 morts. En valeur relative, c'est la Pologne qui est le pays le plus touché avec 15 % de pertes par rapport à sa population totale d'avant-guerre suivie de l'Allemagne, de l'Union soviétique…
Des destructions matérielles massives : des champs de ruines. En Europe, les destructions sont massives, le continent sinistré. Globalement l'Europe a perdu près de 50 % de ses capacités de production par rapport à 1939. Les régions industrielles, les voies de communication et les villes ont été les cibles privilégiées et systématiques des bombardements stratégiques. La destruction des usines, des ports, des routes, des ponts, des lignes de chemin de fer et des gares désorganise la production et les échanges. Partout le produit national brut s'est effondré par rapport à 1939 (Italie : -39%, France : -46%, Allemagne : -71%).
[...] Le 5 mars 1946, l'ancien premier ministre britannique prononce un discours à l'université de Fulton (Missouri, États-Unis), devant le président Harry Truman. Dans ce discours qui a un grand retentissement, Churchill dénonce le non-respect des accords de Yalta, et notamment la "déclaration sur l'Europe libérée", par Staline et la satellisation forcée de l'Europe orientale par Staline. Il invente l'expression "rideau de fer" qui désigne la nouvelle frontière idéologique puis militarisée, qui sépare l'Europe en deux : à l'Est les pays sous le contrôle totalitaire de Moscou, à l'Ouest les démocraties libérales parlementaires. La satellisation de l'Europe orientale par Staline. [...]
[...] L'Union soviétique est un Empire multinational, à côté des Russes, il y a des Baltes, des Ukrainiens, des Moldaves, des Arméniens, des peuples musulmans en Asie centrale . Ces peuples qui au cours de l'histoire ont été intégrés par la force à l'Empire russe ou à l'Union soviétique profitent du changement de politique de Gorbatchev (moins de répression policière, moins d'usage de la force militaire) pour manifester leur volonté d'autonomie puis d'indépendance. Ce sont les Républiques baltes, Estonie, Lettonie, Lituanie, les plus proches de l'Occident par leur culture et leur niveau de vie, qui sont à l'origine du mouvement. Les autres Républiques suivent la voie de l'indépendance. [...]
[...] La "nouvelle détente" en Europe (à partir de 1985) 1. L'arrivée au pouvoir de Gorbatchev en Union soviétique. En 1985 Mikhaïl Gorbatchev succède aux éphémères Andropov et Tchernenko au poste de secrétaire général du Parti communiste d'Union Soviétique. Il prend une série d'initiatives capitales, des réformes destinées à régénérer le système communiste. Il veut être le rénovateur du système socialiste, non son fossoyeur. Deux idées maîtresses définissent son programme lancé en 1986 : 2. Un ambitieux programme de réformes : perestroïka et glasnost. [...]
[...] Les conditions de la détente en Europe 1. Les leçons de la Crise de Cuba. La crise de Cuba qui éclate en octobre 1962 entre les États-Unis de Kennedy et l'Union soviétique de Khrouchtchev est le paroxysme des tensions est-ouest. Pendant treize jours, Soviétiques et Américains se livrent à un bras de fer qui risque à tout moment de dégénérer en conflagration nucléaire. Ces "négociations au bord du gouffre" imposent une modération des tensions entre les deux blocs. La crise des fusées de Cuba inaugure une nouvelle phase dans les relations internationales, marquée par l'apaisement des tensions, la "détente", forme de la guerre froide qui instaure un code de relations entre les blocs, caractérisée par une politique de retenue réciproque, qui limite les risques d'escalade et d'affrontement entre les grands L'équilibre de la terreur et le risque de "destruction mutuelle assurée". [...]
[...] Ces accords sont considérés comme l'apogée de la détente, C. Les limites de la détente en Europe En réalité, les accords d'Helsinki et les accords de limitation des armements (SALT 1972) ne sont pas appliqués, l'esprit de la détente est contourné ou ignoré et les peuples continuent de subir l'ordre bipolaire Les échanges Est/Ouest restent limités. Les échanges économiques Est/Ouest restent marginaux malgré l'augmentation des importations de céréales par l'Union Soviétique. Les pays de l'Est offrent peu de produits compétitifs et manquent de devises pour importer. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture