1815 marque l'avènement d'une nouvelle ère, ainsi tous les historiens considèrent cette année comme celle qui marque la fin de la période révolutionnaire et le commencement du XIXe siècle. En quoi cette année marque-t-elle une rupture ? On observe à cette époque une réorganisation de l'Europe autour d'un mouvement de Restauration. Mais cette rupture est-elle complète ou reste-t-il des traces de la Révolution française ? La question se pose car, de fait, l'Europe de 1815 a voulu effacer les traces de la Révolution dont Napoléon en a été vu comme l'héritier par les grandes puissances de l'époque : la Prusse, la Russie, l'Angleterre et l'Autriche. De plus, la Révolution en elle-même n'est pas un mouvement uniforme puisqu'elle s'est organisée et construite en phases successives parfois contradictoires. D'où le terme de traces : ainsi les fondements de la déclaration de 1793, démocratiques et égalitaires, avaient déjà été oubliés par le Directoire et par Napoléon. On s'intéressera donc davantage aux traces de 1789.
En réalité, si l'année 1815 représente un retour en arrière indéniable (I), elle opère néanmoins un compromis avec la Révolution (II). De plus, l'Europe de 1815 a échoué dans sa tentative d'effacer les traces de la Révolution en sous estimant la persistance d'une idéologie révolutionnaire et le développement des nouveaux sentiments nationaux dans les décennies qui la succéderont (III).
[...] Par ailleurs, l'œuvre de Napoléon a influencé de nombreux Etats en matière de déclaration des droits, de code civil, de liberté religieuse et dans la formation d'assemblées de notables Au niveau territorial, de grandes modifications subsistent, la carte est simplifiée. Le Saint-Empire, disparu sous Napoléon, n'est pas rétabli : on passe de 234 à 39 Etats germaniques. L'Autriche affirme sa domination sur l'Europe et la Russie accapare la Pologne. La France, malgré les restrictions de territoire, conserve une superficie supérieure à 89. III. [...]
[...] On pourrait presque comparer ce régime à la monarchie constitutionnelle de 1790, fruit de la première révolution de 89. La restauration a emprunté les formes de l'Ancien Régime, mais a surtout avalisé et consolidé, sans se l'avouer, l'essentiel des conquêtes de 89. En Europe : l'œuvre de Napoléon dans le droit, l'administration et le territoire subsiste Il n'y pas qu'en France que les monarques octroie une constitution à leur peuple, la même chose se produit par exemple en Norvège ou aux Pays-Bas avec, entre autres, le suffrage universel censitaire masculin. [...]
[...] De plus, la terreur blanche pendant laquelle les royalistes se sont vengés sur la population et la tentative d'effacer la mémoire collective surtout sous Charles X n'ont pas eu l'effet escompté. Elles ont juste réduit le bonapartisme à la clandestinité : la reconnaissance de la mémoire Napoléonienne et révolutionnaire apparaît, dès lors, comme une entreprise difficile. Ce sera cependant chose faite sous la monarchie de juillet qui désamorce le côté subversif de Napoléon pour en entretenir le culte national avec notamment le rétablissement du drapeau tricolore et le rapatriement des cendres de l'empereur. [...]
[...] Même Benjamin Constant, plus modéré, estimait que la Révolution était allée trop loin dans la radicalisation. Pendant la Restauration, on exalte les éléments traditionnels : dans la famille avec l'abolition du divorce, le catholicisme religion de l'Etat et l'autorité du père et du roi. II . Elle opère néanmoins un compromis avec la Révolution En France : La Charte Il y a certes un fort retour en arrière en 1815, mais on n'assiste pas à une restauration totale de la situation pré-1789. [...]
[...] Ils organisèrent l'Europe comme si les nations n'existaient pas. Ainsi, l'Italie unifiée sous la domination française par Napoléon proteste quand le Congrès de Vienne la divise en 9 Etats et lui impose la présence autrichienne la réduisant à une expression géographique selon le mot de Metternich. De même pour la Pologne ans auparavant indépendants et les Belges et les Hollandais qui abhorrent leur réunion en un seul Etat. Le Congrès de Vienne sera contesté et dépassé partout où il a bafoué le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes Ainsi, la Belgique prendra son indépendance dès 1831. [...]
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