En 1871, l'épisode de la Commune frappe l'esprit des socialistes : la répression sévère qui frappe les Communaux, composés majoritairement de socialistes, détruit les possibles avancées du mouvement. C'est pour organiser la solidarité active des travailleurs contre le patronat et contre l'État qu'apparaît alors un mouvement ouvrier qui s'incarne essentiellement dans le syndicalisme, tandis que divers théoriciens et hommes politiques socialistes proposent, face à la misère ouvrière, des solutions révolutionnaires tendant à abolir la propriété privée des moyens de production et à établir une société nouvelle fondée sur l'appropriation collective.
Le socialisme peut couvrir deux acceptations : il peut se définir comme une doctrine politique et sociale qui prône une propriété commune du capital, une redistribution des richesses et une morale républicaine censée prévenir les dissensions de l'intérêt particulier. Mais le socialisme peut aussi se comprendre comme la formation d'une catégorie sociale, la classe ouvrière qui s'organise en mouvement pour la défense de ses intérêts, la satisfaction de ses revendications professionnelles. Cependant, le mot n'a pas de définitions arrêtées et recouvre successivement différentes acceptations.
Quelles pratiques culturelles distinguaient les socialistes au sein de la société française de 1880 à 1914 ? Ces années sont en effet particulièrement intéressantes pour étudier l'évolution du socialisme étant donné le fait qu'elles ont façonné l'idéologie socialiste.
[...] Les socialistes utilisent donc la grève comme moyen d'action permettant de faire triompher une société non capitaliste. La grève devient donc un élément familier de l'univers ouvrier, aussi bien dans les établissements relativement petits, que dans les entreprises de grande taille pour l'époque. Certains groupes ouvriers sont davantage investis que d'autres dans cette lutte gréviste: ainsi, les mineurs occupent le devant de la scène sociale. De plus, la ville facilite la mobilisation, la solidarité, l'organisation de tels mouvements. Cette croissance des grèves est liée tant à la diffusion des idées révolutionnaires qu'à la libéralisation du statut ouvrier. [...]
[...] Les femmes qui se revendiquent socialistes sont majoritairement exclues de la vie du parti. Certaines militantes tentent d'ouvrir la vie socialiste à la femme, notamment l'institutrice Élisabeth Renaud et la couturière Louise Saumoneau qui créèrent le premier ‘groupe féministe socialiste' qui adhéra en février 1900 à la Confédération du socialisme indépendant. Mais ces tentatives sont minoritaires et l'indifférence quant à la participation féminine règne chez les socialistes. Il n'existe que quelques centaines de femmes socialistes au début du XXe siècle. [...]
[...] Le syndicalisme révolutionnaire La stratégie syndicaliste révolutionnaire se veut la plus purement ouvrière. Elle refuse la médiation politique, les fausses réformes à court terme, mais aussi l'insurrection urbaine, qui risque, comme lors de la Commune, d'amener au bain de sang de l'élite ouvrière. Les principaux leaders du syndicalisme révolutionnaire sont des ouvriers des métiers hautement qualifiés ou des intellectuels déclassés. Mais la grande majorité du mouvement provient d'un prolétariat méfiant à l'égard des médiations politiques, vite découragé et enflammé. Une unité socialiste qui exclut certains groupes 1-La formation de la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO) Le sentiment que la division était une cause de faiblesse, la mise en cause de la collaboration avec les radicaux sont autant de raisons qui ont favorisé, le 23 avril 1905, de la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO). [...]
[...] I./ Un mode de vie principalement ouvrier Les socialistes, des ouvriers ? Un socialisme principalement ouvrier Les progrès du socialisme sont en effet partiellement liés au mouvement ouvrier, aux idéologies qui surgissent de la classe ouvrière ou qui la pénètrent, aux types d'organisation qu'elle se donne. Le socialisme se veut être un mouvement ouvrier de masse, et revendique son appartenance de classe comme projet social. Il va cependant progressivement s'élargir aux classes supérieures à partir du début du XXe siècle. [...]
[...] Un mode de vie ouvrier On peut observer un progrès lent, mais par à-coups du niveau de vie des socialistes, dont la plus grande partie appartient au monde ouvrier, et une permanence relative de l'arbitrage entre les postes de dépense. Ainsi, dans quinze budgets relevés par les membres de la société d'économie sociale entre 1878 et 1895, la part de la nourriture s'établit entre 46 et celle du logement de 5 à celle du vêtement de 8 à et les divers entre 5 et 19%. La condition des socialistes reste donc, sous l'emprise de la nécessité immédiate. Le logement, donc la vie familiale et quotidienne, reste sacrifié. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture