« Pour faire un républicain, il faut prendre l'être humain si petit et si humble qu'il soit, un enfant, un adolescent, une jeune fille, et lui donner l'idée qu'il faut penser par lui-même, qu'il ne doit ni foi ni obéissance à personne, que c'est à lui de chercher la vérité, et non pas à la recevoir toute faite d'un maître, d'un directeur, d'un chef quel qu'il soit, temporel ou spirituel.». Telle est la conception d'un républicain établie par Ferdinand Buisson en1903. Il suggère ici qu'à l'aube du XXe siècle et ce depuis les lois constitutionnelles républicaines de 1875, tous les Français sont concernés par la République. L'esprit républicain gagnant toute la société depuis l'institution de la IIIème République, tous peuvent être ou devenir des républicains. Pourtant cette conception est loin d'être une évidence tout au long du XIXème siècle. En 1830, la révolution des 3 glorieuses des 27, 28 et 29 juillet marque l'avènement du régime de Monarchie de juillet, sous le règne de Louis-Philippe. Ce régime bien qu'il soit d'inspiration plus libérale que la restauration de Louis XVIII et Charles X est une profonde déception dans l'esprit des républicains, qui avaient vu dans ces journées de juillet l'espoir d'imposer leur régime. Près d'un siècle plus tard, en 1914, le déclenchement du premier conflit mondial met la IIIème république à l'épreuve, et pose la question de sa capacité à résoudre une grave crise.
Dès lors, se pose la question suivante : comment a évolué la figure du républicain et le républicanisme entre 1830 et 1914 ?
L'Histoire des Républicains durant cette période peut se décomposer en trois parties.
[...] L'expérience du premier conflit mondial entre 1914 et 1918 est pour la IIIème République une épreuve décisive. Elle montre durant cette guerre la capacité de la République à s'imposer comme régime, et dure sous cette forme constitutionnelle jusqu'en 1940. Bibliographie -Serge BERSTEIN et Pierre MILZA, Histoire du XIXème siècle. Coll. Initial, éd. Hatier, Paris -Serge BERSTEIN, les cultures politiques en France, coll. L'univers Historique, éd seuil, Paris -Claude NICOLET, Histoire, Nations, Républiques. Paris, Odile Jacob, 2000. [...]
[...] L'aspiration de la commune est tout d'abord républicaine. Les communards aspirent à un relâchement des contraintes administratives et de la centralisation, ainsi qu'à l'anticléricalisme. Blanquistes et radicaux d'extrême gauche souhaitent alors rétablir une dictature de salut public inspirée de celle de Robespierre. Ils souhaitent fonder un ordre nouveau fondé sur l'association des travailleurs, dans les théories proudhoniennes. La lutte de Thiers contre la commune oblige les républicains à adopter une position face à cette dernière. Les plus conservateurs (Jules Simon ou Jules Grévy) soutiennent l'action de Thiers. [...]
[...] En ce qui concerne les républicains, ils sont alors divisés entre les radicaux et les opportunistes. Les premiers reprennent en partie l'ancien programme de Gambetta, sous la direction de Clémenceau. Démocrates, ils sont favorables à la suppression de la fonction présidentielle et du Sénat, à la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et à l'école primaire laïque et gratuite. Ils sont principalement soutenus par la petite bourgeoisie, mais aussi par les étudiants et les ouvriers. Les opportunistes montrent un plus grand goût de l'ordre et souhaitent tenir compte de toutes les opportunités (ce qui explique le nom qui leur a été donné). [...]
[...] Les républicains se divisent alors entre les hommes de l'ordre et la gauche. Cette opposition se traduit dans des lois comme la loi Falloux (en 1850) qui illustre un compromis entre les catholiques et les défenseurs d'une école libre et indépendante. La liberté de l'enseignement primaire et secondaire et proclamée, mais reste dans une large mesure dépendante du clergé. Un autre exemple de loi réactionnaire de cette période est celui de la loi du 31 mai 1850 qui écarte du scrutin la population ne pouvant pas justifier de plus de trois ans de domicile fixe, ce qui écarte, de fait, une partie importante de la population ouvrière. [...]
[...] Notons, en outre que la société française connaît durant cette période une mutation profonde dont l'influence sur la vie politique n'est pas à négliger. La crise financière à partir de 1882 oblige le gouvernement à prendre des mesures conséquentes. Le ministre de l'Agriculture Jules Méline institue par exemple un tarif très protecteur sur les matières françaises. Si ces mesures semblent montrer l'avènement d'une République des républicains en accord avec leurs idéaux depuis la monarchie de juillet, la fin du XIXème siècle est également marquée par plusieurs crises auxquelles la République fait face avec succès. [...]
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