Le terme « nationalisme » est un des plus utilisés dans la littérature historique et politique, pourtant, il n'en est guère qui révèle plus d'ambiguïté. Phénomène majeur de l'évolution des sociétés contemporaines, si le nationalisme apparaît comme une réalité incontournable du 19e siècle en Europe, il demeure néanmoins une réalité fuyante dans l'analyse historique, du fait de la multiplicité des revendications auxquelles il aspire.
Pour pouvoir déterminer qu'est-ce qu'être nationaliste, il faut en effet tenir compte du contexte historique dans lequel s'inscrit la période considérée, du pays, et de la situation de celui-ci par rapport au contexte, les revendications nationalistes étant dépendantes de ces variables.
Après l'échec du Printemps des peuples, le second 19e siècle est marqué par le triomphe du principe des grandes nationalités avec l'unification politique de l'Allemagne et de l'Italie, et en parallèle, l'émergence des micro-nationalismes à l'exemple des réactions contre l'hégémonie autrichienne en Europe centrale. Ainsi, les manifestations nationalistes en Allemagne ne sont pas les mêmes qu'en Hongrie par exemple.
Mais ces différences ne représentent guère un obstacle insurmontable à l'établissement d'une étude comparative car au-delà de la multiplicité de ses manifestations, le nationalisme peut être appréhendé d'un point de vue général, avec des thèmes communs à toutes ses doctrines. Il se définit essentiellement par « un principe politique, qui affirme que l'unité politique et l'unité nationale doivent être congruentes » (Ernest Gellner).
Nous nous demanderons donc qu'est-ce qu'être nationaliste dans cette deuxième moitié du 19e siècle, à l'intérieur d'une Europe bouleversée par les conflits et les guerres qui président partout à la constitution de nouveaux Etat nations, et dans des contextes différents.
[...] Les nationalistes ne demandent-ils pas la reconnaissance du droit des peuples de choisir leur nation, en l'occurrence ici la leur ? Etre nationaliste, c'est donc aussi porter l'idée de Renan d'une nation dont l'appartenance se détermine volontairement. Par exemple, si l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine est justifiée par les Allemands, elle représente pour Renan un crime contre la volonté d'un peuple. Celui-ci accorde ainsi une grande importance à la légitimité populaire au point de parler de nation élective Etre nationaliste dans le cadre d'une population soumise, c'est aussi vouloir être gouverné par ses semblables. [...]
[...] Le thème est avant tout fondamental dans les revendications des peuples assujettis qui aspirent à l'indépendance car l'acquisition de cette souveraineté applique concrètement leur droit de disposer d'eux-mêmes. Etre nationaliste, c'est donc en fait vouloir faire coïncider l'Etat avec le groupe national conscient de son individualité. Mais l'Etat nation constitué, la souveraineté n'en demeure pas moins un thème important, et être nationaliste, c'est ici vouloir la défendre et même l'étendre. Ainsi, une vague de démocratisation par le suffrage universel traverse l'Europe des Etats nations nouvellement constitués tout au long du second 19e siècle et du début du 20e siècle. [...]
[...] En Hongrie, les nationalistes de la résistance ne rêvent pas d'une indépendance totale de leur peuple vis-à-vis de l'Autriche, mais d'une association des deux pays qui pourraient leur permettre de profiter d'une agriculture plus lucrative. D'ailleurs, ces revendications mènent au compromis austro-hongrois de 1867. Le nationalisme des peuples assujettis repose donc sur la question de la légitimité d'une domination politique étrangère. En effet, leurs revendications visent à l'adoption d'un Etat séparé, à cause de leurs spécificités linguistiques, ethniques et religieuses, et posent ces principes en tant que fondement de la légitimité de l'autorité politique. [...]
[...] La notion apparaît en Grande-Bretagne puis dans la langue française dès la fin du 18e siècle pour désigner les manifestations de la conscience nationale. Mais elle s'enrichit ensuite de plusieurs significations successives qui rendent plus complexe la tache d'établir une définition du mot dans son ensemble. Le terme acquiert droit de citer dans les années 1870 et 1880, mais sa signification n'en est pas devenue précise pour autant. Elle change selon les pays, les situations, les périodes. L'emploi du terme nationaliste exige d'être perpétuellement défini en fonction du moment considéré. [...]
[...] Ce mouvement repose principalement sur la théorie de la supériorité de la race allemande. Etre nationaliste en Allemagne après 1871, c'est donc croire en la supériorité de son peuple, même bien plus, adhérer aux nombreuses associations qui se créent alors et qui défendent la même idée par de la propagande (la plus importante et la Ligue pangermaniste en 1893). En Italie, les mêmes aspirations sont portées par un petit groupe d'intellectuels qui se donnent le nom de nationalistes, et qui est fondé en 1900. [...]
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