L'année 1848 est le symbole d'une rupture importante dans la vie politique française, car elle marque, lors des évènements de février, la fin de la monarchie qui ne sera plus jamais restaurée par la suite. C'est aussi le début de la Seconde République, une république attendue, mais qui ne survivra que quatre ans. Seulement la monarchie était en quelque sorte l'incarnation de l'idée de droite en France et sa disparition pose le problème de l'adaptation des gens de droite à de nouveaux régimes, pas nécessairement à droite.
Le ralliement de la droite à la République est alors un enjeu important au XIXe siècle, et de nouvelles scissions touchent la droite pourtant déjà divisée. Être de droite en France n'a donc pas la même signification dans tous les milieux ni aux différentes époques étudiées. En effet, la part de population se réclamant de droite en 1848 n'est pas représentative de celle de 1958, car l'histoire et les différents évènements qui la composent ont nécessairement entrainé une évolution des mentalités, des situations politiques ainsi que de l'idée même de droite.
On peut alors s'interroger sur ce que signifie « être de droite » en France de 1848 à 1958 et sur la manière dont cette idée a évolué avec les différents régimes et l'enracinement de la République au cours de cette période.
[...] Les hommes de droite les plus exposés sont bien évidemment ceux ayant un rôle politique. Seulement, ce rôle a pu varier selon les régimes, et l'influence des hommes politiques de droite a pu être amoindrie par l'enracinement de la République au XIXe siècle. En 1848, le gouvernement de la Seconde République est provisoire et se compose de membres de journaux républicains ; il n'y a donc pas de place pour les hommes de droite. Les élections à la constituante des 22 et 23 avril se font au scrutin départemental de liste afin de limiter l'influence des notables, conservateurs et de droite. [...]
[...] Il n'existe en réalité que par la résurgence du Second Empire (1852- 1870). On peut observer qu'il offre souvent des exemples d'adaptation comme de 1851 à 1852, lorsque Louis-Napoléon Bonaparte parvient à transformer son statut de président de la République en celui de prince-président à la tête d'un Empire. Plutôt qu'un corps de doctrine, il offre à ses partisans des recettes de sécurité. Quant à sa situation politique, si la confirmation des acquis révolutionnaires ainsi que le principe d'autorité appartiennent à la tradition de gauche, la référence à la gloire se joue des classifications et suite à la conjoncture du Second Empire, le régime choisit une politique autoritaire et conservatrice de droite. [...]
[...] Dans Les droites en France, René Rémond utilise la métaphore de la plante politique : Certains terrains paraissent plus favorables à telle plante politique qui s'y acclimate plus aisément et y pousse plus vivace ; sur d'autres au contraire, réputés obstinément réfractaires, elle n'a jamais réussi à s'établir, ou elle végète et dépérit. Y aurait-il dans la relation entre l'espace et les idéologies quelque chose de comparable aux associations entre le terrain et les essences végétales ? Cela illustre bien cette permanence des bastions de droite. Mais pourquoi y a-t-il de tels bastions ? Le facteur unique d'explication tel que la structure agraire, le régime de la propriété, la composition sociale ou encore les croyances religieuses a été écarté. [...]
[...] C'est d'abord un libéralisme conservateur qui s'oppose au légitimisme. Sous la IVe République, ce courant est toujours entretenu par les Indépendants, devenus les Républicains indépendants de Valery Giscard d'Estaing. Mais en dehors du libéralisme conservateur des orléanistes, il existe un véritable libéralisme considéré comme un courant à part entière. Il défend et illustre la liberté sous toutes ses formes et au cours du XIXe siècle, son influence sur la pensée politique est considérable. On la relève pendant la seconde décennie du règne de Napoléon III et sous la IIIe République. [...]
[...] Différents facteurs concourent à uniformiser la répartition : mobilité de la population, exode rural, croissance urbaine, impact des médias . Les différentes opinions sont progressivement représentées dans toutes les circonscriptions et dans des proportions moins éloignées des moyennes nationales. La géographie de la droite est donc complexe et on peut y repérer des bastions solides ainsi que des régions changeantes. Au niveau national, la répartition est irrégulière mais la droite est toujours présente dans l'opinion tout au long de la période, malgré des hauts et des bas. [...]
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