Pour revenir aux définitions de la Résistance, Jean- Pierre Azéma et François Bédarida, y voient « l'action clandestine menée, au nom de la liberté, de la nation et de la dignité de la personne humaine, par des volontaires s'organisant pour lutter contre la domination (et le plus souvent l'occupation) de leur pays par un régime nazi, ou fasciste, ou satellite ou allié » . Cette définition comprend la résistance armée (guérilla, maquis, sabotage, réseaux d'évasion et de renseignement), la résistance civile (politique et idéologique) et la résistance humanitaire (aide aux victimes de la persécution et de la répression). Cependant, peut-on voir dans cette définition la prise en compte juste et précise de l'activité résistance des réfugiés et des immigrés en France ? Il s'agit alors de replacer le rôle des exilés allemands dans la Résistance antifasciste en France, d'une manière qui traite de l'ensemble des aspects de leur contribution mais qui comprend aussi une certaine reconnaissance de leur participation à la lutte contre le nazisme et à la libération d'un territoire qui n'était pas le leur. Comment appréhender de la manière la plus juste au vu de notre Histoire la contribution des étrangers allemands à la Résistance ? A la fois acteurs et victimes, en quoi les antifascistes allemands ont formés des éléments indispensables de la structure résistance ? Enfin, dans quelle mesure cet engagement pour la liberté a poussé ces hommes à résister et en retour, en quoi la Résistance a pu être un facteur d'intégration pendant et après la guerre ? Dans un premier temps, il faut s'intéresser à la situation des réfugiés avant la guerre ainsi qu'au lendemain de la signature de la convention d'armistice afin de comprendre leur engagement dans la Résistance. Ensuite, qu'est-ce qu'être allemand dans la Résistance en France pendant la Seconde Guerre mondiale ? Entre recherche d'identité et intégration, les antifascistes allemands doivent faire face à d'importantes difficultés. Enfin, ayant à l'esprit que la résistance est aussi perçue comme tout acte subversif visant à empêcher la réalisation des objectifs de l'occupant, il s'agira d'analyser les succès et les échecs des mouvements de Résistance allemands en France.
[...] Tentant de déjouer la propagande nazie, la résistance des exilés, au-delà de ses fonctions de représentation, d'information à l'étranger et de soutien de la résistance en Allemagne, joue donc également un rôle d'intermédiaire, de passeur entre la résistance intérieure et l'étranger. Cependant, ces prémices à un mouvement de Résistance uni ne se sont pas faites sans difficultés. En effet, si l'exil représentait pour ces réfugiés le seul espoir de rester en vie, c'était aussi un déchirement : il leur fallait tout quitter pour tenter de survivre. Ce choix douloureux était parfois compensé par l'espoir de retourner en Allemagne après la chute hypothétique du régime nazi. [...]
[...] En fait, la France fait partie des pays qui subissent massivement la crise économique mondiale : les gouvernements successifs entament des politiques d'austérité et déflation, qui se répercutent sur le moral populaire. S'en suivent alors relents de xénophobie et d'antisémitisme envers les étrangers, qui sont accusés de tous les maux de la France. Cependant, quelques groupuscules viennent témoigner leur solidarité aux exilés et aux victimes du fascisme hitlérien. On peut ainsi mettre en valeur la solidarité publique au travers des Comités juifs ou encore du Secours rouge ainsi qu'une solidarité plus civile en prenant pour exemple les français qui accueillent chez eux des émigrés. [...]
[...] La première difficulté pour les Allemands victimes de ces persécutions consistait alors à trouver un pays d'accueil. Cependant, l'obtention d'un visa était souvent difficile. Malgré la création en octobre 1933 d'une organisation autonome d'aide aux réfugiés par la SDN, les exilés allemands n'ont pas pu en profiter étant donné le retrait allemand de la SDN par Hitler le14 octobre 1933. D'autre part, les pays voisins de l'Allemagne ferment leurs frontières aux réfugiés allemands en raison de l'exode massif de juifs allemands. [...]
[...] Déjà en juillet 1934, le président de la section allemand de la Ligue des droits de l'homme note : la majorité des émigrés a l'impression d'être plutôt indésirable que désirable Isolés à l'étranger, souvent considérés avec mépris ou rejetés, les exilés avaient le statut juridique précaire de réfugiés ; la plupart d'entre eux furent confrontée à des difficultés matérielles. D'autre part, refoulements, expulsions sans justifications sèment la déception et la peur parmi les réfugiés. En mai 1938, la psychose de l'espionnage poussa les autorités à publier les décrets lois du gouvernement Daladier (internement et restriction sur possibilités de séjour). Les allemands sont alors internés dans des camps tous les Allemands résidant en France, en tant que ressortissants d'un pays ennemi. [...]
[...] L'émigration allemande ne dispose d'aucune instance chargée de parler en son nom. Il apparaît, de ce fait, d'autant plus indispensable que, dans ce journal, seul quotidien des réfugiés allemands, soit exprimé de la manière la plus nette que, en cas de guerre contre le IIIe Reich, il ne peut y avoir aucune hésitation chez les réfugiés allemands : ils seront aux côtés de la France et de ses alliés et il va de soi qu'ils ne reculeront pas, pas plus que les Français eux-mêmes, devant les sacrifices exigés pour la défense de ces pays et la défaite de l'agresseur allemand. [...]
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