À l'issue de la Première Guerre mondiale, le Président Wilson se montre largement indifférent au système européen traditionnel : soucieux de construire une Europe de la justice, fondée sur le voeu des populations, il souhaite l'établissement d'un ensemble d'Etats, petits et grands, rigoureusement égaux en droit. Wilson envisage donc la destruction de l'équilibre européen, d'autant que l'Europe ne lui apparaît pas comme une entité. Wilson, pense fondamentalement en termes universalistes et c'est un organisme mondial, la SDN et non européen, qui doit se charger du maintien de la paix, y compris en Europe. Les Etats-Unis manifestent cependant par la suite un certain intérêt pour l'idée européenne : un certain degré d'unification pourrait peut-être après tout éviter à l'Europe ses accès de folie suicidaire. Mais les victoires nazies portent un coup très dur à l'idée européenne aux Etats-Unis. Un temps, les Américains identifient Europe unie et Europe germanisée.
L'idée européenne ressurgit cependant vers 1942-1943. Il apparaît qu'il serait plus facile, à la fin du conflit, de rebâtir une économie européenne unifiée plutôt qu'une série d'économies nationales séparées. Ceci étant, les Etats-Unis sont d'abord prudents : une union fédérale des Etats européens peut certes constituer un objectif intéressant, mais il ne faut pas, d'une part, heurter la susceptibilité de l'URSS et ne présente-t-elle pas, d'autre part, un danger ? Les Etats-Unis sont après tout en partie entrés en guerre pour empêcher une Europe hostile de les menacer. Il serait dans ces conditions pour le moins hasardeux de contribuer à la réapparition de ce péril en aidant à l'unification du vieux continent. De toute façon, le Président Roosevelt ne pense pas très différemment de Wilson : sa grande ambition est la mise en place d'une sorte de SDN perfectionnée, l'Organisation des Nations Unies, qui doit consacrer le rôle des grandes puissances, à l'échelle mondiale (...)
[...] Les Etats-Unis, peu soucieux d'apparaître comme les financiers d'une guerre coloniale, demandent en effet aux Français de promettre aux Indochinois une indépendance à peu près complète. C'est chose faite à partir de l'été 1953. Mais c'est une déception pour les Américains : cela ne suffit pas vraiment à transformer une guerre coloniale en croisade pour la liberté et, par contre, les intérêts français en Indochine apparaissent de moins en moins évidents. C'est dès lors une partie de l'administration américaine qui essaie de convaincre les Français de continuer la lutte en Indochine, même si cela doit mettre en péril la CED ! [...]
[...] Les Etats- Unis poussent désormais le vieux continent à s'unifier. Ils se heurtent cependant à un refus obstiné des Britanniques. Le Royaume-Uni ne souhaite pas, en effet, participer à une union européenne. Ceci s'explique par un refus des abandons de souveraineté, considérés par les Britanniques comme une menace pour leur expérience économique et sociale d'inspiration socialiste. En matière économique, le Royaume-Uni estime n'avoir pas grand chose à gagner à l'ouverture des marchés européens. Le Royaume-Uni préfère alors conserver des liens étroits avec le Commonwealth. [...]
[...] Comment réarmer l'Allemagne ? Mais cette avancée est bientôt remise en cause par le problème du réarmement allemand. Les problèmes de sécurité européenne se posent assez vite après 1945. Les Occidentaux ont conclu entre eux le 17 mars 1948 le traité de Bruxelles qui constitue une alliance défensive entre le Royaume- Uni, la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, mais, à cette date, ce traité ne fait, dans une assez large mesure, qu'accumuler les non- puissances militaires. Les Européens de l'Ouest parviennent bien à obtenir le 04 avril 1949 la signature du traité de Washington qui crée l'Alliance atlantique, d'ailleurs nettement moins contraignante qu'ils ne l'auraient souhaité, mais, la guerre de Corée, qui débute le 25 juin 1950, provoque une véritable panique en Europe. [...]
[...] Ce à quoi Bidault aurait répondu vertement : Naturellement, vous êtes tout à fait prêts à sacrifier les traditions des armées de Napoléon et de Blücher, mais non celles de Wellington Il convient cependant de préciser que certains fonctionnaires américains semblent avoir envisagé avec plus de détachement un éventuel échec de la CED. C'est ce qu'indique un document cité par Gérard Bossuat dans L'Europe des Français (Publications de la Sorbonne, 1996). Les origines du document, qui date du 12 septembre 1952 ne sont malheureusement pas précisées. Ses auteurs rappellent que l'intégration européenne ne saurait être, pour les Etats-Unis, une fin en soi. Il faut défendre l'unification de l'Europe en vue de satisfaire les intérêts américains. [...]
[...] Le processus prévu pour la constitution d'une armée européenne leur apparaît bien trop lent eu égard à la situation en Corée. B. Les États-Unis apportent un soutien total à la CED. La politique américaine change cependant à partir de l'été 1951 : les Etats- Unis estiment dès lors que la CED doit permettre d'atteindre simultanément trois objectifs : obtenir le réarmement allemand, sans lequel la défense de l'Europe leur paraît toujours plus problématique. régler le problème allemand, à un moment où il n'est plus possible de maintenir plus longtemps l'Allemagne sous un statut d'occupation. Rendre l'Europe occidentale viable. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture