A l'aube du XIXe siècle, alors que la France entre dans une période révolutionnaire troublée qui instaurera une République instable et que le Royaume-Uni vit toujours sous une monarchie parlementaire conservatrice et non démocratique, le monde assiste à la naissance d'un nouvel Etat : les Etats-Unis d'Amérique. Cette naissance ne s'est pas faite facilement, mais au terme d'une violente guerre d'Indépendance contre l'Angleterre et d'un difficile compromis autour d'une Constitution commune.
En effet, la première association dans laquelle se rassemblent les anciennes colonies en 1777 prend la forme d'une confédération.
C'est finalement la détermination des délégués de la Convention de Philadelphie de 1787 qui permet l'adoption d'une Constitution fédérale, conciliant ainsi l'aspiration au rassemblement de certains au respect des particularismes locaux auxquels sont attachés les autres. Elle entre en application le 4 mars 1789.
Inspiré de la culture libérale anglaise, le régime instauré est pour autant très novateur. C'est une République fédérale ; les trois pouvoirs, chacun associé à un organe spécifique, sont soigneusement séparés. Mais à ses débuts, la République fédérale des Etats-Unis n'est pas une démocratie.
[...] Les Pères Fondateurs travaillent dans le seul intérêt des Etats-Unis. Pour autant, ils ont conscience d'accomplir un moment historique qui servira inéluctablement de modèle. Les Etats-Unis sont un pays neuf ; tout reste à construire. L'égalité y est sensiblement plus présente que dans la vieille Europe, les grandes lignées aristocratiques qui se perpétuent à travers le temps grâce à l'héritage n'ayant pas encore eu le temps de se constituer. Aux Etats-Unis, chaque homme part de presque rien (sur ce continent immense et vierge, des terres sont distribuées gratuitement). [...]
[...] Il y défend le bicamérisme et l'instauration d'une séparation stricte du pouvoir exécutif, que l'on confie à un Président de la République élu au suffrage universel, et du pouvoir législatif, confié au Parlement. Mais le modèle américain est largement idéalisé. Dans la réalité, les exclusions et les inégalités rendent la démocratie américaine très imparfaite. III Une démocratie très imparfaite 1. De nombreux exclus Peut-on vraiment parler de démocratie lorsqu'une majorité de la population est maintenue en marge du système politique ? Cette exclusion se traduit d'abord par le refus d'accorder le droit de vote à certaines catégories. [...]
[...] Seule la volonté compte ; il est possible de franchir les barrières sociales très facilement. Le mythe du self-made-man se construit peu à peu (le Président Andrew Jackson en est d'ailleurs une figure). Elise Marienstras déclare que le discours des fondateurs ( ) efface de la société du moment toutes ses aspérités et la donne en modèle au monde ; il projette sur l'avenir des rêves qui prennent parfois la forme de l'utopie. Le mythe d'une société sans classe et sans conflit religieux transparaît dans ce modèle qui fonde le rêve américain. [...]
[...] Les Etats-Unis, dans une certaine mesure, se sont construits contre les Indiens. On peut légitimement se demander comment une vraie démocratie peut se former dans de telles conditions. Enfin, dans certains Etats, l'exclusion touche les catholiques. Le droit de vote leur est refusé et ils sont assez mal vus. Les Irlandais par exemple, sont pauvres et réussissent mal leur intégration. Mais au-delà de l'inégalité devant la loi, il existe aussi une égalité de fait au sein de la société américaine Une démocratie inégalitaire Bien que la société américaine soit moins inégalitaire que les sociétés européennes, les Etats-Unis voient l'écart qui sépare les plus riches des plus pauvres se creuser. [...]
[...] Les notables jouent un rôle décisif dans la détermination du vote des plus faibles et des moins informés. La recherche de la démocratie ne peut se faire que dans la recherche de l'égalité. Il semble indispensable de mener une politique sociale pour que l'égalité contenue implicitement dans le principe même de la démocratie soit transformée en égalité de fait. Or Andrew Jackson ne mène aucune action dans ce sens. Sur le plan économique, il est partisan du Laissez faire et croit en un Etat minimal qui ne s'immisce pas dans les mécanismes de l'autorégulation. [...]
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