Lorsqu'en 1921 la transition de l'économie de guerre à l'économie de paix est achevée, la majorité des Américains s'en remet entièrement aux spécialistes économiques qui annoncent une ère de prospérité sans fin. Le président Herbert Hoover, lorsqu'il déclare en 1928 qu'aucun autre pays n'a jamais été « plus près du triomphe définitif sur la pauvreté » reflète bien l'état d'esprit d'une nation qui fonce pourtant à toute vitesse dans le mur de la Grande Crise de 1929, ce qui mettra définitivement fin aux « Roaring Twenties » et ses illusions.
Comment les Etats-Unis ont-ils pu à ce point se tromper ? Le marasme économique qui suit la crise de 1929 et qui s'étend bien au-delà de l'Amérique est la preuve de l'illusion et de l'inexpérience dans lesquelles baignent les Etats-Unis des « Roaring Twenties ». Une inexpérience dans la connaissance du capitalisme, dont on croyait pourtant savoir, qui n'est pas la seule explication de cette catastrophe. C'est dans toutes les contradictions, aussi bien à l'échelle de l'administration, de la société, de l'économie et des relations internationales qu'il faut chercher une explication.
On cherchera donc à voir comment l'étude des Etats-Unis des « Twenties » permet de comprendre cette « prospérité », ses limites et les facteurs qui mènent à la crise de 1929. On verra pour cela dans un premier temps ce qui nous montre, dans l'économie, la société et les relations internationales qu'en 1921 les Etats-Unis entrent réellement dans une ère nouvelle. Une ère pourtant marquée aussi par les illusions et les fragilités du système. Ce qui se manifeste surtout par les inégalités, les contradictions dans la politique étrangère et l'effacement du politique devant le « Big Business ». Tout ceci prépare la crise de 1929, dont les causes directes sont l'attitude « égoïste » des Etats-Unis et les risques financiers du système, menant à une spéculation puis à la crise.
[...] Or, dans ces conditions, pour éviter toute interruption catastrophique du flux des échanges, les Etats-Unis durent accorder massivement des crédits croissants. Le château de cartes financier se retrouve donc à l'extérieur aussi bien qu'à l'intérieur des Etats-Unis, sauf qu'il se trouve que de ce fragile édifice de la prospérité dépendent cette fois-ci la majorité des autres Etats, parmi lesquels ceux du Vieux Continent, que seule cette prospérité économique tient à l'écart d'un nouveau conflit, dont les germes politiques sont déjà présents depuis 1918 et qui n'attend en sorte qu'un élément déclencheur pour se déclarer. [...]
[...] Le vieux continent perd donc un peu de son crédit après ce conflit, ce qui permet aux Etats-Unis d'avancer leurs pions. D'autre part, l'Europe a besoin du soutien américain pour se reconstruire. Les prêts et investissements à l'étranger américains atteignent ainsi les 2900 milliards de dollars en 1919, somme pharaonique dans laquelle l'Europe se taille d'ailleurs la part du lion. Assumant leur rôle de banquiers du monde les Etats-Unis surent par ailleurs assortir leurs prêts de conditions politiques précises. Cette responsabilité économique des Etats-Unis en Europe et ailleurs dans le monde se trouve donc être le principal ciment de la prospérité dans le monde et surtout le principal rempart contre un nouveau conflit, dont les germes ont été posés dès la conférence de la paix à Versailles. [...]
[...] On cherchait au travers de cette analyse des Etats-Unis des Roaring Twenties à comprendre les ressorts de cette prospérité ses faiblesses et aussi les éléments qui ont pu conduire à la crise de 1929. Il est apparu que cette période était avant tout celle de l'entrée pour l'Amérique dans une ère nouvelle tant du point de vue de son économie que celle de la société ou des relations internationales qu'elle entretient en tant que nouvelle première puissance mondiale. Mais tous ces caractères ne doivent pas cacher les fragilités et les illusions qui caractérisent les actions et les convictions des Etats-Unis de 1921 à 1929. [...]
[...] Celle-ci est sans éclat, c'est en effet le Big Business qui détient les leviers du pouvoir. Ainsi Andrew Mellon, grand banquier et roi de l'aluminium, a-t-il le poste de secrétaire au Trésor. Un poste qu'il occupe en défendant les intérêts de sa classe le Mellon Act supprime en effet les impôts sur les superprofits On tire un trait sur les profits des profiteurs de guerre Coolidge observe ainsi que de son point de vue les affaires de l'Amérique c'est de faire des affaires et identifie même le gouvernement au parti des affaires tout en lui donnant une dimension religieuse : Celui qui construit une usine construit un temple [ Celui qui travaille participe à un service divin [ Pas de Big Government face au Big Business donc, le laissez-faire est la norme dans ce climat de croissance faramineuse des industries, des banques et de l'énergie. [...]
[...] Le Federal Reserve Act, dotant les Etats-Unis d'une banque centrale et réorganisant le système bancaire ne date que de 1913. Signe de l'inexpérience en ce domaine des banquiers américains. À pratiquement de 1928 le système ne cesse pratiquement plus de s'emballer, déclenché par l'abaissement du taux de l'escompte de 4 à en août 1927. Dans l'atmosphère d'euphorie, un nombre croissant d'amateurs se mit à emprunter pour spéculer, étant donnée la régularité des gains enregistrés par ceux qui revendaient presque immédiatement après avoir acheté. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture