L'histoire du continent nord-américain est marquée par la fulgurance: découvert par les Européens en 1492, il sera colonisé au XVIIème siècle, constituera une nation à la fin du XVIIIème pour enfin s'affirmer comme super-puissance au XXème siècle. Cette histoire laisse derrière elle un mythe fondateur qui constitue probablement un des socles identitaires les plus puissants au monde, tant pour les Américains eux-mêmes que par l'image qui en est donnée dans le reste du monde. L'image de la terre promise fait partie de ce mythe: la soi-disante virginité du continent à sa découverte puis l'espace illimité que le continent a longtemps semblé offrir à la conquête vont ouvrir la voie à un rêve d'accomplissement individuel ou collectif qui se déclinera sous de nombreuses formes. Le continent sera ainsi vu tour à tour comme un pays de cocagne où l'or coule à flot où un pays de liberté où les opprimés trouvent refuge. Toutefois, il faut attendre la seconde moitié du XIXème pour que se formalise l'idée de la terre promise comme mythe fondateur de l'identité américaine. Ceci se perçoit aussi bien dans des oeuvres ou des parutions qui théorisent la construction de celle-ci, tel l'article de John O'Sullivan en 1845 concernant la "destinée manifeste" américaine, ou le livre de Frederik Turner sur La frontière dans l'histoire des Etats-Unis. L'essor de la presse, de l'imprimé, mais aussi des premières images cinématographiques ont également permis de créer un Ouest mythique empreint de sauvagerie et de liberté ou tout semble possible, qui contribue à cette dynamique.
L'essor du mythe à ce moment précis ne correspond pas à un hasard historique: le pays est alors marqué par une expansion démographique et territoriale sans précédents. En 1912, l'Est touche l'Ouest et l'Union comporte 44 Etats, contre 13 lors de la guerre d'indépendance. L'expansion démographique, par laquelle la population du pays passe de 31 millions en 1860 à 76 millions en 1900 est essentiellement due à une accélération massive de l'immigration à partir de la découverte de l'or en 1848. L'immigration connaîtra un ralentissement après-guerre, notamment avec la loi des quotas restreignant l'immigration en 1921, date qui clôt notre période.
Sur quels fondements ce mythe de la terre promise a été construit dans la seconde moitié du XIXème siècle et à quel point ce mythe était-il proche de la réalité ?
Nous verrons tout d'abord que la terre américaine a incarné l'espoir et la liberté entre 1848 et 1921 à travers l'immigration massive de cette période ainsi que par la conquête de l'Ouest.
Nous nous pencherons par la suite sur la face cachée du mythe et sur l'échec relatif du rêve américain de la terre promise.
[...] Les Etats-Unis incarnent ainsi pour partie la terre promise parce qu'elle a été dans la deuxième moitié du XIX° siècle le refuge privilégié des pauvres et des opprimés européens. b. L'attrait du nouveau monde comme terre d'avenir Toutefois cette immigration ne prend pas uniquement ses racines dans la situation du pays d'origine : les Etats-Unis constituent par eux-mêmes un pôle d'attraction fort pour les migrants par les espoirs de réussite en Amérique du Nord que nourrit l'imaginaire collectif. Le mythe du pays de cocagne est nourri pour partie de la fabuleuse expansion économique que connaissent les Etats-Unis et des nombreux débouchés qui y sont offerts avec la construction de chemin de fer, de canaux, la mise en valeur des terres et le besoin des usines en main-d'œuvre. [...]
[...] En 1912, l'est touche l'ouest et l'Union comporte 44 Etats, contre 13 lors de la guerre d'indépendance. L'expansion démographique par laquelle la population du pays passe de 31 millions en 1860 à 76 millions en 1900 est essentiellement due à une accélération massive de l'immigration à partir de la découverte de l'or en 1848. L'immigration connaîtra un ralentissement après guerre, notamment avec la loi des quotas restreignant l'immigration en 1921, date qui clôt notre période. Sur quels fondements, ce mythe de la terre promise a été construit dans la seconde moitié du XIX° siècle et à quel point ce mythe était-il proche de la réalité ? [...]
[...] Les Etats-Unis seront également une terre d'accueil et de liberté pour les réfugiés politiques qui fuient l'oppression en Europe. La population allemande en Amérique du Nord va ainsi doubler entre après 1848 et les immigrants polonais ont également fuient massivement la répression Russe après le soulèvement en 1863 ou la politique anti-polonaise de Bismarck dans les années 1870-80. Les persécutions religieuses sont également à l'origine d'émigration vers la terre promise. Les immigrants religieux les plus nombreux seront ainsi les 3 millions de juifs russes qui fuient la législation antisémite imposée en 1881 et la multiplication des pogroms sanglants. [...]
[...] Toutefois les Etats-Unis n'attirent pas seulement par l'image de prospérité qu'ils dégagent mais aussi par le symbole de liberté qu'ils véhiculent. L'acte d'indépendance de l'Amérique du Nord vis-à-vis de l'Angleterre est également une rupture morale avec les principes entretenus par la vielle Europe, telle que l'atteste la déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776 qui stipule "que tous les hommes naissent égaux, que leur créateur les a dotés de certains droits inaliénables, parmi lesquels la vie, la liberté et la poursuite du bonheur." Les immigrants forment ainsi bien souvent des communautés de même nationalité, et parfois même de même régions ou de même village, ou chacune "vit à leur façon le rêve américain" selon Nancy Green. [...]
[...] L'attitude de fermeture vis-à-vis de "l'autre" et la défense d'une "américanité originelle" va peu à peu se généraliser à la fin du siècle face au ralentissement du développement économique, la saturation des usines et de la frontière. On va tenter de distinguer de plus en plus les "véritables Américains" qui ont contribué à exploiter et à civiliser la "terre promise" et les nouveaux immigrants qui ne font que "profiter" d'un système déjà mis en place. On assiste ainsi à la naissance d'un nationalisme américain qui échappe à ses propres contradictions en instituant une différenciation entre les colons originels et les immigrés, oblitérant ainsi toute référence aux origine "étrangères" des colons. [...]
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