Le projet de guerre contre la pauvreté devait devenir la pièce maîtresse de la politique intérieure de Johnson. Or, si les intentions qui sous-tendaient cette initiative étaient louables, elles n'ont néanmoins pas porté leurs fruits. Il s'agit donc de voir en quoi les mesures au caractère plus ou moins novateur mises en place par l'administration Johnson n'ont pas suffi à faire de l'épisode de la "guerre contre la pauvreté" une expérience véritablement convaincante. Nous verrons tout d'abord en quoi ce projet est, par certains aspects, à la fois original et ambitieux pour expliciter ensuite les réussites dans sa mise en œuvre. Nous montrerons enfin que cette entreprise comprenait des incohérences qui se sont heurtées à la guerre du Vietnam
[...] Or, l'application des programmes libéraux supposait une croissance constante, afin de permettre un gain pour tous, sans pertes pour personne. Devant cette situation économique détériorée, les classes moyennes manifestent leur refus de financer à elles seules des programmes de lutte contre la pauvreté. De plus, même si la croissance s'était maintenue, ces programmes n'auraient probablement pas aidé les plus pauvres. Si on considère le taux de pauvreté par rapport à un seuil de revenu fixe, la pauvreté aux Etats-Unis a reculé de 1960 à 1970 de 22% à 12%. [...]
[...] En effet, alors que les Etats-Unis connaissent une forte croissance économique, la pauvreté existe toujours. De 1960 à 1969, le PNB croît de par an en moyenne tandis que le salaire moyen augmente de 40%. Dans ces conditions, une pauvreté de plus en plus relayée par les médias (documentaires par exemple) devient insupportable. Cette pauvreté au milieu de l'abondance fait également l'objet d'études sociologiques qui établissent quatre critères de pauvreté : le critère démographique (les personnes âgées et les familles monoparentales sont vivement affectées par les problèmes économiques), le critère professionnel (les moins qualifiés sont les premiers touchés), le critère géographique (le sud souffre beaucoup) et le critère ethnique (puisque, si dans l'absolu il y a plus de blancs pauvres, la probabilité pour les minorités d'être pauvre est plus forte que pour les blancs). [...]
[...] Néanmoins, le rôle du gouvernement dans la lutte contre la pauvreté est définitivement transformé : Nixon tient un discours très conservateur, contre l'assistance publique mais les avancées de la "Grande Société" ne seront pas toutes remises en cause. Le programme des Food Stamps est élargi, la Sécurité sociale est indexée sur le coût de la vie et des emplois d'intérêt public sont proposés aux chômeurs. La véritable remise en question viendra finalement 30 ans plus tard en 1996 avec la réforme du Welfare sous la présidence Clinton. [...]
[...] Conclusion La "guerre contre la pauvreté" devait justifier l'interventionnisme et devenir le point d'orgue de la présidence Johnson. En effet, dans un premier temps, le projet semble pouvoir aboutir car il est prioritaire et de grande ampleur. L'absence de véritable plan d'action et la concurrence de la guerre du Vietnam vont néanmoins faire échouer les programmes de lutte contre la pauvreté, c'est l'impossibilité de mener deux "guerres" en même temps. Cet échec engendre des frustrations en particulier au sein de la population noire, une des principales cibles de la guerre contre la pauvreté, qui devait non seulement améliorer leurs conditions de vie mais aussi mettre un terme définitif à la ségrégation et à la discrimination. [...]
[...] Les Etats-Unis dans les années soixante : 1961-1974. La guerre contre la pauvreté et ses apories Introduction Le 22 novembre 1963, Lyndon Baines Johnson succède à John Fitzgerald Kennedy à la présidence des Etats-Unis. Après s'être posé en continuateur de la politique du président assassiné, Johnson est réélu en 1964, en tant que président cette fois. Il donne la priorité à la politique intérieure et en définit les objectifs dans un discours devant l'Université de Michigan le 22 mai 1964. [...]
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