Depuis leur indépendance politique, les Etats-Unis ont progressivement fondé leur puissance sur leur indépendance économique, technique, financière et diplomatique. Pourtant, les Etats-Unis, qui sont aujourd'hui la seule hyper puissance mondiale, apparaissent de plus en plus dépendants vis-à-vis de l'extérieur. On peut donc se demander si l'indépendance est une condition nécessaire voire suffisante à la puissance indéniable des Etats-Unis, c'est-à-dire si la dépendance est vraiment synonyme de déclin.
[...] De plus, la puissance américaine est monétaire. Au cœur du système de Bretton Woods qui fixe la convertibilité du dollar, as good as gold, à une parité fixe l'once), les Etats-Unis sont néanmoins dépendants de leurs partenaires qui doivent jouer sur les marchés des changes en dévaluant leur monnaies ou en achetant des dollars, comme lors du pool de l'or. Certes, les Etats-Unis possèdent les 2/3 du stock d'or mondial, certes ils sont exportateurs nets de capitaux et d'Investissements Directs à l'Etranger, certes ils organisent le système monétaire international, mais ils sont dépendants des marchés et de la bonne volonté de leurs partenaires, notamment de l'Europe Occidentale. [...]
[...] Pourtant, les Etats-Unis, qui assurent leurs responsabilités aussi bien diplomatiques que militaires de première puissance, sont amenés à devenir de plus en plus dépendants d'un point de vue économique et financier. A partir des années 70 et jusqu'à nos jours, les Etats-Unis demeurent la première puissance mondiale incontestée mais sont de plus en plus dépendants. Même si leur puissance monétaire et financière reste remarquable, les Etats-Unis sont de plus en plus dépendants de l'épargne étrangère, notamment japonaise, pour financer leur double déficit. [...]
[...] C'est en ce sens que la dépendance n'est pas réellement facteur de déclin pour les Etats-Unis car ils dépendent d'un monde qu'ils ont construit ou plutôt reconstruit suivant leur modèle. Le déficit commercial record est donc à relativiser dans la mesure où il est dû en partie à l'importation de produits fabriqués par des multinationales américaines et que les Etats-Unis ont le privilège de s'endetter en dollars, qui est de fait la première monnaie internationale. Tant que les Etats-Unis dépendront d'un monde qui dépend des Etats-Unis, ils resteront la première puissance mondiale. [...]
[...] Le dollar fort attire les capitaux étrangers mais les Etats- Unis deviennent importateurs nets de capitaux et dépendants de l'épargne étrangère. La guerre du Golfe a été ainsi financée en grande partie par des crédits étrangers. La puissance économique, même si elle demeure dominante, est remise en cause. Les chocs pétroliers ont accentué la dépendance énergétique des Etats-Unis qui cherchent à sécuriser leur approvisionnement au Moyen- Orient, d'un point de vue économique avec les majors, mais aussi politique avec la guerre du Golfe. [...]
[...] Pourtant, les Etats-Unis, qui sont aujourd'hui la seule hyper puissance mondiale, apparaissent de plus en plus dépendants vis-à-vis de l'extérieur. On peut donc se demander si l'indépendance est une condition nécessaire voire suffisante à la puissance indéniable des Etats-Unis, c'est- à-dire si la dépendance est vraiment synonyme de déclin. On verra d'abord que les héritages de la puissance américaine sont fondés sur son indépendance; puis qu'à partir de 1945 la première puissance mondiale se lie au monde pour assurer son indépendance; enfin, que depuis les années 70, la puissance américaine est de plus en plus dépendante. [...]
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