Dans son autobiographie parue en 2006, En épluchant les oignons, l'homme de lettres allemand Gunther Grass a dévoilé les aspects les plus sombres et les plus méconnus de son passé : il s'était engagé en 1944 (à l'âge de 17 ans) dans la SS. Ces révélations, survenues après 60 ans de silence, ont plongé l'Allemagne dans une sorte de crise morale. Pourtant, Grass était considéré comme un écrivain exemplaire et incarnait pour beaucoup la conscience de la gauche allemande. Il a d'ailleurs critiqué le nazisme de façon farouche tout au long de son œuvre, à commencer par son roman Le Tambour, paru en 1961. Faut-il déduire de la compromission d'un tel homme la responsabilité globale de la population allemande dans l'avènement de l'État nazi et les exactions qui en découlèrent ? L'adhésion de la société allemande au projet totalitaire de l'État hitlérien a-t-elle été aussi pleine, aussi inconditionnelle que le suggèrent certains historiens ? Comment Hitler s'est-il emparé du pouvoir et s'y est-il maintenu, comment a-t-il pu obtenir l'assentiment populaire nécessaire à l'établissement d'un régime de terreur ?
[...] Ils furent le plus souvent envoyés en prison ou en établissements de rééducation. Les femmes tinrent également une place importante dans la résistance soit en offrant à un soutien psychologique à leurs maris, fils ou frères résistants soit en participant directement aux activités de résistance d'un réseau notamment dans l'Orchestre Rouge. Les arrestations de femmes se multipliant, Himmler décida de créer un camp spécialement pour elles le 15 mai 1939 à Ravensbrück. Dans d'autres camps, des blocs étaient réservés aux femmes comme à Auschwitz-Birkenau ou à Bergen Belsen. [...]
[...] Cette méritocratie nazie s'accompagnait d'une politique sociale. La durée congés payés fut augmentée, et la KdF (la Force par la Joie), l'agence de voyages du DAF donnait aux ouvriers la possibilité de passer des vacances à la montagne, organisait de nombreux spectacles itinérants destinés aux populations ouvrières comme rurales. Ces spectacles étaient bien sûr un prétexte pour enrégimenter les pans de la société qui s'étaient sentis rejetés par l'art moderne de Weimar. La multiplication des organisations du parti permit à l'Etat de récupérer par un moyen ou un autre les individus qui restaient encore en dehors de la communauté nationale Les jeunesses hitlériennes (la participation des jeunes à cette organisation était massive bien qu'elle ne fût pas rendue formellement obligatoire avant 1939) étaient un puissant vecteur d'enrégimentement. [...]
[...] Avec le Sozialistische Aktion, le Cercle de Kreisau manifesta pour la première fois la volonté d'un large mouvement populaire unissant sociaux-démocrates et communistes contre le régime nazi. En préconisant une coopération sincère avec tous les peuples d'Europe, le Cercle de Kreisau avait tenté de jeter les bases de l'Allemagne de demain. Ce n'est que tardivement et indirectement qu'ils avaient participé à l'attentat du 20 juillet 1944 Cependant tandis que l'opposition de petits groupes s'intensifiait en 1942-1943, le régime nazi renforça la terreur et la répression politique. [...]
[...] Entre 1935 et 1938, écrit Norbert Frei, le potentiel d'intégration du mythe du Führer prit des proportions fantastiques. L'Allemagne tout entière emboîta le pas à Hitler Celui- ci, semblait-il, menait le redressement national au pas de charge, il redonnait sa fierté à l'Allemagne en la lavant de l'opprobre des traités . le nationalisme germanique se pourléchait de cette politique de puissance qui rendait au Reich son rang parmi les pays qui comptaient Goebbels eut même l'audace de dépeindre Hitler comme l'héritier spirituel d'Arminius (un guerrier germain qui battit les légions romaines en l'an et qui deviendrait un héros national allemand au XIXe siècle): il avait la force de s'opposer aux invasions étrangères et de venger les humiliations que l'on avait fait subir à la nation. [...]
[...] Le 2 mai 1933, les syndicats sont abolis et remplacés par le Front du travail allemand, le DAF. Nous avons vu que, pendant la première année qu'ils ont passée au pouvoir, les nazis se sont attachés à détruire toutes les structures politiques et sociales, afin de rassembler les Allemands au sein des organisations du NSDAP. Cela traduisait la volonté de contrôler la population dans tous les aspects, mais aussi celle de supprimer les divisions politiques, les antagonismes de classe qui empêchaient la formation d'une communauté nationale puissante et unie. [...]
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