Du haut de ses cent soixante dix-sept ans, la Belgique a franchi les étapes d'un Etat-nation : conquête de l'indépendance, unification politique et économique, avec le suffrage universel de 1893 et l'industrialisation poussée, épreuves patriotiques de 1914-1918 et 1939-1945, et enfin rénovation administrative, avec le fédéralisme de 1993.
Pourtant, d'après l'actualité politique, la Belgique semble menacée d'implosion. C'est que, pour l'Etat belge, se pose avec force la question de la nation. Le cas belge est l'illustration d'une question : un Etat suffit-il à faire une nation, en faisant cohabiter dans la durée des populations diverses ?
[...] Etat et nation étant liés, la déconstruction de la nation va s'accompagner d'une déconstruction de l'Etat, après 1914. II- La déconstruction de l'Etat-nation belge (1914 à nos jours) : un Etat divisé, des nations distinctes ? Une scission de la nation, entre Flamands et Wallons, affectant l'Etat ? Après 1914, le pays entame une évolution nouvelle : la nation, une, se dédouble ; l'Etat, unitaire, se divise. Cette double déconstruction résulte d'un affaiblissement du sentiment national au Nord, où les partis séparatistes séduisent nombre de Flamands. [...]
[...] Une nation belge qui perdure néanmoins, à travers l'Etat et l'histoire ? La nation unitaire belge a perdu une part d'existence, de même que l'Etat unitaire s'est divisé. Pourtant, selon la définition de la nation du sociologue K. Deutsch l'adhésion d'un peuple réside dans sa capacité à communiquer de manière plus effective avec ses membres qu'avec les extérieurs, du fait de connexions historiques il existe encore une nation belge. Même affaiblie, elle survivra tant que le peuple n'aura pas, par une majorité dans les urnes, prononcé la scission complète de l'Etat. [...]
[...] L'Etat, matrice de la nation ? Si des éléments communs aux Belges préexistaient, constituant un terreau favorable, le facteur déterminant fut l'Etat, matrice de la nation, à l'instar de la France. C'est la formation classique de la nation sous l'Ancien Régime, autour de la fidélité au prince. La nation belge unie s'est affirmée en partie par un Etat fort qui, voulant cristalliser le sentiment national, a pris une forme unitaire (conformément à la Constitution de 1831) et promu l'usage du français. [...]
[...] Son origine est d'abord diplomatique : la conférence de Londres règle la création et le sort de la nouvelle monarchie parlementaire, qui offre l'exemple d'un Etat-nation. Nation et Etat, solides, coïncident. Cette double solidité se renforcera encore, jusqu'en 1914. Pourtant, la création de l'Etat belge ne constitue pas la naissance d'une nation : les Belges existaient avant la Belgique et, s'ils se dressent contre les Hollandais, c'est bien parce qu'ils ont déjà une conscience nationale. La nouveauté, ce n'est pas la nation, mais la forme nouvelle d'Etat qu'elle prend. [...]
[...] Bibliographie - BITSCH M.-T., Histoire de la Belgique de l'Antiquité à nos jours, éd. Complexe, Bruxelles - DIECKHOFF A., Belgique : la force de la désunion, éd. Complexe, Bruxelles - STENGERS J., La déconstruction de l'Etat-nation : le cas belge, Vingtième Siècle, Paris 50, p.36-54 Jules César, Commentaires, De Bello Gallico, vers 52-51 avant JC : horum omnium fortissimi sunt Belgae Baron de Reiffenberg, Souvenirs d'un pèlerinage en l'honneur de Schiller, Bruxelles p.203 Lou de Clercq, De Standaard juillet 1994 Karl Deutsch, Nationalism and Social Communication. [...]
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