Etat et économie pendant la Première Guerre mondiale (France-Allemagne)

Résumé du document

L'entrée en guerre en 1914 marque le début d'un nouveau conflit qui voit s'affronter directement la France et l'Allemagne mais à la différence de 1870 les belligérants ne sont pas seuls et entraînent la majeure partie du monde derrière eux. La première guerre mondiale est un conflit où l'économie va jouer un rôle prépondérant ; en effet, les principales puissances financières vont s'affronter et aussi drainer la production de tous les pays neutres ouverts au commerce ainsi que puiser largement dans les forces de leurs empires coloniaux. La France et l'Allemagne ont deux systèmes politiques différents. La France est sous le régime parlementaire de la IIIème République dans lequel le pouvoir est largement détenu par le Parlement composé de 900 parlementaires (600 députés et 300 sénateurs) et où l'exécutif lui est assujetti. L'Allemagne en revanche est sous le régime impérial de Guillaume II ; mais l'opposition est aussi présente sur le plan économique. En effet, la puissance industrielle de l'Allemagne est écrasante notamment dans le domaine de la métallurgie et de la sidérurgie. Ainsi à la veille de la guerre émane de l'Allemagne 15,7% de la production de produits manufacturés contre 6,4% pour la France. L'originalité française tient au poids encore conséquent du monde agricole même si les dernières années du XIXème siècle voient se développer de grandes zones industrielles dans le nord-est notamment.
La période de la guerre est aussi celle d'une première expérimentation ; en effet, alors que jusqu'à présent la sphère politique intervenait peu dans le domaine économique et encore plus en Allemagne où le poids des industriels est plus grand qu'en France comme on le verra plus avant, le contexte exceptionnel de la guerre va nécessiter une intervention de l'Etat et voir l'économie traditionnelle se tourner vers ce qu'on a appelé une économie de guerre.
Si la sphère économique tient un rôle central dans la première guerre mondiale, les états pas plus que les économies ne sont préparés à supporter les incidences de la guerre et les nouveaux modèles économiques vont devoir s'inventer dans l'urgence et par étapes, on peut alors se demander comment l'Etat va peu à peu occuper une place dominante dans le jeu économique et quels mécanismes vont être utilisés pour passer à une économie tournée vers l'effort de guerre.
Une fois l'idée d'une guerre éclair passée, l'Etat se trouve confronté à des premiers problèmes liés au ravitaillement des populations et aux problèmes de production et de pénurie de main d'œuvres. Cependant, le secteur industriel reste le nœud de l'économie de guerre et on verra comment les industriels jouent un rôle important à côté de l'Etat. Enfin, on verra comment cette réorganisation inédite de l'économie a une influence sur la sphère financière et quelles sont ses conséquences.

Extraits

[...] Dans ce domaine du ravitaillement, les dirigeants allemands ne prennent des mesures que très tardivement malgré des demandes répétées des militaires en faveur de la constitution de réserves qui échouent face aux pressions des grands agrariens. Ainsi, c'est seulement en août qu'est créée une Société centrale d'achats Zentraleinkaufsgesellschaft qui doit développer les approvisionnements alimentaires auprès des pays neutres. Cependant, avec le blocus qu'on a évoqué plus haut ces arrivages vont diminuer peu à peu. Cela dit, c'est sans doute dans le domaine agricole que l'intervention de l'État est la plus importante en Allemagne : le gouvernement se doit de nourrir les populations civiles et militaires dont il exige un sacrifice énorme. [...]

[...] La mobilisation générale et la désorganisation des structures de production En France comme en Allemagne, l'entrée en guerre ampute le marché du travail de sa force vive, de ses travailleurs. Après un premier temps de suspens de la production, l'État doit faire face à cette pénurie d'un nouveau genre et va s'adapter d'une manière similaire en France et en Allemagne en recrutant une nouvelle main-d'œuvre constituée de femmes, de jeunes, de vieillards, mais aussi des indigènes des colonies dans le cas de la France qui disposait d'un empire colonial puissant. [...]

[...] En outre, les réserves d'or de la Reichsbank sont portées à milliards en juillet 1914. Cependant, il convient de ne pas oublier la comparaison avec la France ; la Banque de France disposait ainsi de l'équivalent de 3,354 milliards de marks. Ainsi, si l'Allemagne semble avoir la supériorité dans le domaine industriel face à la France ses réserves monétaires sont plus basses. La réserve d'or de la Reichsbank s'accroît malgré tout fortement dans les premiers mois de la guerre grâce notamment à la population allemande qui porte volontairement son or. [...]

[...] Ainsi à la veille de la guerre émane de l'Allemagne 15,7% de la production de produits manufacturés contre pour la France. L'originalité française tient au poids encore conséquent du monde agricole même si les dernières années du XIXe siècle voient se développer de grandes zones industrielles dans le nord-est notamment. La période de la guerre est aussi celle d'une première expérimentation ; en effet, alors que jusqu'à présent la sphère politique intervenait peu dans le domaine économique et encore plus en Allemagne où le poids des industriels est plus grand qu'en France comme on le verra plus avant, le contexte exceptionnel de la guerre va nécessiter une intervention de l'État et voir l'économie traditionnelle se tourner vers ce qu'on a appelé une économie de guerre. [...]

[...] Cependant, ce financement de la guerre va être la cause principale de l'inflation, de la hausse des prix et de l'endettement des États. Le financement de la guerre Rapidement la question du financement de l'économie de guerre va se poser. Les reconversions industrielles sont coûteuses et les industriels ne peuvent en supporter seuls les charges, et afin de donner une impulsion aux productions de guerre qui demeurent vitales, l'État répond par l'ouverture de crédits à long terme pour permettre aux industriels de s'outiller pour le conflit. [...]