Le 28 novembre 1936, lors d'une conférence à la Société Française de Philosophie politique, Elie Halévy rapproche déjà les « tyrannies » italienne et allemande, expliquant que « leur origine, leur forme et leur histoire contribuent à réduire leur écart idéologique » . Depuis, la comparaison entre le fascisme italien et le nazisme allemand a été fréquente. En effet, il semble cohérent d'inscrire les régimes de Mussolini et d'Hitler dans une même famille politique du fait de leurs destins historiques similaires : conjonctures de naissance, voies d'accession au pouvoir, alliances, catastrophe finale… On présente d'ailleurs parfois le nazisme comme une forme de fascisme. Pourtant, la fusion des deux régimes au sein d'un même ensemble totalitaire ne fait pas l'unanimité. Il semble alors intéressant de se demander s'il est possible de comparer le fascisme italien et le nazisme allemand. Or, comparer n'est pas identifier ; c'est faire ressortir aussi bien les points de convergence que les différences. Nous montrerons ainsi que si des structures politiques analogues donnent assise au fascisme et au nazisme, les projets idéologiques et sociétaux des deux régimes sont cependant distincts.
[...] Tout d'abord, le dualisme parti-Etat est une caractéristique du nazisme et du fascisme. Le parti et l'Etat sont des instruments au service du chef charismatique. Mais, après avoir été institutionnalisés, le NSDAP et le Parti national fasciste sont restés indépendants en préservant leur identité propre. Ensuite, la mystique du chef témoigne de la centralité d'Hitler ou de Mussolini dans leurs régimes. Leur autorité et leur autonomie résultent d'une légitimité doctrinale et d'une position stratégique de médiateur entre le peuple, le parti et les élites anciennes. [...]
[...] Est-il pertinent de comparer le fascisme italien et le nazisme allemand? Le 28 novembre 1936, lors d'une conférence à la Société Française de Philosophie politique, Elie Halévy rapproche déjà les tyrannies italienne et allemande, expliquant que leur origine, leur forme et leur histoire contribuent à réduire leur écart idéologique Depuis, la comparaison entre le fascisme italien et le nazisme allemand a été fréquente. En effet, il semble cohérent d'inscrire les régimes de Mussolini et d'Hitler dans une même famille politique du fait de leurs destins historiques similaires : conjonctures de naissance, voies d'accession au pouvoir, alliances, catastrophe finale On présente d'ailleurs parfois le nazisme comme une forme de fascisme. [...]
[...] On comprend alors que le régime de Mussolini ait souvent été désigné par les historiens comme un totalitarisme inachevé Ainsi, comparer le fascisme italien et le nazisme allemand semble pertinent, dans la mesure où les deux régimes comportent des similitudes et des différences. En effet, comparer ne revient pas à mettre un signe égal, mais bien à identifier les analogies et les divergences. Toutefois, on peut aujourd'hui s'interroger sur la pertinence et la légitimité d'une telle comparaison. C'est ce que fait Jacques Julliard quand il explique que la comparaison entre les totalitarismes est moralement licite et historiquement utile sous certaines conditions[5]. [...]
[...] Il existe d'abord des différences superficielles entre nazisme et fascisme. Elles concernent la politique économique, avec une plus grande importance accordée au secteur public en Allemagne qu'en Italie, ainsi que la politique culturelle, plus ouverte dans le régime italien. Elles se constatent également dans le rapport avec la religion : à un nazisme mystique et marqué par des mythologies anti-chrétiennes s'oppose nettement un fascisme laïc et anticlérical. On peut ensuite relever deux différences plus profondes entre les deux régimes, l'une concernant la nature de l'idéologie et l'autre le projet de transformation de la société. [...]
[...] Il apparaît ainsi que les similitudes des structures politiques fasciste et nazie sont multiples. Toutefois, à l'inverse de Richar Bessel et de Robert Paxton, des historiens tels que Renzo De Felice ou Karl Dietrich estiment que fascisme et nazisme sont tellement différents que leur spécificité doit servir de point de départ à toute étude. Il semble alors important de souligner les différences entre les projets idéologiques et sociétaux des deux régimes. II- Les projets idéologiques et sociétaux des deux régimes sont cependant distincts Selon, François Furet, le régime de Mussolini n'atteint jamais cette espèce de contrôle absolu de la société par le parti-Etat De même, Raymond Aron écrit en 1979 que Le régime de Mussolini ne fut jamais totalitaire : les universités, les intellectuels ne furent pas mis au pas, même si leur liberté d'expression fut restreinte. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture