A partir de la première révolution industrielle (charbon, fer, acier, textile) qui débute en Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle et se poursuit sur le continent au début du XIXe siècle, les sociétés européennes connaissent des bouleversements sociaux et économiques fondamentaux. Après la révolution démocratique et politique issue notamment de la Révolution française et américaine, l'Occident entre dans une nouvelle ère de son histoire, celle des Etats-nations sur le plan politique. Sur le plan philosophique, une révolution philosophique se produit également dès le XVIe siècle : c'est l'émergence de l'individu comme sujet comme être autonome. Sur cette toile de fond, la Révolution française vient enraciner et continuer, traduire et accentuer les bouleversements sociaux. On entre alors dans la modernité occidentale, caractérisée notamment par trois processus clefs : individualisation, rationalisation, sécularisation.
[...] Dès lors, c'est l'émergence du marché autorégulateur, c'est-à-dire qu'il arbitre, oriente, dirige la société, qu'il devient autonome, indépendant des relations sociales et communautaires. Bref, l'avènement du marché autorégulateur consacre la dimension économique comme suprême, comme l'orientation et la direction de la société : l'économique se sépare du social et du politique. Séparation au sein de la famille La modernité opère une révolution au sein de la cellule familiale. Sociologiquement, la famille se caractérise en effet par la "désinstitutionnalisation" de la famille (François Dubet). Autrement dit, on observe aujourd'hui une décohabitation intergénérationnelle d'une part, et une séparation parfois violente des couples, d'autre part. [...]
[...] Séparation entre culture et nature La deuxième séparation est celle qui est faite entre la culture et la nature. Ainsi, la modernité a pour ambition la maîtrise et le contrôle de la nature par la culture scientifique, par le progrès scientifique. Comme le déclare Jean Jaurès, c'est par la science que se fera le progrès de la raison ; la science, voilà la lumière, l'autorité, la religion du XXe siècle Autrement dit, la modernité consacre la raison et la science comme source de progrès social, économique, mais aussi comme moyen de dominer la nature, de dominer le monde et au final de l'exploiter. [...]
[...] Cela étant, il faudra attendre la réforme protestante puis les philosophes des Lumières pour voir enfin opérationnelle la séparation, car entre temps, l'Eglise et le monde politique vont ensemble, à partir du Ive siècle après Jésus-Christ, s'unir pour ensemble contrôler et administrer la société (conversion de l'empereur Constantin en 313). Mais deux nouvelles révolutions vont réactiver la séparation. En premier lieu, la Réforme protestante (les 95 thèses de Luther en 1517) affirme la primauté du libre arbitre, la primauté du croyant au Livre (la Bible) face à l'autorité du Pape. En second lieu, la Révolution française va affirmer la primauté des droits et des libertés individuelles. [...]
[...] Autrement dit, dans une société post-individuelle, le rapport technologique conditionne les rapports sociaux en les ordonnant au culte de la performance. Selon le principe de Gabor, énoncé dans les années 1960, tout ce qui est techniquement faisable doit être réalisé, que cette réalisation doit être jugée bonne ou condamnable (Inventer le futur, 1964). Ainsi, une telle société repose d'abord sur des réseaux, des interfaces dans lesquels la valeur d'échange triomphe au détriment de la valeur d'usage. En conséquence, les sociétés, les sociétés post- individuelles se caractérisent non plus par un développement de l'agriculture, non plus par un développement de l'industrie, mais bien par un développement des services, lesquels vont se multiplier et être évalués sur des marchés. [...]
[...] Ce modèle repose sur l'intérêt, le prix et leur évolution sur un marché dans lequel domine la loi de l'offre et de la demande. Selon O'Hirschmann, dans son ouvrage Des passions et intérêts, l'Europe durant le Moyen Âge connaît des guerres de religion (guerre de Trente Ans entre 1618 et 1648 opposant Protestants et Catholiques) qui déchaînent les passions entre les différentes dynasties européennes. A partir du XVIIe siècle, et durant tout le XVIIIe siècle, les philosophes, les conseillers du prince vont mettre en avant une nouvelle manière de réguler le vivre ensemble Ainsi, selon ce professeur de sciences sociales à l'université de Princeton, des penseurs faisant le constat des passions religieuses qui ont détruit l'armature politique européenne proposent un nouveau modèle social : le contrat. [...]
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