« Pour faire un républicain, il faut prendre l'être humain si petit et si humble qu'il soit, un enfant, un adolescent, une jeune fille ; il faut prendre l'homme le plus inculte, le travailleur le plus accablé par l'excès de travail, et lui donner l'idée qu'il faut penser par lui-même, qu'il ne doit ni foi ni obéissance à personne, que c'est à lui de chercher la vérité, et non pas à la recevoir toute faite d'un maître, d'un directeur, d'un chef quel qu'il soit, temporel ou spirituel. » Telle est la conception d'un républicain établie par Ferdinand Buisson dans son discours au congrès du Parti radical en1903. Il suggère dans son allocution qu'à l'aube du XXe siècle et ce depuis les lois constitutionnelles républicaines de 1875, tous les français sont concernés par la République. L'esprit républicain gagnant toute la société depuis l'institution de la IIIe République, tous peuvent être ou devenir des républicains.
[...] Mais, être républicain entre 1875 et 1914, c'est plus largement s'inscrire dans un héritage, revendiquer des valeurs et une vision globale de la société Revendiquer un héritage issu de la Révolution et des Lumières Nous, les républicains [ ] le but que nous proposons, c'est l'accomplissement de la grande rénovation de 1789, inaugurée par la bourgeoisie française et abandonnée par elle avant son achèvement ; c'est le rétablissement de la paix sociale par le seul développement de la justice et de la liberté [ . ] annonce Clemenceau en 1876. En effet, les républicains s'inscrivent tout d'abord dans l'héritage de 1789, bien que la République n'ait été inventée qu'en 1792. [...]
[...] Ainsi, Jules Ferry apôtre de la laïcité de l'Etat suggérait d'organiser l'humanité sans dieu et sans roi D'une indifférence croissante vis-à-vis de la religion, les républicains entraînent la propagation d'une vague anticléricale en France qui contribuera à l'avènement de la laïcité. L'anticléricalisme consiste en une dénonciation des prétentions politiques des clercs et le refus de leur ingérence dans le domaine civil. Jusqu'à la guerre, les partis républicains de gauche s'unissent pour défendre le bien commun - la République - et lutter contre le cléricalisme. De même, Emile Combes (mai 1902- janvier 1905), ancien séminariste devenu un «monomane de l'anticléricalisme», engage une lutte acharnée contre les congrégations, refuse toutes les demandes d'autorisation, provoque des conflits, notamment en Bretagne et en Savoie. [...]
[...] Dans les faits, les progrès sociaux sont assez lents, puisqu'il faut en général deux générations pour s'élever dans la hiérarchie sociale, ce qui constitue tout de même une formidable ouverture pour l'époque. L'école républicaine participe à l'idéal d'émancipation de l'individu, d'égalité politique et de progrès social par le mérite. L'instruction permet en effet de quitter la tutelle de l'Eglise, grâce au caractère laïque de l'enseignement, mais aussi celle des notables, en particulier lors des scrutins. Elle doit aussi permettre une réelle ascension sociale dans une société méritocratique où les élèves les plus modestes mais les plus doués bénéficient de bourses pour poursuivre leurs études. [...]
[...] Ce sentiment patriotique galvaude l'idée que la France est une grande nation qui doit briller sur la scène internationale. Ferry n'hésite pas à affirmer qu'elle doit répandre [son] influence sur le monde, et porter partout où elle le peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses armes, son génie. Tous les républicains, des plus conservateurs jusqu'au socialiste Jean Jaurès, approuvent la politique coloniale impulsée par Ferry. Ils l'assimilent à une mission civilisatrice qu'aurait la France, afin de diffuser le progrès et les valeurs républicaines. [...]
[...] Par exemple, on réutilise la loi électorale de 1849 en 1871. Cependant, au-delà de ce strict minimum, d'importantes différences apparaissent parmi les soutiens à la république, en premier lieu, entre les opportunistes et les radicaux. Les opportunistes cherchent à rallier le plus possible de français et notamment, afin de pérenniser le régime, les classes moyennes, les libéraux, mais aussi les notables et les conservateurs. C'est pourquoi ils se montrent prudents et donnent une image de la République ferme dans les réalisations qu'elle considère comme essentielles, mais modérée notamment dans le domaine social. [...]
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