De la Restauration, on garde souvent l'image d'un intermède peu glorieux de l'histoire nationale, d'une période de latence intercalée entre l'éveil de 1789 et la victoire définitive des idées républicaines dans le second XIXe siècle. Quelques décennies avant le socialisme, cette période est pourtant témoin de l'essor d'un autre courant de pensée politique, promis lui aussi à un bel avenir : le libéralisme. Il n'est toutefois pas aisé, aujourd'hui que l'éventail d'interprétations et de lectures suscitées par cette notion est devenu considérable, de se représenter quelle pouvait être la portée réelle de la pensée libérale à l'époque (au-delà de la simple défense des libertés individuelles, définition au demeurant bien incertaine).
Les libéraux partent du postulat que la Révolution française a irréversiblement consacré les libertés civiles proclamées dans la DDHC, et défendent à ce titre le régime représentatif, l'égalité civile, l'indépendance du pouvoir judiciaire, etc. Ils cherchent cependant à tout prix à dissocier ce legs des épisodes sanglants de la Terreur (qui selon eux a trahi l'esprit de 1789) ou du despotisme de Napoléon durant l'Empire. Toute l'originalité, mais aussi la complexité, de la pensée libérale résultent de cette distinction fondamentale (d'une part entre les libertés des individus et les modalités du régime propre à les assurer), entre les acquis de la Révolution proprement dite et les errements de la période révolutionnaire d'autre part.
[...] L'apprentissage difficile de la conduite du pays 1. L'épreuve gouvernementale (1816-1820) : une tentative d'ouverture et d'apaisement du régime - essai de modernisation politique : collaboration ministère / Parlement - une série de lois importantes : réforme électorale (1817), armée (1818), presse (1819) - menace de scission / faiblesse des soutiens au gouvernement Même si la participation du peuple à la vie politique, via le suffrage universel, demeure exclue, l'activité des Constitutionnels au gouvernement se caractérise par un esprit de conciliation et de dialogue. [...]
[...] Ils n'émergeront à nouveau qu'en 1827 après le départ de Villèle au profit de Martignac . Les mutations de la société consacrent progressivement leurs idées et annoncent la monarchie de Juillet Cette période est en fait celle du renouvellement du personnel libéral, à une époque où ceux qui ont connu la Révolution se font de plus en plus rares (les Français ayant eu 20 ans en 1789 ne constituent plus qu' 1/9 de la population) et où une nouvelle génération s'impose Un réseau de presse actif Ce renouveau s'illustre avant tout par la profusion de publications favorables aux idées libérales qui font leur apparition aux alentours de 1825. [...]
[...] Qu'est-ce qu'être libéral sous la Restauration? Introduction De la Restauration, on garde souvent l'image d'un intermède peu glorieux de l'histoire nationale, d'une période de latence intercalée entre l'éveil de 1789 et la victoire définitive des idées républicaines dans le second XIXe siècle. Quelques décennies avant le socialisme, cette période est pourtant témoin de l'essor d'un autre courant de pensée politique, promis lui aussi à un bel avenir : le libéralisme. Il n'est toutefois pas aisé, aujourd'hui que l'éventail d'interprétations et de lectures suscitées par cette notion est devenu considérable, de se représenter quelle pouvait être la portée réelle de la pensée libérale à l'époque (au-delà de la simple défense des libertés individuelles, définition au demeurant bien incertaine). [...]
[...] Un courant de gauche qui émerge, qualifié d'ultra-libéral ou d'indépendant, réduit considérablement leur marge de manœuvre. Profitant de la réforme électorale, il fait rentrer 25 députés à la Chambre en en en 1819. En dépit de la faible cohérence de leur mouvement, les accents nettement révolutionnaires de leur discours, la popularité de leurs leaders Lafayette ou Manuel inquiètent les classes moyennes et décrédibilisent le gouvernement, contraint de revenir sur ses réformes. Les soupçons de complots libéraux, réels (avec la Charbonnerie, constituée de bonapartistes, d'étudiants, de petits bourgeois ou de grands banquiers, qui cherchent à renverser de force les Bourbons) ou fantasmés, et l'assassinat du Duc de Berry en février 1820 achèvent de déconsidérer le gouvernement libéral. [...]
[...] En revanche, leur foi en l'Histoire ou en la Providence les fait rejeter toute évolution précipitée des institutions, et si elle les convertit à l'idée d'un régime représentatif tel que celui dessiné par la Charte, c'est par nécessité, nullement en vertu de la souveraineté du peuple. Deux noms sont traditionnellement évoqués pour illustrer cette sensibilité, même si un seul est passé vraiment à la postérité : il s'agit de Ballanche et de Chateaubriand. Pierre Simon Ballanche (1776-1847) dans son œuvre principale, fortement marquée par la doctrine religieuse jamais achevée, développait l'idée que le progrès de l'humanité passait nécessairement par des crises, mais que le rachat de l'homme demeurait possible. [...]
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