De 1799 à 1815, Napoléon Bonaparte est au pouvoir, et se développe alors le « bonapartisme autoritaire », reposant sur un Etat centralisé et autoritaire, qui tient cependant compte des aspirations populaires. Mais la fin de l'Empire et l'avènement de la Restauration retirent le pouvoir au bonapartisme.
Dès lors, qu'est-ce qu'être bonapartiste ? Est-ce seulement une volonté de retour sur la scène politique – qui consisterait par exemple à l'arrivée au pouvoir du prétendant bonapartiste ? Ou alors, être bonapartiste se résume-t-il au culte « passif » de Napoléon Bonaparte, tout en n'ayant aucune volonté d'action politique ?
On peut tenter de répondre à cette problématique en adoptant le plan chronologique suivant : dans une première partie, se déroulant de 1815 à 1824, on observera la subsistance du bonapartisme (suite à la fin définitive de l'Etat napoléonien) qui s'ancre dans un mouvement de libéralisme de gauche afin de combattre le mouvement ultraroyaliste, tandis que la légende napoléonienne est réprimée ; dans une seconde partie, prenant place de 1824 à 1830, on étudiera l'inactivité politique du bonapartisme, tandis que le mythe napoléonien croît de façon exponentielle ; enfin, dans une troisième et dernière partie, ayant pour cadre la période 1830 - 1850, on analysera le retour, d'abord très timide, puis massif du bonapartisme en tant que force politique, parallèlement au rôle fondamental que joue le mythe napoléonien dans la scène politique.
[...] Le bonapartisme, alors limité à un culte nostalgique de Napoléon, va retrouver des revendications politiques. III- De 1830 à 1850 : être bonapartiste, c'est soutenir le retour à un régime hérité de l'Etat napoléonien, tout en s'appuyant sur le culte de Bonaparte et le mythe qu'il suscite La tentative de résurrection politique du bonapartisme A la mort du fils de Napoléon, les bonapartistes reconnaissent comme chef un neveu de Napoléon 1er, le prince Louis-Napoléon, alors âgé de 23 ans. Le jeune homme tente de ressusciter le bonapartisme en tant que force politique. [...]
[...] Néanmoins, le courant bonapartiste est, contrairement à ce que l'on pourrait penser, loin d'être mort. Les différents événements survenus en 1815 et 1816 en témoignent : rassemblements, cris de vive l'empereur rumeurs annonçant l'arrivée prochaine de Napoléon, portraits et chansons à sa gloire Être bonapartiste se résume alors à militer en faveur du retour de Napoléon Bonaparte, et continuer à faire vivre sa légende. En plus d'avoir permis le développement du mythe napoléonien, la Révolution de 1815 (autrement dit, les Cent-Jours) ont également permis le rapprochement du bonapartisme de ce que l'on peut appeler libéralisme de gauche Le rôle politique du bonapartisme : le libéralisme de gauche contre l'ultraroyalisme A partir de 1814 (et ce, on le verra, jusqu'en 1830), il est interdit de prononcer le nom de Bonaparte. [...]
[...] L'avènement du suffrage universel exige que l'on s'adresse à la masse des illettrés. Les Bonapartistes sont parmi les premiers à le comprendre et à en tirer les conséquences : des portraits de Louis Napoléon sont répandus, des chansons sont composées à sa gloire Être bonapartiste prend alors enfin une dimension politique : cela consiste à organiser une propagande à la faveur de Louis-Napoléon, en affirmant que celui-ci est l'héritier de toutes les vertus attribuées à l'Empereur par la légende, légende qui bénéficie comme on l'a vu d'une grande popularité. [...]
[...] Il expose en effet ses conceptions politiques et sociales dans divers articles et ouvrages (Des idées napoléoniennes, Extinction du paupérisme Louis-Napoléon défend la démocratie, tout en s'éloignant du libéralisme. Le bonapartisme acquiert alors une nouvelle dimension : celle de la philanthropie et de l'humanitarisme romantique. Malheureusement, cette tentative de résurrection du bonapartisme en tant que force politique échoue car la notoriété de Louis-Napoléon reste tout à fait négligeable, ses ouvrages ne touchant qu'un public très restreint. Être bonapartiste signifie-t-il alors être condamné à une absence totale sur la scène politique ? [...]
[...] Être bonapartiste ne signifie plus alors jouer un rôle politique (qui était auparavant de combattre les ultraroyalistes). Etre bonapartiste se limite en fait à entretenir la légende napoléonienne : c'est un bonapartisme passif un culte de Napoléon Bonaparte baignant dans la nostalgie. Le courant bonapartiste, qui bénéficie d'une grande présence et influence dans l'opinion publique française, est ainsi complètement absent du combat politique ; on le voit notamment lors de la Révolution de Juillet, en 1830. L'impuissance politique : des occasions manquées Ainsi, à partir de 1824, être bonapartiste perd sa dimension politique, et le bonapartisme est dès lors totalement absent du combat politique. [...]
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