Extrait de : Victor Raul Haya De La Torre, Obras Complétas, t. I, éd. Méjia Baca, Lima, 1985, p.129-134.
Introduction:
Dans le premier quart du XX ème siècle, de nombreux pays d'Amérique latine voient apparaître une prise de conscience politique et économique au sein des classes sociales les moins privilégiées et de certains milieux intellectuels. Alors que le Mexique s'est déjà révolté contre le régime autoritaire de Porfirio Diaz, le Pérou demeure encore au début des années vingt, sous l'emprise du dictateur Augusto Leguia y Salcedo. Au fur et à mesure, les grèves ouvrières et les protestations contre la domination de Leguia s'amplifient, jusqu'en 1920, date à laquelle la Fédération des ouvriers du textile et la Fédération des étudiants du Pérou collaborent en vue de créer les « universités populaires Gonzalez Prada ». Ce premier pas vers un mouvement plus uni contre l'oppression et l'impérialisme permettra de mettre en place en 1923, le Front unique des travailleurs manuels et intellectuels, puis en 1924 l'Alliance Populaire Révolutionnaire Américaine, (APRA).
Ainsi, le passage qui nous est proposé est extrait de Obras Complétas, l'œuvre de Victor Raul Haya de la Torre, ancien président de la Fédération des Etudiants du Pérou et fondateur de l'APRA. Bien qu'écrit au Mexique, ce texte en cinq points définissant le programme de l'APRA fut publié tout d'abord en décembre 1926 dans la revue britannique « The Labour Monthly ». Son auteur naquit le 22 février 1895 à Trujillo au nord du Pérou, et fit ses études supérieures à « la Universidad Nacional Mayor de San Marcos », où il intensifia son attrait pour la politique et sa vocation de réformer socialement l'Amérique latine. Après avoir été exilé par Leguia, de la Torre fonde l'APRA le 7 mai 1924 au Mexique en tendant symboliquement à des étudiants mexicains un drapeau représentant la carte de l'Amérique latine et orné des lettres « APRA ».
Ce document révolutionnaire d'action politique écrit en 1926, a une portée didactique et définit très clairement le rôle de l'APRA, ses buts et son programme. Haya de La Torre s'adresse ainsi à l'ensemble de la population d'Amérique latine en vue de rallier un maximum de partisans à sa cause, et de pouvoir ainsi organiser une chaîne d'alliance entre les différents partis défendant une idéologie commune.
L'intérêt de ce texte réside principalement dans la nature des idéaux défendus par le parti, dans ses divers moyens d'action et dans sa dimension d'envergure pan-latino américaine. Dès lors, nous pouvons nous interroger sur le rôle de l'APRA au sein de la scène politique latino-américaine et sur la véritable portée de ce programme. En premier lieu, nous étudierons les origines de l'APRA dans le contexte socio-politique et économique des années vingt en Amérique latine, puis en second lieu nous analyserons les volontés révolutionnaires et réformatrices de ce programme ainsi que les mesures qu'il propose, et en dernier lieu nous aborderons l'APRA comme porte-parole du sentiment antiaméricain en Amérique latine.
[...] De ce fait, tout comme l'APRA, la Ligue anti-impérialiste des Amériques est un parti de réunion qui invitent les peuples opprimés par l'impérialisme américain et par l'oligarchie à s'unir à leur cause et à réagir, tel que l'énonce le secrétaire exécutif de la section vénézuélienne, Eduardo Machado, Unissons-nous tous pour renverser Gomez car c'est combattre contre le Yankee usurpateur de Panama, interventionniste au Nicaragua, colonisateur de nos républiques. L'APRA est avant tout une organisation de lutte anti-impérialiste en Amérique latine tel que l'annonce d'emblée le texte du parti, mais son ampleur panaméricaine lui confère un statut de prêcheur de la bonne parole dans l'ensemble du continent. Conclusion Suite à notre analyse nous avons pu déterminer le rôle de l'APRA, son idéologie, ses objectifs ainsi que les raisons de sa création. [...]
[...] Outre cet échec du Mexique, la nationalisation des terres semble être le seul moyen économique de combattre et de vaincre l'impérialisme yankee tel que l'affirme le titre de la dernière partie du programme. De nombreux journaux et milieux intellectuels d'Amérique latine ont développé bien avant la création de l'APRA, une véritable yankee phobie, et dénonçaient les tendances hégémoniques et colonialistes des Etats-Unis. Ainsi, le diplomate et journaliste argentin, Manuel Ugarte, considère les Etats-Unis comme «l'unique et véritable danger qui menace les républiques latino-américaines. Les principaux pays étant animés de forts sentiments d'hostilité envers les Etats, sont le Mexique, le Chili, le l'Uruguay et l'Argentine. [...]
[...] Ce document est donc l'expression d'un profond désir de changement, de redéfinition de la société latino-américaine en privilégiant la nationalisation des terres et des richesses au lieu de les transformer en capitaux américains. Par ailleurs, bien que l'impérialisme américain en Amérique latine se soit atténué, les Etats-Unis ont toujours à l'heure actuelle autant de prétentions économiques dans de nombreux pays étrangers, et semblent avoir un «droit d'ingérence exceptionnelle dans la vie politique de ces dits pays. Nous pouvons donc conclure que la portée de ce document est multiple, puisqu'il remet à la fois en question l'économie, la politique, l'idéologie et les conditions sociales du continent latino-américain, et qu'il s'inspire de courants de pensée extrêmement divers et variés, tout en étant une véritable innovation pour son époque. [...]
[...] Haya de La Torre s'adresse ainsi à l'ensemble de la population d'Amérique latine en vue de rallier un maximum de partisans à sa cause, et de pouvoir ainsi organiser une chaîne d'alliance entre les différents partis défendant une idéologie commune. L'intérêt de ce texte réside principalement dans la nature des idéaux défendus par le parti, dans ses divers moyens d'action et dans sa dimension d'envergure pan-latino américaine. Dès lors, nous pouvons nous interroger sur le rôle de l'APRA au sein de la scène politique latino-américaine et sur la véritable portée de ce programme. [...]
[...] Le parti s'est peu à peu mis en place suite à ces éléments qui ont concouru à faire prendre conscience à la population de la situation de leur pays. De ce fait, les Universités populaires Gonzalez Prada du Pérou et le Front Unique des travailleurs manuels et des intellectuels sont les vecteurs d'une volonté de lutte continentale contre l'impérialisme et l'oppression, qu'elle soit de nature externe ou interne. Peu après leur formation, la première Ligue Anti-impérialiste Panaméricaine est fondée au Mexique, et en 1925 l'Union latino- américaine à Buenos Aires voit le jour. [...]
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