L'objet de cet essai n'est pas l'origine de l'apaisement. Il s'agit de revenir sur cette question centrale, mais souvent occultée dans le débat tant la réponse allait de soi : quelle était la valeur de la politique d'apaisement suivie par le gouvernement britannique ? L'apaisement a-t-il vraiment été cette politique catastrophique et suicidaire que l'on a voulu y voir ?
Il semble que la réponse soit négative. En approfondissant la question, il nous a paru évident que, hors de tout préjugé, hors des lutte partisane, idéologique ou politique, l'apaisement n'était pas dénuée de sens, et la mauvaise réputation dont souffre encore aujourd'hui cette politique est injustifiée. Ce sera là notre fil rouge: démontrer que l'apaisement n'était pas une mauvaise politique pour l'époque.
Nous considérerons la politique de l'apaisement tant dans son application concrète avant la guerre qu'en tant qu'instrument de politique en général. Notre exposé s'articulera autour de quatre parties. Dans la première, nous aborderons la question que la définition de l'apaisement. Question complexe et fondamentale, puisque toute définition donnée influence inévitablement notre jugement. Dans la seconde, nous verrons les différents facteurs avancés dans la littérature pour expliquer la politique de l'apaisement. Nous évaluerons dans une troisième partie les options de politique étrangère qui aurait pu constituer des alternatives à l'apaisement. Enfin, nous tâcherons de comprendre pourquoi l'apaisement souffre d'une mauvaise réputation. Ce plan répond aux deux critères qui nous permettrons d'évaluer la politique de l'apaisement : son contexte, c'est-à-dire tous les facteurs qui, réunis dans cette période houleuse, ont déterminé la politique étrangère britannique d'une part, et son rapport aux autres alternatives politiques d'autre part. Nous tirerons ensuite les conclusions.
[...] L'apaisement aurait fait gagner au pays le temps nécessaire pour se préparer à la guerre, en terme de réarment et en terme d'une union nationale Moins partiaux, les travaux qui ont depuis traité de la question insistaient sur les contraintes qui auraient déterminé la politique britannique. Il fallait donc tenir compte du contexte politique, économique, social ou international pour comprendre l'apaisement. Reste que, si les causes du phénomène ont été largement débattues, le jugement négatif porté sur l'apaisement s'est imposé dans les esprits. [...]
[...] L'apaisement, en tant que théorie ou en tant qu'action politique, reste donc d'actualité, après la guerre froide certainement plus qu'avant. Mais l'apaisement doit être compris comme un instrument politique parmi d'autres, qui doit être utilisé à bon escient, et non pas d'une manière dogmatique, comme s'il s'agissait d'une fin en soi. Bibliographie Travaux Ouvrages généraux Duroselle Jean-Baptiste, Histoire des relations internationales, de 1919 à 1945, éditions Armand Colin, Paris Renouvin Pierre, Histoire des relations internationales, Hachette, Paris Monographies Adams R. [...]
[...] Il semble par ailleurs que tout jugement de l'apaisement dépende en dernier ressort d'une autre question, dont la réponse est aussi floue : la guerre était-elle évitable ? N'était-elle pas inscrite au cœur même de l'idéologie et du projet nazi ? Si on peut douter du fait qu'une autre politique eût donné des résultats plus heureux, l'apaisement avait du moins de son côté la force symbolique d'une légitimité d'ordre morale Une politique morale Les débats intenses à propos de l'apaisement ont également tourné autour des questions de moralité Gilbert a notamment écrit: “Appeasement cannot be held morally responsible for German aggression which led to the invasion of Poland and Britain's declaration of war on Germany”[32]. [...]
[...] La belle façade avait craqué devant les coups successivement portés par Hitler au système international, révélant la vraie nature des relations : une lutte pour le pouvoir dans un environnement anarchique. L'apaisement, placé au centre d'un champ de tension théorique entre libéralisme et réalisme, a cristallisé les critiques du courant réaliste. Notre représentation est marquée par la domination du second paradigme depuis la fin de la guerre L'autocritique nationale A l'issue d'une telle crise, toute société cherche à trouver une explication, à déterminer clairement ce qui ne veut pas dire véritablement un coupable responsable réel ou bouc émissaire. [...]
[...] Powell Robert, “Uncertainty, Shifting Power, and Appeasement”, in American Political Science Review, Vol numéro décembre 1996. Kennedy, op. cit. Kennedy, op. cit., p Gilbert, op. cit., p Ibid., p. IX. [...]
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