Peut-on faire l´histoire de la guerre d´Algérie ? Et comment ? Si l´on en croit Pierre Chaunu, “la guerre donne le temps fort, le vrai temps, le temps peuplé de vrais évènements: C´est lui qui accroche le reste de la durée, la durée molle des avants et des après-guerres” .
[...] Cependant, l'historien doit prendre le recul nécessaire face aux témoignages car, rappelons-le avec insistance, l'histoire et la mémoire sont deux formes de récits très différents. Là où la mémoire est par définition « subjective », l'historien doit faire preuve « d'objectivité » dépassionnée. La démarche de l'historien consiste en une enquête scientifique à partir de documents d'archives ou de témoignages, certes, mais qu'il confronte et soumet à un examen critique pour produire un récit objectif et distancié visant à rendre les évènements du passé intelligibles. [...]
[...] La place des mémoires dans l'écriture de l'histoire de la guerre d'Algérie (1954-1962) ESSAI Peut-on faire l'histoire de la guerre d'Algérie? Et comment ? Si l'on en croit Pierre Chaunu, "la guerre donne le temps fort, le vrai temps, le temps peuplé de vrais évènements: C'est lui qui accroche le reste de la durée, la durée molle des avants et des après-guerres". Aucune hésitation n'est donc permise: si faire l'Histoire, c'est faire l'histoire de la guerre, alors il est non seulement possible mais encore impératif de faire celle de la guerre d'Algérie. [...]
[...] C'est ce qu'ils ont commencé à faire près de trente ans après la fin du conflit et qu'il nous faut impérativement encourager encore, comme nous le verrons à présent. Faire l'Histoire, c'est encourager et recueillir les témoignages de la guerre : un indispensable « devoir de mémoire » à poursuivre pour renseigner la connaissance de la guerre d'Algérie. Il est heureux et nécessaire, selon nous, d'assister depuis les années 1990 au réveil des mémoires de la guerre d'Algérie. Après la confiscation ou le refoulement de 1954 aux années 1990, des témoins de tous les horizons se dressent contre le silence et l'oubli. [...]
[...] Rappelons, pour commencer, que plus d'un million et demi de jeunes Français ont fait leur service militaire en Algérie entre 1956 et 1962. Ils ont vécu la violence au premier rang. Ils y ont contribué. Ils ont vécu des expériences traumatisantes et ont souvent eu au retour un sentiment d'abandon de l'Etat puisque, sans reconnaissance officielle de la guerre, ils ne pouvaient prétendre à des allocations d'anciens combattants. Après le silence, des ouvrages de témoignages ont commencé à se diffuser dans les années 1990. [...]
[...] Autres témoins et acteurs de la guerre revendiquant également un devoir de mémoire : les harkis. Pris entre deux feux, ils peinent encore à se faire reconnaître par la France et souffrent des accusations de traitrise par les Algériens indépendantistes. Si aujourd'hui la parole des harkis se fait mieux entendre, il a fallu attendre les années 1980 pour voir les premières publications sérieuses sur le sujet. Les immigrés algériens, quant à eux, s'expriment pour faire part du racisme et « ratonnades » qu'ils ont subis pendant mais aussi des années après la fin du conflit. [...]
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