Les entrées royales : mise en scène symbolique et/ou affirmation de pouvoirs ?

Thèmes abordés

Entrées royales, monarchie, royaume, affirmation de pouvoirs, souverain, décor architectural, réalité politique, codes hiérarchiques, figure du souverain, rite politique

Résumé du document

Le modèle des entrées royales perdure depuis plus de vingt siècles, puisqu'il trouva ses origines dans la Rome antique. Le gouverneur romain ayant triomphé revenait accompagné de ses soldats et de son butin de guerre, et défilait processionnellement au sein de la ville, sous les acclamations. Mais qu'est-ce qu'une entrée royale ? D'après l'historien Pascal Lardellier, il s'agit d'un rite politique majeur consistant « pour une ville à accueillir officiellement un souverain ou un haut dignitaire, dans un décor architectural et théâtral apprêté pour l'occasion ». La célébration était pleine d'éclat, surtout en France. Si au Moyen Âge, il ne s'agit encore que d'une modeste fête, la cérémonie connait un développement considérable à la fin du XIVe siècle et voit son apogée advenir lors de la Renaissance.

Extraits

[...] », Revue belge de philologie et d'histoire, tome pp. 569-585. Lardellier Pascal, « Monuments éphémères : les entrées royales », Les cahiers de médiologie, 1999/1 (N° p. 239-245 https://unsouffledhistoires.com/2019/12/07/lentree-royale-medievale-une-fete-au-service-du-pouvoir/ Colette Beaune, Naissance de la nation France, Gallimard Blanchard Joël, « Les entrées royales ; pouvoir et représentation du pouvoir à la fin du Moyen Âge », Littérature, n° pp. 3-14. [...]

[...] La dimension christique des entrées royales Le dais est partie intégrante des entrées royales. Les Chroniques du Religieux de Saint-Denis narrent qu'à l'entrée de Charles VI à Lyon en 1389, le monarque fut reçu par quatre jeunes femmes parées portant un dais de drap d'or sous lequel fut conduit le roi. Mais ce dais, au-delà de toute la portée politique qu'il peut comprendre, puise son inspiration dans une procession religieuse : le roi entrant en ville est comparé au Christ entrant à Jérusalem. [...]

[...] LES ENTREES ROYALES : DES MISES EN SCENE ALLEGORIQUES L'accueil du souverain dans un décor architectural et théâtral Verdures, fleurs, statues, tapisseries, arcs de triomphes, jets d'eau, fontaines, recouvraient le chemin du souverain lors de la procession au sein de la ville. Le décor était mis en place spécialement pour l'occasion, le temps d'une journée. Au fil du temps, la cérémonie s'est accompagnée de tableaux vivants artistiques montés sur des échafauds, mettant en valeur la royauté au travers de motifs traditionnels (mythes, emblèmes aux inspirations bibliques et mythologiques, etc.) et occasionnels (dernière victoire du roi par exemple). L'idée était symboliquement de reconstituer le Sacre : son propre pouvoir est donc mis en scène. [...]

[...] En effet, les entrées royales permirent au travers d'une mise en scène théâtrale voire artistique de nombreuses allégories - notamment religieuses afin de valoriser la monarchie et le souverain. Durant ces entrées un certain code hiérarchique était par exemple à respecter, tant dans l'ordonnancement que dans l'appui aux mises en valeur du souverain de quelle que façon que ce soit. Toutes les couches sociales y sont réunies, profitent de ces festivités, et le souverain peut rencontrer la population administrée de sorte à incarner la monarchie en elle-même et ainsi affirmer ses pouvoirs. [...]

[...] Les entrées royales : mise en scène symbolique et/ou affirmation de pouvoirs ? INTRODUCTION Le modèle des entrées royales perdure depuis plus de vingt siècles, puisqu'il trouva ses origines dans la Rome antique. Le gouverneur romain ayant triomphé revenait accompagné de ses soldats et de son butin de guerre, et défilait processionnellement au sein de la ville, sous les acclamations. Mais qu'est-ce qu'une entrée royale ? D'après l'historien Pascal Lardellier, il s'agit d'un rite politique majeur consistant « pour une ville à accueillir officiellement un souverain ou un haut dignitaire, dans un décor architectural et théâtral apprêté pour l'occasion ». [...]