Au sortir du Second Empire, le terme République ne renvoie pas à une notion très exacte. En effet, on se souvient de la république girondine comme de la république césarienne, de la visée conservatrice de Thiers comme de la République sociale de 1848. La République n'entrera donc pas dans les moeurs sans une synthèse et un profond effort politique.
Les trois lois constitutionnelles de 1875 sont votées dans la douleur : leur adoption ne tient alors qu'à une seule voix. En effet, l'Assemblée nationale (Chambre des représentants et Sénat) est majoritairement monarchiste. Dans une de ces trois lois, par un amendement d'Henri Wallon on trouve pour la première fois une référence explicite au régime républicain: "Le président de la République est élu... ". Si elle avait bien été proclamée le 4 septembre 1870, les législatives de 1871 avaient porté une majorité monarchiste à l'Assemblée nationale. Daniel Halévy appelle ce régime "La République des ducs" dans un ouvrage éponyme, une république en droit plus qu'en fait.
Cependant, aux législatives de 1876, les républicains obtiennent pour la première fois la majorité à la Chambre des représentants. Le Sénat lui est acquis par les républicains en janvier 1879. Dès lors en position de force sur la scène parlementaire, les républicains vont s'engager dans une entreprise de profond enracinement du régime républicain.
De la majorité républicaine au Sénat au coup d'État manqué de Déroulède en 1899, par quelles étapes et épreuves se réalise l'enracinement de la République ?
[...] Au cours de cette affaire est créée en février 1898 la ligue des droits de l'Homme et du citoyen réaffirmant l'attachement du régime aux principes de 1789. Pourtant en 1881, Clemenceau et Hugo créaient déjà la Société protectrice des citoyens contre les abus, organisation similaire ; il y a donc continuité dans le régime, les principes originels ne sont pas bafoués. Enfin, l'affaire Dreyfus achève de diviser la droite monarchique : à présent, la droite se définit comme une tendance nationaliste. [...]
[...] Menacé d'être jugé pour atteinte à la sûreté de l'Etat, il décide de s'enfuir en Belgique. Sa popularité s'effondre alors rapidement, et sa condamnation par la Haute Cour passe quasiment inaperçue. Les républicains font alors voter en juillet 1889 une loi instaurant un service militaire de 3 ans, suscitant alors parmi l'électorat des velléités d'une revanche prochaine. La république a donc survécu à une crise majeure ; le sculpteur Dalou fait don à l'Etat de sa statue le triomphe de la République Mais la encore récente IIIe République va au cours de la décennie suivante souffrir de nombreux bouleversements. [...]
[...] En effet, le régime se veut idéalisé, sous l'influence notamment de la pensée de Renouvier. La république se veut l'exaltation de la science, du progrès, de la rationalité, au même moment où progresse le positivisme de Comte Vers une laïcisation de la société. Après l'école, c'est à la laïcisation du corps civil dans son entier que s'affairent les élus républicains. En 1881, on supprime le caractère confessionnel des cimetières, on rétablit le divorce par une loi de 1884, on laïcise le système hospitalier. [...]
[...] En remplacement des bustes de Napoléon III, on installe des statues de Marianne dans toutes les mairies. Processus commencé en 1877, il s'intensifie après 1879. On profite généralement du 14 juillet pour installer le buste en mairie pour réaffirmer l'approbation à tous les symboles de la République. Aussi, la très ancienne figure du coq gaulois est gardée. A la mort de Victor Hugo, fervent défenseur de la République, on profite de l'évènement pour retransformer l'Eglise Sainte-Geneviève en Panthéon en 1885. [...]
[...] Même le pape Léon XIII n'est pas farouchement opposé à la laïcisation de la France. Mais cependant, une fois les principales réformes accomplies, la IIIe république s'est vue menacée par plusieurs épisodes l'ayant après-coup confortée. Les crises du boulangisme, de Panama ou de Dreyfus sont trois des épisodes qui auraient pu, alors que le régime était encore somme toute récent, amoindrir les bases républicaines de la France. L'enracinement fut donc un processus incertain, mais progressif et réussi, si bien que la IIIe république reste encore le régime le plus durable. [...]
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