« La scène se passe en Pologne, c'est-à-dire nulle part. » Lorsqu' Alfred Jarry présente sa pièce Ubu roi aux spectateurs parisiens en décembre 1896, cette phrase fit presque autant sensation que le personnage d'Ubu lui-même. Pourtant, derrière l'art achevé de la satire qu'elle révèle, cette formule dévoile également une véritable compréhension des enjeux de la question polonaise en cette fin de XIXe siècle. La Pologne, « pays suffisamment légendaire et démembré pour être ce Nulle Part interrogatif », est en effet, de 1772 à 1918, l'objet de partages et d'occupations sous la férule des trois puissances dominantes de l'Europe centrale : l'Autriche, la Prusse et la Russie. Cette sujétion de plus d'un siècle est pourtant surprenante aux yeux du passé de la Pologne. Sous la dynastie des Piast (960-1386) et surtout des Jagellons (de 1386 à 1572), la Pologne a en effet connu un âge d'or, cumulant prospérité économique et conquêtes militaires. Mais avec la mort de Sigismond II Auguste, le dernier des Jagellons, en 1572, la Pologne est entrée dans une ère de déclin de deux siècles dont la conclusion a été le premier des trois partages de la Pologne entre la Prusse, l'Autriche et la Russie en 1772, au traité de Saint-Pétersbourg. Au début du XIXe siècle, la Pologne est donc une nation opprimée, découpée entre des puissances antagonistes mais qui reste pourtant profondément attachée à son identité nationale. Quels sont alors les symboles, les enjeux, que représente cette Pologne effacée de 1772 à la fin de la Première Guerre Mondiale ? Et comment évolue-t-elle à l'ombre des grands empires qui l'assujettissent pendant près d'un siècle et demi ?
[...] Napoléon apparaît alors comme un espoir pour recouvrer la souveraineté perdue car il se veut le propagateur des idées héritées de la révolution et notamment de la souveraineté des peuples. Des déserteurs de l'armée d'Autriche-hongrie se joignent à lui et forment les légions lors de la campagne d'Italie ; ils espèrent qu'en combattant pour Bonaparte ils luttent aussi pour la Pologne. Certains des plus grands soldats de la grande armée sont polonais comme le maréchal Poniatowski. Napoléon érige le duché de Varsovie en 1807 ; le nom Pologne n'est toutefois pas prononcé. [...]
[...] faisant de la Pologne un des intérêts majeurs du romantisme en Europe A la suite de l'insurrection de novembre, les rebelles polonais émigrèrent par milliers pour fuir la répression tsariste; parmi eux on comptait quelques unes des plus illustres figures polonaises. Pendant que la Pologne se pliait sous le poids de tous ces partages, l'apparition d'un nouveau nationalisme polonais se dessinait peu à peu. Les organisateurs de cette nouvelle tendance étaient, le prince Adam Czartoryski, le compositeur Frédéric Chopin (Le 2 novembre 1830, Chopin quitta Varsovie pour Vienne. Le 29 du même mois se déclencha l'insurrection polonaise. [...]
[...] La bataille fut particulièrement sanglante sur les territoires Polonais et n'eut pour effet qu'une libération partielle de la région. Mais l'Europe était à la veille de la guerre et avec les conflits qui s'annonçaient à l'horizon, les Polonais se divisèrent en deux principaux groupes politiques. Le groupe dirigé par Roman Dmowski soutenait la Russie car, selon lui, une victoire russe signifierait l'incorporation de tous les polonais dans l'État de Russie. Dmowski croyait qu'il était inévitable que la Russie devienne libérale, avec pour conséquence normale la montée de l'influence polonaise. [...]
[...] Heureusement, le président des Etats-Unis, Woodrow Wilson, un ami personnel du célèbre compositeur et pianiste lgnacy Padarewski, soutint fortement l'idée, avec ses fameux "14 points", de la nécessité de rétablir une Pologne indépendante ayant accès à la mer La situation était donc la suivante: la Russie prise avec ses propres problèmes, la dissolution de l'Empire Austro-hongrois et la défaite de l'Allemagne par les Alliés de l'Ouest. La Pologne reprit son indépendance le 11 novembre 1918, dernier jour de la Première Guerre mondiale. C'est surtout grâce à Pilsudski qui persuada les Allemands d'abandonner et de quitter la Pologne sans verser plus de sang. [...]
[...] Après 1867, en Galicie (division autrichienne du partage), les Polonais obtinrent une autonomie suffisante, incluant le droit de diriger leur propre gouvernement et leur système d'instruction publique polonaise. C'était dans le cadre de l'évolution générale de l'Empire autrichien à l'intérieur de l'Empire Austro-hongrois, où, en fait, la Hongrie recouvra son indépendance. Plusieurs intellectuels et artistes polonais quittèrent la France et s'installèrent en Galicie. Cracovie fut le seul endroit en Pologne divisée où la vie culturelle polonaise s'épanouissait sous tous ses aspects. [...]
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