De la répression des premiers signes de la pratique religieuse dans la noblesse, jusqu'à l'Edit de Nantes qui pacifie le Royaume, la noblesse française est pleinement mobilisée par les huit guerres successives de religion, mais aussi par la polémique spirituelle. S'il n'y a aucune raison de mettre en doute les émotions spirituelles que les nobles mettaient alors en avant, et qui entraient dans leur identité, on peut considérer tout de même que cet activisme forcené, tumultueux, et parfois chaotique (revirements de situations, d'alliances entre maisons), recoupe d'autres considérations, au moins complémentaires voire de première instance. En effet, la brèche créée par la Réforme est tout de suite investie par une population issue de la Noblesse, certes plus réceptive à la circulation des idées que d'autres couches sociales à cette époque, elle semble y trouver une occasion espérée. Nous ferons ici l'hypothèse que la Réforme créait une possibilité favorable, qu'on soit noble protestant ou catholique, d'agir pour un retour de balancier après une longue période où la Royauté avait affermi son pouvoir et les notions stables de Royaume et d'Etat continus. Mais un nouveau péril menace aussi la noblesse, celui d'une bourgeoisie s'affirmant sur des bases économiques, le modèle de richesse sur lequel la noblesse était appuyée étant appelé à l'obsolescence. La noblesse va alors, pour rappeler son pouvoir et occuper un rôle central dans cette société du 16ème siècle, utiliser ce qui est sa spécificité : mener des guerres.
[...] Comme si collectivement, la noblesse française, avait chuté en respectant le vieux code désuet de la chevalerie devenu déjà obsolète pendant les guerres de religion. [...]
[...] A la noblesse reste l'épée, elle s'en sert autant que se peut. B - Les nobles saisis dans les rapports sociaux encore issus du Moyen Age 1-Les nobles sont encore saisis par les liens de vassalité, Ils ne pourraient adopter de position neutre qu'à très grand risque, perdant la protection des grandes familles. Ainsi les traités se négocient entre grandes maisons, qui entrainent à leurs suite toute une architecture nobiliaire. A partir du moment où la guerre civile est ouverte, les maisons doivent respecter leurs liens de dépendance, en matière militaire, mais aussi de clientélisme par rapport à l'accès aux fonctions, donc d'influence -C'est pourquoi l'engagement des grandes maisons du Royaume dans le conflit entraîne toute la noblesse dans les guerres. [...]
[...] Le protestantisme sera ainsi très marqué, sociologiquement, par la noblesse, en France, elle y verra un outil politique très vite. Les premières répressions de protestants concernent, dès 1557, des milieux de la noblesse. plusieurs occasions, lors de la période, les nobles en viennent à demander explicitement une reconsidération des pouvoirs de la Couronne. Dans certains écrits protestants, mais encore plus directement, sous Henri III, dans la révolte des « malcontents », à dimension pluriconfessionnelle, et qui lève le masque religieux qui dissimulait le conflit de pouvoir entre Couronne et noblesse. [...]
[...] La Reine Mère et Charles accompliront même un tour de France de réconciliation. Mais à ces moments d'ouverture succèdent des moments très violents, dont la St Barthélémy au premier chef, qui stupéfie l'Europe. Catherine la tempérée y a joué un rôle éminent. Quant à l'option d'une succession protestante, elle est restée ouverte, jusqu'à la seconde conversion d'Henri de Navarre. La Couronne a pu s'entourer de chefs protestants comme Coligny. Aussi les choix de la noblesse seront hétérogènes et fluctuants, en fonction de leurs stratégies à l'égard d'une couronne aux humeurs changeantes et de leurs propres concurrents ou alliés. [...]
[...] Mais un nouveau péril menace aussi la noblesse, celui d'une bourgeoisie s'affirmant sur des bases économiques, le modèle de richesse sur lequel la noblesse était appuyée étant appelé à l'obsolescence. La noblesse va alors, pour rappeler son pouvoir et occuper un rôle central dans cette société du 16[ème] siècle, utiliser ce qui est sa spécificité : mener des guerres. I - Une « fenêtre » pour un rapport de forces favorable avec la monarchie A - Contrôler la couronne . 1-La noblesse, classe sociale, qui n'est cependant pas socialement homogène. [...]
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