L'affaire Dreyfus, banale affaire d'espionnage en 1894, devient l'Affaire en 1898. Elle est riche en coup de théâtre et c'est l'une des crises les plus importantes de la troisième République. Au-delà de son aspect judiciaire, elle voit s'affirmer deux conceptions opposées de l'individu et de la société. Plus que pour l'innocence de Dreyfus les différents acteurs vont se battre autour de grands principes politiques et moraux. C'est pendant l'Affaire que l'on commence à appeler "intellectuels" ces "penseurs" qui, pour la première fois interviennent collectivement dans le domaine politique.
Un intellectuel est, selon Tzevetan Torodov, "un savant ou un artiste qui se sent concerné par le bien public, par les valeurs de la société dans laquelle il vit et participe donc au débat concernant ces valeurs."
Nous allons donc étudier l'engagement des intellectuels à travers le cas de l'affaire Dreyfus. Quelle ampleur peut prendre l'engagement des intellectuels et avec quels effets sur la société?
Nous allons tout d'abord rappeler ce qu'a été l'affaire Dreyfus en la situant dans son contexte historique, nous nous pencherons ensuite sur le cas des dreyfusards puis sur celui des antidreyfusards. Nous verrons ensuite l'influence de la presse dans l'Affaire pour enfin envisager la fonction de l'intellectuel dans la société.
[...] L'engagement des intellectuels à travers le cas de l'Affaire Dreyfus L'affaire Dreyfus, banale affaire d'espionnage en 1894, devient l'Affaire en 1898. Elle est riche en coup de théâtre et c'est l'une des crises les plus importantes de la troisième République. Au-delà de son aspect judiciaire, elle voit s'affirmer deux conceptions opposées de l'individu et de la société. Plus que pour l'innocence de Dreyfus les différents acteurs vont se battre autour de grands principes politiques et moraux. C'est pendant l'Affaire que l'on commence à appeler "intellectuels" ces "penseurs" qui, pour la première fois interviennent collectivement dans le domaine politique. [...]
[...] Ceci peut, sans doute, être une raison de l'ampleur que prit l'affaire Dreyfus. Il faut, ensuite, rappeler que Dreyfus était juif. Or, l'antisémitisme était latent dans la société française. Ainsi, le procès de Dreyfus est instruit dans un climat d'antisémitisme, qui n'a cessé de s'affirmer depuis le scandale de Panama, qui s'est déroulé de 1890 à 1893, et dans lequel étaient compromis des banquiers et des hommes d'affaire juifs. De plus, parallèlement, une campagne antisémite est menée par, entre autres, Edouard Drumont, qui assimile, en 1886 dans le journal La France Juive, les juifs à des étrangers et à des puissances d'argent. [...]
[...] Zola affirme plus que jamais son engagement en faveur de Dreyfus. Ainsi il déclare le 23 février 1898 : «Dreyfus est innocent, je le jure. J'y engage ma vie, j'y engage mon honneur [ . ] se pose encore une fois en défenseur de l'honneur de la France: jour, la France me remerciera d'avoir aidé à sauver son honneur. Zola est finalement condamné à un an de prison et à 300000 francs d'amende. Il décide de se réfugier en Angleterre. [...]
[...] Zola est conscient du risque qu'il encoure pour diffamation mais il espère que son procès brisera le mur du silence et révélera au public les dessous de l'affaire Dreyfus : En portant ces accusations je n'ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1861, qui punit les délits de diffamation. Et c'est volontairement que je m'expose.». C'est donc un engagement de tout son être. Cet article aura des conséquences immenses sur Dreyfus, Zola et la France toute entière. Des émeutes éclatent. Zola et l'affaire Dreyfus deviennent l'unique sujet de conversation. Les intellectuels commencent à se faire valoir de l'autre côté. L'Affaire entre dans la vie politique. [...]
[...] La presse a joué un rôle dès le début de l'Affaire. Le 29 octobre 1894, La Libre Parole, avertie par Henry, ouvre le débat en annonçant l'arrestation de Dreyfus pour trahison. Tout au long de l'Affaire, il existera un clivage entre journaux dreyfusards et antidreyfusards. Par exemple, L'Aurore, journal républicain socialiste défendait la cause de Dreyfus, tandis que La Libre Parole ou La Croix l'accablaient. On verra des articles fuser de toute part dans ces différents journaux pendant toute l'Affaire. [...]
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