« Qu'y a-t-il de plus contraire aux règles de notre misérable justice que de damner éternellement un enfant incapable de volonté, pour un péché où il paraît avoir si peu de part (…)? » , cette question que se pose Pascal, Jacques Gélis, éminent professeur d'Histoire moderne à l'Université de Paris VIII, spécialiste de l'histoire de la naissance et ethnographe , la reprend dans son ouvrage Les enfants des limbes: mort-nés et parents dans l'Europe chrétienne.
Au XIIème siècle, on voit apparaître une nouvelle « géographie de l'au-delà » qui crée un espace ‘'réservé'' aux âmes aspirants aux rachats: le purgatoire dans lequel on retrouve aussi les âmes de ces petits défunts, nombreux à une époque aussi rude que le XVIème et le XVIIème siècle, qui n'ont pas eu le temps de recevoir l'eau du sacrement errant alors dans les limbes des enfants. C'est aussi au Moyen-âge qu'apparaît la première ''vraie'' solution à cette errance que refusent les parents: donner à tout prix le baptême à sa descendance quitte à passer la frontière entre réel et surnaturel où se situe le répit entre deux morts. Ce rite consistait en l'exposition du corps puis l'apparition de « signes de vie » assez visibles pour procéder au baptême obligatoire pour prétendre à une sépulture en terre sainte ainsi qu‘au Paradis. Les fidèles veillaient alors avec tension et espérance. Ces signes de vie étaient l'œuvre d'un Dieu miséricordieux, qui par l'intermédiaire de la Vierge ou d'un saint, sollicités eux-mêmes par des « images miraculeuses » ou des reliques, a abouti à la demande des parents éplorés.
[...] Les petits défunts sont parfois exhumés dans le but d'être exposés, on espère alors les signes de vie et de pouvoir les remettre en terre en zone bénite cette fois-ci. La douleur d'enterrer son enfant dans un lieu non sacré et d'autant plu terrible que les voisins en arrivent à insulter les parents disant par exemple à une mère qu'elle porte encore de quoi engraisser un chou Une fois que la décision est prise, un petit groupe composé la plupart du temps du père et de quelques dévotes emprunte le chemin du sanctuaire. [...]
[...] Gare à l'enfant de ceux qui oublieraient ces offrandes, car il a tout juste repris sa place dans la communauté. CHAPITRE V : LES SUPPORTS DE LA DEVOTION : RELIQUES ET IMAGES MIRACULEUSES Cette image miraculeuse de la Vierge provoque une fascination chez les fidèles, que condamne l'Église : n'est pas à la statue que doivent s'adresser les appels des croyants[ ]mais à la Vierge elle-même.» Les statues, sont trouvées (par terre ou dans les arbres) ou plutôt retrouvées par roturiers, serfs ou leurs animaux, étrangement lors des montées du paganisme et du protestantisme. [...]
[...] Les pierres autour desquelles ils se réunissaient pour le rite favorisaient une solidarité qui réglait leur différend. On voit alors bien l' imbrication de croyances anciennes et de croyances d'Église contre la volonté de l'Église qui considérait ces pratiques comme renvoyant aux âges obscurs de l'humanité Face à la naissance du mort-né, on peut distinguer trois types de réactions: celle de la famille et par extension de la société, solidaire face à un drame éminent. On distingue également la réaction comme récupération d‘âmes innocentes en perdition car non baptisées. [...]
[...] Le pèlerinage, les obstacles naturels ne sont pas un problème tant que le salut de l'enfant est en jeu. Le franchissement du seuil de l'Église avec le mort-né, constitue une étape symbolique, le corps peut dès lors changer. Pour les critères de choix du lieu, on fait appel à la proximité(l'éloignement n'excède en général pas 20 à 25km, une journée), à l'habitude et à la renommée. Au XVIIème siècle, l'influence du sanctuaire d'Ursberg s'étend progressivement sur plus d'une centaine de kilomètres. Lors de grandes périodes d'épidémie ou de guerre, leur fréquentation, toujours existante, diminue. [...]
[...] C'est également le cas pour les saints, incarnés également par les reliques. Jusqu' la fin du XVII ème siècle, le clergé voit dans les répits un moyen d'exalter la vraie foi, rassure[r] les proches, émerveille[r] les populations Il s'inscrit dans un contexte de tensions religieuses, divise les croyants et ne se trouve pas être uniquement la quête d'un salut pour l'âme d'un enfant mort-né. De plus, les signes de vies [restant] ambigus on fait appel au corps médical Si les premiers répits étaient domestiques et privés, l'Église a vite affiché sa volonté de contrôler les sacrements, d'où les pèlerinages des fidèles jusqu'aux 277 sanctuaires à répit de France. [...]
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