« Ni talons rouges, ni bonnet rouge, je suis national » a dit Napoléon aux Français en 1799. Ceux-ci - 28 millions en 1790, 30,2 millions en 1811 - semblent accepter pour un temps donné les transformations politiques, administratives ou sociales qu'il leur propose. Il s'est en effet engagé dès 1800 avec la constitution de l'An VIII dans une reconstruction de l'Etat et de la société qui, après dix années terribles de Révolution, ne pouvait que les satisfaire. Entre le coup d'État du 18 Brumaire qui achève la Révolution et Waterloo, les Français ont donc connu des temps tumultueux pendant lesquels ils virent se modifier le visage de la France et celle-ci entrer dans le XIXe siècle, tout en gardant l'héritage de la Révolution.
Du Consulat à l'Empire, les Français ont fait l'apprentissage d'un régime politique inédit : l'Empire, mélange de dictature de salut public et de monarchie, qui n'a cessé de se renforcer tout en forgeant une œuvre législative sans précédent. Comment les Français ont-ils perçu l'Empire ? Quelle a été leur relation avec ce nouveau régime, totalement inédit pour bon nombre de gens qui étaient nés sous l'Ancien Régime ?
[...] Bonaparte œuvre en effet au renforcement des garanties offertes à la propriété et à l'ordre et s'appuie sur un peuple rural de petits-bourgeois satisfaits du Code civil. Le Consulat dans la vie des Français c'est donc une dictature d'opinion destinée à asseoir la Révolution. C'est fonder l'Etat moderne sur l'expérience et la réalité : c'est-à-dire que la France est un ensemble hétérogène et composite d'individus égaux, isolés, privés du droit de s'assembler en corps et dont le gouvernement garantit l'égalité. C'est un peuple souverain duquel le gouvernement tire son autorité débarrassée du regard de Dieu. [...]
[...] C'est donc dans ces années du Concordat qu'on comprend le mieux ce qui le lie au peuple français Celui-ci forme alors une société complexe, hétérogène, où chacun cherche à préserver ses acquis (ceux de la Révolution) et adhère au Régime ou bien est passif. Jean-Pierre Jessenne utilise l'expression de passivité satisfaite pour désigner cette attitude. Ce sont les paysans qui apparaissent comme les plus satisfaits des Français vivent alors à la campagne dont 18 millions directement du travail de la terre. Dans un contexte de croissance, les années 1800-1810 sont favorables au développement de l'agriculture. De plus l'armée prélève un trop-plein de bras. [...]
[...] Il a ainsi monarchisé le suffrage universel par le filtrage des listes de notabilités ainsi que le pouvoir législatif par l'émiettement des responsabilités des assemblées. Mais pour les Français il est le symbole d'un état nouveau, comme l'est l'administration qui n'est que l'extension de son bras. Et cet Etat est fondé sur le consentement des citoyens français égaux entre eux et porteurs de l'intérêt général. Les Français forment donc une image collective, une Nation, qui lui accorde son blanc-seing, parce qu'il rétablit l'ordre et qu'il opère une réconciliation de ceux qui avaient été divisés par la Révolution. [...]
[...] Apparaît ainsi la formule de la dictature révolutionnaire fondée sur les intérêts. La campagne d'Egypte ne sert alors qu'à servir la gloire de Bonaparte. Revenu à Fréjus le 9 octobre 1799 il est acclamé et devient un héros populaire pour les Français. C'est pourquoi le 18 Brumaire a reçu d'avance la bénédiction nationale : il est le maître de ses associés, il est le peuple au milieu des notables. Le Consulat ou les noces de Bonaparte et des Français Les Français acceptent Bonaparte parce que la République continue. [...]
[...] I / Une rencontre salvatrice : La rencontre d'un homme et d'un peuple (François Furet) Du 18 Brumaire au Consulat, l'élection de Bonaparte par la Révolution française, par le peuple français Lorsqu'il est en Italie, Bonaparte apparait comme l'arbitre de la politique française : les Français apprennent à le connaître par ses communiqués de victoire dans lesquels il révèle un vrai génie de la publicité. Il acquiert ainsi un véritable pouvoir sur l'opinion publique. Il leur faut de la gloire, dit-il, les satisfactions de la vanité. Mais de la liberté ils n'y entendent rien.» Ainsi, les passions nationales des Français sont réconciliées par la philosophie de Bonaparte, annonciatrice de l'Empire : que le gouvernement satisfasse les sentiments des Français. Ce n'est donc plus la vertu qui est au premier plan comme le voulait Robespierre mais les intérêts. [...]
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